« Fainéant, cynique, extrême » : il abandonne les nanotechnologies pour vivre dans une yourte

Harassé par sa lutte contre l’aveuglement scientifique face aux nanotechnologies, Benjamin Caillard a démissionné de l’enseignement supérieur pour se régénérer au cœur de la forêt landaise. Reporterre l’a rencontré sous sa yourte, d’où il poursuit son engagement. Autrement.

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Faut-il avoir peur des nanotechnologies ?

Publié sur le monde.fr

Le 14 juillet 2013

Quand on parle des risques des nouvelles technologies, les nanotechnologies sont assurément un cas d’école. Il s’agit de la capacité de manipuler la matière à l’échelle atomique. Le préfixe nano (10-9) correspond à un milliardième d’une unité, ici le mètre. Il est désormais possible de fabriquer des nanomatériaux de façon industrielle, par exemple des nanotubes de carbone, du graphène (une couche d’atomes de carbone), des nanoparticules d’argent ou de dioxyde de titane. A cette échelle, ces matériaux possèdent des propriétés particulières. Ils sont non seulement plus légers, mais aussi plus résistants et plus réactifs. Ils sont d’ores et déjà présents dans de nombreux objets courants comme les produits cosmétiques, les pneumatiques, les ciments, les emballages alimentaires, les vêtements, etc.

Les nanoparticules posent évidemment des questions de sécurité sanitaire parce que leur taille leur permet de franchir les barrières biologiques. Le développement rapide de ce marché va conduire à une exposition humaine accrue. C’est la seule certitude que l’on ait, car pour le reste, nous faisons face à plus de questions que de réponses. Quelques études toxicologiques montrent qu’elles peuvent induire des processus pathologiques. A ce stade, c’est un signal plus qu’une preuve. En réalité, il s’agit d’un domaine où l’incertitude est maximale et c’est en cela qu’il s’agit d’un cas d’école. La mise sur le marché se fait à un rythme tel que les capacités d’évaluation des risques ne peuvent pas suivre.

La question posée est celle de concilier le développement industriel et la sécurité sanitaire. D’emblée, il faut souligner deux faits structurants. Le premier est qu’on ne dispose pas d’appareil permettant de mesurer les concentrations de nanoparticules dans l’air, les eaux, les aliments, etc. Cela signifie que l’outil normatif est inopérant. Le second est que l’interdiction de fabriquer ou de mettre sur le marché des nanomatériaux n’est pas envisageable pour deux raisons principales que sont la mondialisation des échanges des biens et l’absence d’un appareil de contrôle efficient. La France a rendu obligatoire depuis le 1er janvier 2013 pour les fabricants, distributeurs ou importateurs la déclaration des usages de substances à l’état nanoparticulaire ainsi que les quantités annuelles produites, importées et distribuées sur le territoire français. Un site dédié a été ouvert, www.r-nano.fr, pour réaliser déclaration. C’est déjà un premier pas. Comment aller plus loin ?

De nombreuses initiatives ont été prises ces dernières années pour favoriser le dialogue et la participation des citoyens aux décisions. Par exemple, le Nanoforum du Cnam en et le débat national de la Commission nationale du Débat public. Le premier s’est toujours bien déroulé, mais il concernait un cercle restreint de personnes désireuses de dialoguer plutôt que s’affronter. Le second a été plusieurs fois perturbé par des groupes protestataires pour qui le dialogue n’est qu’un prétexte, de manipuler l’opinion.

L’opinion publique sur ce sujet est indécise et cela se comprend compte tenu de la complexité du sujet. Un sondage pour La Recherche et Le Monde indiquait que si une large majorité des personnes interrogées admettent que la société ne peut pas progresser sans prendre certains risques, 59% des Français avaient le sentiment de mal comprendre les enjeux des nanotechnologies et à peu près autant déclarent ne pas avoir confiance dans les scientifiques pour dire la vérité sur les résultats et les conséquences de leurs travaux dans le domaine des nanotechnologies.

la suite de l’article est ICI

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SANTÉ PUBLIQUE Nanotechnologies : l’évaluation des risques confiée aux… multinationales

BASTA !   PAR AGNÈS ROUSSEAUX (21 MAI 2012)

Une vaste étude sur les risques sanitaires des nanotechnologies vient d’être lancée en Allemagne. Elle sera menée, entre autres, par le géant de la chimie BASF, leader dans la fabrication de « nanomatériaux »… De quoi sérieusement douter de l’impartialité des résultats.

Pourrait-on confier une étude sur les méfaits du Mediator aux laboratoires Servier ? Ou une étude sur le risque nucléaire à Areva, ou sur les cancers de l’amiante au secteur du BTP ? C’est pourtant ce que vient de proposer le gouvernement allemand. Le 15 mai, il a annoncé le lancement d’une étude sur les dangers pour la santé humaine des nanoparticules, notamment sur les effets à long terme sur les poumons. La réalisation de cette recherche a été confiée à BASF, multinationale allemande, leader mondial de la chimie, et… grand producteur de nanoparticules (et d’OGM).

BASF réalise 2 milliards d’euros de chiffre d’affaires chaque année sur la vente de produits basés sur les nanotechnologies, dans l’électronique, les additifs pour béton, les équipements médicaux, les peintures et revêtements… Comme ceux de la marque « mincor™ » utilisés dans l’industrie textile, automobile et la construction : ce revêtement de surface de nanoparticules devient, en séchant, hydrofuge, et permet que les surfaces « restent propres plus longtemps ».

Lésions de l’ADN

Menée en partenariat avec le ministère de l’Environnement et de la Sécurité nucléaire (BMU) et l’Institut de la santé et de la sécurité au travail (BAuA), cette étude doit durer quatre ans – pour un budget de 5 millions d’euros. « Il n’existe aucune autre étude comparable de cette ampleur sur les effets des nanomatériaux », a souligné Andreas Kreimeyer, responsable de la recherche chez BASF. Des recherches ont cependant déjà montré les effets des nanoparticules sur l’ADN, et leur capacité à briser la barrière hémato-encéphalique qui protège notre cerveau. Ou les effets « similaires à ceux de l’amiante » des nanotubes de carbone – matériau ultrarésistant utilisé dans l’industrie –, qui provoquent des lésions de l’ADN et la formation d’aberrations chromosomiques.

« Avec ce projet, nous allons faire une avancée majeure dans la protection de la santé et l’environnement », se réjouit la présidente du BAuA. « Les résultats rendront possible l’estimation du risque et permettront de fixer des valeurs limites. » BASF sera donc en première ligne pour fixer les valeurs limites légales, pour son activité et celle de ses concurrents ! Et que pense-t-on des nanos à BASF ? « De nombreuses solutions à des problèmes dans des domaines tels que la protection du climat, la mobilité et la médecine ne sont pas possibles sans les nanotechnologies. En tant que telles, elles sont une source majeure d’innovation, qui nous permet d’étendre notre activité sur une base rentable en offrant de nouvelles solutions pour nos clients », affirme le directeur de la recherche de BASF, sur le site de l’entreprise.

« Pour générer l’acceptation, nous devons fournir des informations sur les nanotechnologies et en discuter en termes ouverts et facilement compréhensibles (…). Nous avons besoin d’un climat favorable à l’innovation », poursuit-il. Quant à fixer des normes et valeurs limites pour la protection des travailleurs et des consommateurs : « Les décideurs politiques doivent fixer le cap et réglementer la manipulation des nanomatériaux, de telle sorte que nous ne perdions pas les énormes possibilités offertes par cette technologie », déclare ce dirigeant de l’entreprise qui devra piloter l’étude sur les risques sanitaires de cette « source majeure d’innovation ». En toute objectivité bien sûr…

Agnès Rousseaux

SOURCE : http://www.bastamag.net/article2393.html

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Nanoparticules: quels risques pour la santé ?

logo_lexpress.gif   Par José Vieira / Bioaddict.fr, publié le 02/02/2012 à 09:00, mis à jour le 03/02/2012 à 17:01

Nanoparticules: quels risques pour la santé ?

Les risques potentiels pour la santé et l’environnement des nanoparticules sont pointés du doigt par de nombreux chercheurs.

CNRS Photothèque / SEE, Johan

Plus de 1300 produits contenant des nanoparticules sont déjà commercialisés, sans savoir leurs risques pour la santé. Après avoir obtenu l’étiquetage sans OGM, un étiquetage « sans nanoparticules  » est-il possible? 

Malgré l’absence d’un véritable cadre règlementaire et juridique, lesnanotechnologies sont déjà très utilisées, à notre insu, par l’industrie. Aujourd’hui, selon le Centre d’Analyses Stratégiques qui conseille le Gouvernement, plus de 1300 produits contenant des nanoparticules sont commercialisés. 

Pourtant leurs risques potentiels pour la santé et l’environnement sont pointés du doigt par de nombreux chercheurs. Leur taille microscopique leur permet en effet de pénétrer dans notre organisme par voie respiratoire, par ingestion, et par la peau, et de perturber le programme des cellules touchées. Et il est à craindre que les nanoparticules parviennent à franchir la barrière hémato-encéphalique et atteignent les cellules du cerveau.  

Quelles en seraient les conséquences? Nous n’en savons rien. Peu d’études toxicologiques ont été menées car c’est un domaine nouveau et la complexité des nanoparticules rend très difficile la mise au point de protocoles d’études pertinents. Mais ce qui est quasiment certain c’est que nous ne parviendrons jamais à étudier les effets sur la santé de chacune des nanoparticules, car le travail serait énorme.  

Un observatoire mondial

Ainsi, comme vient de le souligner dans un rapport le Centre d’Analyses Stratégiques, « près de 50 ans seraient nécessaires uniquement pour tester la toxicité de tous les nanomatériaux actuels ». Par ailleurs le coût des études serait exhorbitant: « les tests sur seulement 2000 substances par an, pourraient coûter 10 milliards de dollars, et nécessiteraient le sacrifice d’un nombre considérable d’animaux de laboratoire chaque année pour réaliser les essais de toxicité in vivo ». 

La mise en place urgente de mesures de prévention des risques sanitaires et environnementaux des nanotechnologies, en agissant en amont et non pas en bout de chaine, apparait donc comme une nécessité. Dans ce sens le Centre d’Analyses Stratégiques préconise l’obligation de stabiliser des nanomatériaux dès leur conception, de mesurer et d’assurer la traçabilité des nanoparticules, et de maîtriser l’exposition à ces produits. Il propose également la création d’un observatoire mondial, équivalent auGIEC pour le climat, pour encadrer leur développement et analyser leurs différents impacts sanitaires. Mais ce ne sont encore que des préconisations. En attendant, de par le monde, les industriels continuent à fabriquer des nanomatériaux, et à vendre des produits qui contiennent des nanoparticules, sans obligation de le signaler… 

Vers un étiquetage « sans nanoparticules »?

Après l’amiante, la dioxine, les PCB, les pesticides, les farines animales, les phtalates, l’aluminium, les parabènes, le bisphénol A et bien d’autres produits, les nanoparticules pourraient bien être à l’origine d’une nouvelle catastrophe sanitaire. 

L’étiquetage « sans OGM« , tant attendu, vient d’être enfin adopté par le Gouvernement. A défaut de savoir quels sont les risques des nanotechnologies pour la santé, ne serait-il pas normal d’exiger aussi l’étiquetage « sans nanoparticules » pour que les consommateurs puissent identifier et éliminer, s’ils le souhaitent, les produits contenant des Organismes Atomiquement Modifiés? 

SOURCE : http://www.lexpress.fr/actualite/environnement/nanoparticules-quels-risques-pour-la-sante_1078552.html

 

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Alex TÜRK: La CNIL dénonce Big Brother / Conférence à l’AN sur LCP c’est Ahurissant!

MEDIAPART  30 Août 2010 Par Jean REX


Sur le Site Officiel LeLibrePenseur

 

  Une vidéo ahurissante du président de la CNIL, Alex TÜRK, qui alerte fermement les pouvoirs publics contre les dangers réels d’internet et  des entreprises qui détiennent les informations personnelles des internautes. Les risques de big-brotherisation sont réels et concrets : Réseaux sociaux, nanotechnologies, RFID, profilage économique… etc. Tout y passe !

Ce que l’on dénonce depuis des années en se faisant traiter de fous paranoïaques est devenu maintenant réalité mais hélas trop tard… Les déclarations sont maintenant officielles et passent sur la chaîne parlementaire mais y a-t-il seulement des oreilles pour entendre ou des cerveaux pour réfléchir ?!

 


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Nanotechnologies : « Eviter que l’histoire de l’amiante ne se répète »

BASTA !

Par Agnès Rousseaux (25 mai 2010)

En France, plusieurs milliers de salariés, dans l’industrie ou la recherche, sont exposés aux nanoparticules. Sont-ils suffisamment protégés et informés ? La médecine du travail peut-elle dépister d’éventuelles pathologies pulmonaires ou cancers liés aux nanomatériaux ? Il faut se rendre en Suisse pour le savoir : la Suva, première caisse d’assurance pour les travailleurs suisses, a publié des recommandations sur la manipulation des nanoparticules. Entretien avec le docteur Marcel Jost, chef de la division

Médecine du travail.

Plusieurs milliers de salariés français pourraient être directement concernés, en particulier dans la chimie, l’industrie automobile, la sidérurgie ou le ciment : « Selon l’état actuel des connaissances, on ne peut pas exclure que certains nanomatériaux présentent un risque pour la santé », prévient la médecine du travail suisse. Des spécialistes y étudient depuis cinq ans l’évolution des nanotechnologies et leurs possibles effets sur la santé des salariés qui les manipulent. Basta ! a interviewé en exclusivité les médecins du plus important organisme d’assurance-accidents obligatoire du pays : la Suva [1] assure près de 110.000 entreprises, soit 2 millions d’actifs en Suisse. Cette entreprise indépendante assume entre autres les tâches de médecine du travail, de prévention et de médecine des assurances. Son conseil d’administration est composé de représentants des employeurs et des salariés, ainsi que du gouvernement helvétique.

C’est le docteur Marcel Jost, Médecin-chef de la division Médecine du travail de la Suva, qui a répondu à notre interview, avec le concours du Dr Claudia Pletscher, cheffe du secteur Prévention en médecine du travail, et du Dr Marc Truffer, directeur de la division Sécurité au travail pour la Suisse romande.

Basta ! : Depuis combien de temps la médecine du travail suisse s’intéresse-t-elle aux nanotechnologies et quels sont les risques potentiels ?

Dr Marcel Jost [2] : Les nanoparticules et les particules ultrafines sont absorbées avant tout par les voies respiratoires. Elles peuvent être à l’origine de réactions inflammatoires. Les nanotubes de carbone ont une structure similaire à celle des poussières fibreuses telles que l’amiante. Plusieurs études expérimentales conduites chez l’animal ont été publiées : elles montrent que ces nanotubes de carbone ont un effet cancérigène, pour autant que la géométrie et la taille de leurs fibres leur permettent de pénétrer dans les poumons [3] et que ces fibres soient biopersistantes. Depuis 5 ans, la division médecine du travail de la Suva suit étroitement l’évolution des nanotechnologies et la littérature dans ce domaine. Dans les pays environnants, les responsables de la médecine du travail suivent également de près cette évolution.

Une entreprise qui utilise des nanoparticules est-elle obligée de le déclarer ? Peut-on savoir combien de salariés sont concernés par cette exposition ?

Il n’y a pas d’obligation pour les entreprises de déclarer l’utilisation de nanoparticules, en Suisse. Afin de déterminer le nombre de travailleurs susceptibles d’être exposés aux nanoparticules, la Suva a cofinancé une étude scientifique de l’Institut universitaire romand de Santé au Travail (IST). C’est une première mondiale. Ce nano-inventaire se fonde sur une enquête représentative réalisée auprès d’un échantillon de 1626 entreprises [4]. Les résultats montrent qu’en Suisse, 1.300 travailleurs réalisent des opérations mettant eu œuvre des nanoparticules [5]. Cela concerne 600 entreprises (soit environ 0,6%) du secteur industriel.

Dans quels secteurs les nanotechnologies sont-elles présentes ?

La plupart de ces entreprises se trouvent dans l’industrie chimique, mais aussi dans les secteurs du commerce en général, de l’électrotechnique, des équipementiers de l’industrie automobile, du traitement de surfaces ou du traitement de pierres, céramique et verre. Les volumes travaillés de nanoparticules sont généralement faibles. En Suisse, il n’y a que peu d’entreprises qui utilisent les nanoparticules en grande quantité, à l’échelle de la tonne.

Quels sont aujourd’hui les principaux procédés de production de nanoparticules, et comment les travailleurs peuvent-ils être exposés à ces nanoparticules ?

Les nanoparticules sont généralement produites par des processus de combustion puis de condensation de matière. Sous forme de poudre, ces particules sont utilisées depuis des années comme additif dans des formulations et pour des revêtements de surface. Les situations dangereuses se rencontrent majoritairement lors de la manipulation de ces poudres. Il s’agit principalement de l’exposition des voies respiratoires à des nanoparticules dispersées dans l’air ambiant autour du poste de travail.

Comment mesure-t-on la présence de nanoparticules ? Peut-on évaluer l’exposition des travailleurs aux nanoparticules et avoir une vision fiable des risques encourus ?

Des appareils de mesures complexes sont nécessaires pour évaluer le niveau d’exposition des travailleurs et contrôler l’efficacité des mesures de protection. Les appareils utilisés jusqu’ici – type « Scanning Mobility Particle Sizer » (SMPS) – étaient volumineux, énergivores et peu conviviaux pour une utilisation mobile aux postes de travail. Un nouvel appareil de mesure a été mis au point avec l’aide de la Suva [6]. Il peut être transporté dans un sac à dos et permet de fournir, pour la première fois, des valeurs d’exposition individuelle à chaque poste de travail. Sa fiabilité est largement suffisante pour évaluer les risques d’exposition pour le travailleur, qui varient parfois d’un facteur 1000 entre deux postes de travail.

Établir des valeurs limites d’exposition pour les nanoparticules synthétiques est difficile. Il existe de très nombreux types de nanoparticules présentant des toxicités diverses et encore peu connues. L’effet des nanoparticules peut varier considérablement, en fonction de leurs tailles en plus de leurs propriétés physico-chimiques. Les études réalisées à ce jour ne permettent pas de définir de relations dose-effet claires pour les nanoparticules. L’objectif de la Suva est de publier des chiffres de référence pour certaines nanoparticules en 2011. Aucune valeur limite n’a encore été publiée à l’échelle internationale [7].

Quelles sont les mesures de protection existantes pour les travailleurs ?

Sur le plan de la protection des travailleurs, notre nano-inventaire montre que les entreprises ont tendance à se concentrer sur les équipements de protection individuelle des travailleurs. L’expérience montre que des mesures techniques, telles que le confinement et l’aspiration à la source, permettent d’obtenir une protection plus efficace et durable. Notre objectif est donc de « mettre des masques aux machines » et non aux travailleurs ! En 2006, la Suva était l’un des premiers assureurs contre les accidents et maladies professionnels en Europe à publier des recommandations concrètes sur l’exposition aux nanoparticules aux postes de travail. Aujourd’hui, l’Institution italienne pour l’assurance contre les accidents du travail (INAIL) a repris les différents documents de notre site internet.

Les lacunes d’information sur les produits utilisés constituent un autre problème. Certaines entreprises utilisent des nanoparticules sans même en avoir conscience. Même si la situation est plutôt rare, il faudrait légiférer sur ce sujet. Un « devoir de déclaration » est évoqué dans le plan d’action national développé par la Confédération suisse. Une déclaration du producteur est déjà possible sur la fiche de données de sécurité du produit.

Comment s’opère le suivi sanitaire des travailleurs exposés aux nanotechnologies dans le cadre de leur travail ? Ces salariés bénéficient-ils d’un suivi spécifique par les médecins du travail ?

Les médecins du travail de la Suva s’emploient à contrôler les entreprises pour déterminer s’il existe une exposition aux nanoparticules. La Suva a développé en 2009 un programme pour les travailleurs exposés, qui comprend une anamnèse ciblée, un examen clinique, des analyses biologiques, un contrôle de la fonction pulmonaire, un électrocardiogramme ainsi qu’une radiographie cardio-thoracique en alternance. Ces examens s’adressent aux travailleurs exposés aux nanoparticules et aux nanotubes dans le cadre de la recherche, des laboratoires, d’études pilotes et de la production. Mais il n’existe pas à ce jour de test de dépistage spécifique des maladies qui seraient provoquées par des nanoparticules.

Selon votre organisme, « aucune étude pratiquée sur des travailleurs exposés aux nanoparticules et atteints de maladies professionnelles spécifiques n’a encore été publiée à ce jour dans les pays occidentaux ». Pensez-vous que les entreprises et les pouvoirs publics consacrent suffisamment de moyens aux études toxicologiques nécessaires pour améliorer la protection des travailleurs ?

De très nombreux projets de recherche sur les risques des nanoparticules et des nanotubes de carbone sont réalisés et soutenus, tant au niveau national qu’international. La Suva subventionne de tels projets. Elle apporte en outre son soutien au développement de nouveaux instruments de mesure. Ceci étant dit, il faut rappeler que c’est la pratique régulière d‘examens de prévention en médecine du travail et leur exploitation qui représente un instrument essentiel pour la détection précoce des éventuels effets délétères des nanoparticules chez les travailleurs exposés.

Vous évoquez la possibilité de « lésions tardives dues à une exposition aux nanoparticules en l’absence de mesures de protection appropriées ». Risquons-nous un nouveau scandale sanitaire comme celui de l’amiante ?

Compte tenu de la géométrie de leurs fibres et de leur biopersistance, il est possible que les nanotubes de carbone aient des effets similaires à ceux des fibres d’amiante. Mais les enseignements tirés de l‘expérience avec l’amiante ont conduit la Suva à suivre précocement les développements dans le domaine des nanotechnologies. Nous avons défini des mesures de protection pour faire en sorte que l‘exposition aux nanoparticules et aux nanotubes de carbone demeure aussi faible que possible. Les principes ALARA (as low as reasonnably achievable, aussi faible que cela est raisonnablement faisable), bien connus en matière de prévention, de même que la prudence en matière de manipulation des nanoparticules, ont ainsi fait la preuve de leur efficacité. Grâce à cette approche et moyennant une information transparente sur les risques et les mesures de protection à prendre, nous voulons éviter que l’histoire ne se répète.

Les instituts technologiques suisses sont très actifs sur le plan international et mènent de nombreux projets dans les nanotechnologies. Les organismes internationaux donnent également lieu à des échanges concernant la protection des travailleurs. On peut citer les programmes et réseaux internationaux NanoSafe et NanoImpactNet qui se préoccupent activement des aspects de sécurité et de santé. L’ensemble de la communauté internationale a pris conscience de la nécessité d’éviter un effet de non-acceptation dû à des lacunes de communication et d’évaluation des risques, similaire à celui observé avec les OGM. 

N’y a-t-il pas un paradoxe entre les mesures de protection préconisées pour les salariés exposés, et l’absence de protection des consommateurs, qui se retrouvent en contact avec les nanoparticules, voire même en ingèrent dans leur alimentation ?

En matière de protection des salariés, on s’intéresse surtout à l’inhalation des nanoparticules et à leur possible effet délétère sur les voies respiratoires et les poumons. Des effets toxiques systémiques sont aussi possibles après l‘absorption de nanoparticules au niveau des alvéoles et leur passage dans les vaisseaux pulmonaires. Les nanoparticules qui atteignent la peau, via des cosmétiques par exemple, n’agissent pas sur les voies respiratoires. Mais on ignore encore si de telles nanoparticules peuvent être absorbées par une peau intacte en quantités significatives. La réglementation des nanoparticules dans les articles de consommation courante en Suisse ne relève pas de la compétence de la Suva.

Propos recueillis par Agnès Rousseaux

Source :

http://www.bastamag.net/article988.html

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Nanotechnologies : tout ça pour des chaussettes qui ne puent pas !

rue89_logo-copie-1.gif    Par Le Yéti | yetiblog.org | 29/03/2010 | 11H46

L’honorable Afsset vient de publier un rapport d’expertise sur les risques éventuels, pour la santé et l’environnement, liés à certains nanomatériaux manufacturés. Parmi les nombreux produits suspectés, les inénarrables et emblématiques chaussettes qui ne voulaient plus puer des pieds.

C’est bien des humains, ça ! Connaissez-vous une espèce animale qui exècre à ce point schizophrénique TOUT ce qui lui sort du corps : sueur, sang, urine, odeurs diverses… ? Et jusqu’au corps lui-même, souilleur d’âmes immortelles.

Au point de s’intoxiquer de désodorisants remplis de saloperies chimiques, de se dissimuler sous des couches de produits maquillants (des « effaceurs de gueule », disent mes filles). Ou de s’inventer des chaussettes inodores !

La quête frénétique de pureté et d’immortalité

Voici nos malheureux humains lancés dans une ruée frénétique (scientifique disent-ils) vers tout ce qui peut mettre à raison cette nature malodorante et poisseuse, si épouvantablement éphémère et imparfaite.

Ainsi de ces fameuses nanotechnologies, produit de notre génie allumée, qui visent ni plus ni moins qu’à faire la nique aux règles naturelles élémentaires. Pire, à se substituer carrément à elles.

Seulement voilà, ces tentatives de domination ne marchent pas à tous les coups. Et même pas souvent, et beaucoup moins longtemps qu’on voudrait l’espérer.

Qu’une vulgaire tempête Xynthia passe par là et notre volatile humain se retrouve cul par dessus tête à se demander ce qui lui arrive. Certains des produits qu’il croyait miracles (l’amiante, par exemple) l’envoient presto six pieds sous terre plutôt qu’au septième ciel.

Or l’expertise de l’Afsset fait ressortir que nos fiers nanoproduits contiendraient des substances dangereuses et hautement toxiques :

  • nanoparticules de dioxyde de titane (ciment autonettoyant et lait solaire)
  • silice alimentaire à l’état nanométrique dans certains aliments
  • nanoparticules d’argent (chaussettes antibactériennes)

Une tentative glauque et dérisoire de transgresser les règles naturelles

Foutus de s’empoisonner pour des bricoles aussi insignifiantes que des pieds qui s’obstinent à vouloir faire sentir leur existence, les pauvres petits !

Oh, rien encore de totalement probant dans ces constats. L’Afsset n’en est encore qu’au stade du principe de précaution, juste des soupçons de plus en plus prégnants. Mais j’entends déjà nos sceptiques patentés hurler à la régression et au complot antiscientifique.

Loin pourtant de moi l’idée de dénoncer la recherche scientifique. Juste de rappeler que celle-ci vaut lorsqu’elle vise à améliorer, à conforter et à sécuriser notre humaine condition.

Mais qu’elle apparaît rapidement plus glauque, dérisoire et un rien péteuse, quand elle se met en tête et en éprouvettes de s’en passer et de la transgresser.

Brisons-là avec cette lamentable histoire de chaussettes insipides. Et rappelons à nos congénères que c’est bien l’odeur humide et forte des corps qui nous enivre quand nous baisons, et que nous croquons sans plus de chichis les doigts de pieds frémissants de nos partenaires.

Source :  http://www.rue89.com/le-yeti-voyageur-a-domicile/2010/03/29/nanotechnologies-tout-ca-pour-des-chaussettes-qui-ne-peut-pas

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"Ne revivons pas le scandale de l’amiante avec les nanotechnologies"

logo_lexpress.gif   Par Vincent Olivier, publié le 24/03/2010 à 12:26 – mis à jour le 24/03/2010 à 14:58

Pour Martin Guespereau, directeur général de l’Afsset qui publie un nouvau rapport sur les nanotechnologies, il faut faire la lumière sur les risques des « nanos ».

Martin Guespereau, directeur général de l'Afsset.

DR Martin Guespereau, directeur général de l’Afsset.

Pourquoi l’agence n’est-elle pas en mesure de quantifier les risques réels?

Il faut parfois reconnaître qu’on ne sait pas – surtout quand cette ignorance est en partie due au manque de transparence des fabricants… Mais nous sommes favorables au principe de précaution, surtout en matière de risques professionnels pour les salariés exposés. Ne revivons pas le scandale de l’amiante.

Que reprochez-vous aux industriels?

Prenons l’exemple de la silice, utilisée depuis des dizaines d’années dans l’agroalimentaire. De nombreuses entreprises la commercialisent, mais, curieusement, personne n’en achète officiellement! Le plus choquant dans cette affaire, c’est l’attitude de déni des responsables.

Autoriser, interdire, suspendre: quelle est la bonne solution?

La France est aujourd’hui parvenue à maturité pour poser les premières règles. Premier principe: si une substitution est possible avec un autre produit, il faut privilégier cette solution. Pour le reste, l’autorisation a priori devrait être réservée aux usages strictement nécessaires, ainsi qu’aux produits qui ne sont pas « émissifs » [non susceptibles de se répandre] et à ceux pour lesquels la balance bénéfice-risque penche indubitablement en faveur du bénéfice.

Source :  http://www.lexpress.fr/actualite/environnement/ne-revivons-pas-le-scandale-de-l-amiante-avec-les-nanotechnologies_857802.html

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Terre 24/03/2010 à 18h14

Nanotechnologies: l’Afsset recommande le principe de précaution

Poudre de titane contenant des nanoparticules d'or.
Poudre de titane contenant des nanoparticules d’or. (AFP photo AFP)

Face aux incertitudes concernant les nanomatériaux présents dans des centaines de produits de consommation, «le principe de précaution s’impose», selon l’Agence santé et environnement (Afsset) qui recommande un étiquetage clair, voire des interdictions.

«Les nanos sont maintenant présents dans tout notre quotidien», a déclaré mercredi le directeur général de l’Afsset Martin Guespéreau, en présentant devant la presse un rapport sur les risques liés aux nanomatériaux pour la population et pour l’environnement.

Informer les consommateurs grâce à un étiquetage clair, assurer la traçabilité des nanomatériaux figurent parmi les principales recommandations de l’Afsset à l’issue de cette mission confiée en 2008.

Les effets mal connus

Plus de mille produits de consommation courante (raquettes de tennis, crèmes solaires, sel de cuisine, emballages alimentaires, vêtements) contiennent des nanomatériaux. Entre autres, des nanoparticules d’argent dont les propriétés antimicrobiennes sont exploitées pour des applications très diverses: chaussettes sans odeur, ustensiles de cuisine, pansements, tissus pour les grands brûlés, produits d’hygiène…

Les effets sur la santé et l’environnement des nanoparticules restent mal connus. D’abord, parce qu’à cette échelle, la matière acquiert des propriétés nouvelles qui compliquent toute analyse de toxicité.

Il faut «accélérer la recherche», indique Martin Guespéreau, relevant que seulement 2% des études publiées sur les nanomatériaux concernent leurs risques éventuels, alors que tout le reste est consacré à leur développement.

«Faire une évaluation sanitaire complète» prendrait «50 ans», dit-il, insistant sur la nécessité «de définir des méthodes simplifiées». L’Afsset devrait, d’ici deux ans, établir une «grille d’évaluation» permettant un premier classement en fonction des risques.

«Il faudra envisager des interdictions»

Dans certains cas, «il faudra envisager des interdictions», selon M. Guespéreau qui recommande une «réponse graduée» en tenant compte des risques, mais aussi de l’utilité des nanomatériaux et de la possibilité de leur trouver des produits de substitution.

L’Afsset a passé au crible 4 des 246 produits de consommation avec nanos identifiés sur le marché français: chaussettes «antibactériennes», lait solaire contenant des nanoparticules de dioxyde de titane (Ti02) pour mieux protéger contre les UV, ciment auto-nettoyant au Ti02 pouvant présenter des risques pour les bricoleurs ou professionnels, silice alimentaire nanométrique pour éviter que sel ou sucre en poudre s’agglomère.

Le jugement final est «plutôt sévère pour les chaussettes» qui peuvent avoir «un impact sur l’environnement absolument majeur» à cause du nanoargent disparaissant dans l’eau de lavage et risquant de perturber les stations d’épuration ou certains poissons, selon M. Guespéreau, qui recommande leur interdiction.

Si 10% des chaussettes vendues en France contenaient du nanoargent, «18 tonnes d’argent seraient rejetées chaque année dans les eaux superficielles», selon Dominique Gombert, chef du département d’expertise de l’Afsset.

(Source AFP)

Source : 

http://www.liberation.fr/terre/0101626470-nanotechnologies-l-afsset-recommande-le-principe-de-precaution

 

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