Il y a un peu moins de quinze jours, l’opérateur Orange France Télécom a démonté une antenne-relais qu’il avait pourtant fait installer quelques mois auparavant, le 8 juin 2009.
Coïncidence ou non, le démontage de cette antenne a eu lieu quelques jours avant l’audience du tribunal de grande instance de Beauvais. La commune avait entamé une procédure contre l’opérateur, jugeant cette installation illégale. Aujourd’hui, la situation semble figée.
Habitants et municipalité souhaitent que l’antenne-relais soit implantée plus loin, mais Orange France Télécom indique que l’emplacement actuel est le seul où elle puisse être aménagée.
Le nœud de l’affaire se noue donc le 8 juin 2009. À cinquante mètres des premières habitations, Orange fait installer, « en catimini » selon une majorité d’habitants, rue d’Allongne, à côté du château d’eau, une antenne qui comporte trois émetteurs, de 900 MHz, 1 800 MHz et 2 100 MHz.
Yann Rosant, qui habite une maison proche du site, aperçoit alors par hasard le chantier. « La découverte a été fortuite, témoigne-t-il. Puisque personne n’avait été prévenu de l’installation de l’antenne. »
Il demande alors des informations à l’opérateur, qui aurait refusé de lui en communiquer. La riposte ne tarde pas. Yann Rosant envoie un courrier à l’intention des habitants de la commune, où il leur révèle la situation. La population exprime très vite son hostilité à l’antenne-relais. Une pétition circule et récolte 150 signatures (la commune compte environ 220 habitations), et un « collectif pour le déplacement du relais rue d’Allongne » se constitue.
Non respect des procédures
Devant la mobilisation massive de ses administrés, Philippe Trunet, maire, décide alors lui aussi de réagir. En juillet 2009, il fait valider, par la sous-préfecture de Clermont, un arrêté municipal obligeant l’opérateur à cesser les travaux d’installation. L’antenne-relais n’a alors plus d’alimentation électrique, et ne peut donc pas émettre. Une décision d’autant plus fondée, pour l’élu, qu’Orange n’aurait respecté aucune des procédures habituelles. « L’opérateur n’a pas de document d’urbanisme, et pas de permis de construire, révèle Philippe Trunet. En plus de cela, le site se trouvant à proximité de l’église, Orange est légalement dans l’obligation de demander un accord à l’architecte des bâtiments de France. »
Il y a une quinzaine de jours, après que la commune a décidé de régler son contentieux avec l’opérateur devant le tribunal, Orange aurait contacté Philippe Trunet et lui aurait fait une proposition de conciliation étonnante. « Ils m’ont dit vouloir repartir sur de bonnes bases. Et ce qu’ils voulaient, c’était démonter l’antenne, puis se mettre en règle niveau administratif pour ensuite remonter l’antenne au même endroit » indique le maire.
L’élu a alors poursuivi son action en justice, et l’opérateur a fait démonter son antenne. Vendredi dernier, les deux parties se sont retrouvées au tribunal de grande instance de Beauvais. Mais il ne s’agissait que d’estimer et de consigner la provision qu’elles demanderont à la partie adverse en cas de victoire. Le véritable procès, lui, aura lieu prochainement.
Aujourd’hui, maire et habitants sont bien décidés à obtenir d’Orange le déplacement de l’antenne. « D’autant plus que la commune est l’une des plus vastes de France, et qu’il est possible de l’installer loin des habitations » conclu Yann Rosant.
De notre correspondant
PIERRE-EMMANUEL BOULLET