France Télécom : un risque radioactif occulté malgré plusieurs alertes

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Rue89   Isabelle Mahiou | Journaliste

Au centre de répartition téléphonique de France Télécom de Brune, en 2007 (CAPMAN VINCENT/SIPA)

Combien d’appareils contenants des éléments radioactifs ont-ils été installés dans le réseau et les centraux téléphoniques de France Télécom ? 20 millions ? 80 millions ? Et combien en reste-t-il ? Mystère.

Une chose est sûre, en revanche : l’opérateur n’a jamais vraiment pris la mesure du risque que pouvaient présenter ces petits appareils, les parasurtenseurs, destinés à éviter les surtensions sur les lignes, pas plus qu’il n’en a informé ses agents et n’a dispensé des consignes de protection.

Or, à plusieurs reprises ces vingt dernières années, des alertes ont été lancées en divers sites de l’entreprise sur un nombre paraissant anormal de salariés atteints d’un cancer.

Quatre agents décèdent à Saint-Nazaire

Au centre de construction des lignes de Saint-Nazaire (Loire-Atlantique) tout d’abord. Entre 1989 et 1995, quatre agents décèdent d’un cancer, deux autres sont atteints.

La CFDT PTT de Loire-Atlantique dépose plainte contre X pour empoisonnement. Elle met aussi en cause la politique de sécurité de l’entreprise sur la gestion des parasurtenseurs radioactifs, « jetés sur des tas de ferraille ».

La une de Santé & Travail de janvier 2013 

Le groupe confiera en 1995 une étude épidémiologique à l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), dont les résultats seront publiés en… 2003.

En 1998, à Lyon, un médecin de prévention, qui enquête sur une « épidémie » de cancers du sein dans un service d’accueil, découvre « fortuitement » que les salariées ont travaillé dans des centraux où elles manipulaient des parasurtenseurs radioactifs, qu’elles portaient dans leur poche de poitrine.

Il réalise une étude qui relève un risque de contamination par du radium 226 et préconise un recensement exhaustif, une évaluation et un retrait des matériels. Sans effet.

Cinq techniciens atteints de tumeur à Riom

La question ressurgit en Auvergne, à Riom-ès-Montagnes : en 2006-2007, sur les six techniciens ayant travaillé sur ce site, cinq présentent des tumeurs.

Après enquête, le Comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) fait jouer son droit à expertise.

Via la CGT, il sollicite aussi la Commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité (Criirad) pour analyser des parasurtenseurs qu’il a repérés. L’étude fait état de risques non négligeables.

Des substances radioactives

Ce faisant, le CHSCT Auvergne a ouvert une brèche. Celui de l’Hérault découvre ainsi l’existence des substances radioactives et vote en 2010 une expertise, sur le même modèle, après avoir constaté de nombreux cancers sur deux sites, à Béziers et Bédarieux.

Les expertises, menées par le cabinet Secafi, pointent un cumul d’expositions à des cancérogènes, dont les rayonnements ionisants.

Les premiers concernés sont les techniciens intervenant dans les centraux et les agents des lignes. Ils ont manipulé pendant des années ces parasurtenseurs, électrodes enfermées dans une enveloppe étanche contenant un gaz et des éléments radioactifs.

Jusqu’en 1978, année où ils sont interdits, les modèles en verre au radium 226, connu pour sa grande toxicité, ont été massivement utilisés. Puis ont dominé ceux au tritium, remplacés à leur tour par des appareils non radioactifs. Mais les différents modèles ont coexisté, puisqu’on trouve encore d’anciennes ampoules dans les boîtes de raccordement sur les lignes ou en stock, ou sous l’arrivée des câbles.

Dans les poches, entre les lèvres..

Dans les centraux, les techniciens travaillaient à proximité et au contact de ces composants sur les répartiteurs, murs de têtes de câbles d’où partent les lignes d’abonnés, chacune dotée de deux parasurtenseurs. Yves Le Dain, membre CGT du CHSCT de l’Hérault, explique :

« Un petit central à 5 000 abonnés contient 10 000 parasurtenseurs, mais en zone urbaine, certains en comptent 50 000, signale. Chaque intervention sur une ligne implique d’en manipuler, toujours de très près, les plus petits mesurant 15 millimètres. Le changement des modèles en verre se faisait à la pince, mais se terminait souvent à la main parce qu’ils se cassaient.

On en avait toujours à proximité : dans des bocaux sur les bureaux, sur des étagères, dans les poches, ainsi qu’entre les lèvres quand il fallait les changer juché sur une échelle. »

« Ils provoquent de la friture »…

Dominique Enjalbert, ancienne secrétaire CGT du CHSCT de l’Hérault, se souvient aussi de pics d’activité lors d’une campagne d’enlèvement des modèles en verre dans la décennie 1990, « sans autre information que “ils provoquent de la friture”. »

Sur le réseau, à l’extérieur, les parasurtenseurs se trouvent dans des boîtes, sur les poteaux, à l’arrivée chez l’abonné. Les agents en ont toujours un stock dans la voiture et quelques-uns dans les poches. Ils les manipulent fréquemment. Franck Refouvelet, membre CGT du CHSCT Auvergne précise :

« Tout incident sur une ligne demande de les tester. Il y a également des campagnes de contrôle systématique. »

Là aussi :

« Souvent les modèles en verre se cassaient quand on les retirait à cause de la corrosion. »

…et des contaminations internes ?

Entre contact direct avec des objets radioactifs, qui peuvent fuir ou se casser, et présence dans des locaux où des dizaines de milliers de parasurtenseurs sont susceptibles d’émettre des quantités significatives de rayonnements, les contaminations ne peuvent être exclues.

Pour Jean-Claude Zerbib, ancien ingénieur en radioprotection :

« L’absence de toute formation des agents aux risques présentés par les rayonnements ionisants a pu conduire à des contaminations au radium 226 par des dispositifs fuyards ou brisés. Ces fuites ont été mises en évidence lors d’une expertise de la Criirad.

On ne peut exclure l’existence de contaminations internes : si la main est souillée, tout ce qu’elle touche ensuite est contaminé et peut passer dans l’organisme. Sans compter l’inhalation de tritium ou de radon généré par le radium. »

L’hypothèse d’une irradiation n’est pas non plus à rejeter dans les centraux, pour les périodes antérieures aux campagnes d’enlèvement des années 80-90.

Il existe bien un lien avec les cancers

Mais pour évaluer le niveau d’exposition des salariés, il faut pouvoir préciser la façon dont ils ont manipulé les parasurtenseurs, la fréquence, la durée et les conditions d’utilisation…

Les reconstitutions de parcours d’expositions de salariés atteints d’un cancer, effectuées par le Giscop 93 dans le cadre des expertises de Secafi, éclairent cet aspect. Sur douze techniciens et neuf agents des lignes de l’Hérault, l’expertise conclut que :

  • une majorité de cancers peut être associée à des rayonnements ionisants ;
  • les autres à une polyexposition (amiante, hydrocarbures polycycliques aromatiques, arsenic, acides forts, trichloréthylène).

Il reste que, faute de traces dans l’entreprise des différentes activités et expositions, « si l’un de nous tombait malade, il n’aurait aucune possibilité de faire le lien avec son parcours professionnel », constate Yves Le Dain, qui réclame des fiches d’exposition et des attestations d’exposition aux rayonnements ionisants.

Mais pour l’entreprise, le risque n’existe pas

Mais pourquoi France Télécom fournirait-il de tels documents, puisque pour l’entreprise le risque n’existe pas ?

Une note de 1974, qui prescrit d’enterrer les ampoules fuyantes avant expédition à un organisme habilité à les détruire, dit que :

« La radioactivité dégagée par les parafoudres contenant du radium est inférieure à celle constatée sur les montres-bracelets à écran lumineux. »

Une autre, de 1999, en référence à une analyse de l’Office de protection contre les rayonnements ionisants (Opri), évoque la possibilité d’une exposition par inhalation en cas de bris et conseille le port de gants et d’un masque, mais envisage une élimination des matériels « au fil de l’eau ».

Enfin, en 2001, une note suggère des analyses pour évaluer le risque et l’élaboration d’une procédure de démontage-entreposage avec l’Opri et l’Andra(Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs). Tout en soulignant que :

« Le risque sanitaire est négligeable pour les personnels susceptibles de séjourner à proximité. »

L’entreprise choisit ses études

Il faut dire que les études commanditées par France Télécom ne sont pas alarmantes. Celle de l’Inserm, présentée au CNHSCT en 2003 et portant sur plus de 100 000 hommes ayant travaillé entre 1978 et 1994, ne retient pas l’hypothèse d’une origine professionnelle des cancers.

Même si elle montre qu’il existe un risque élevé de décès chez des agents de lignes pour les cancers de l’os et des cartilages – typiques des contaminations internes par le radium 226 – et significatif pour des cancers de l’appareil digestif et des poumons, organes radiosensibles !

En 2010, un rapport d’évaluation de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) conclut à l’absence de risque de cancers radio-induits. Les doses reçues par contamination seraient très faibles.

La direction du groupe par la voix de Jean-Marie Montel, délégué régional Auvergne, estime que :

« Les études de l’Inserm et de l’IRSN ont conclu qu’il n’y avait pas de danger. Il n’y avait pas de raison d’engager une démarche volontariste de retrait. »

Ce faisant, France Télécom ne tient visiblement pas compte d’autres études, telle celle faite en interne à Lyon en 1998, ou des mesures de la Criirad et de l’Institut de physique nucléaire de Lyon (IPNL) arrivant à des conclusions contraires sur la réalité du risque.

Les éléments radioactifs circulent toujours

Cela n’a pas empêché l’inspection du travail de la Haute-Loire de dénoncer les manquements de France Télécom à ses obligations.

Fin 2010, elle a mis en demeure l’unité d’intervention Auvergne de procéder à une évaluation des risques liés aux parasurtenseurs radioactifs, de prendre des mesures de prévention et de retirer les matériels. La direction a engagé un travail de recensement et d’enlèvement, non sans avoir contesté la décision.

Le département est pilote pour cette opération. Et il n’est pas sûr qu’elle se reproduise à l’identique dans toutes les régions, car elle est lourde. En 2012, une équipe a passé au crible les centraux et le réseau, établi des relevés caractérisant les boîtes, préalable au démontage et à l’évacuation vers des sites sécurisés avant tri par l’IRSN et acheminement vers l’Andra.

Au total, 1 600 boîtes et 32 000 parasurtenseurs devaient être récupérés, « soit environ 250 000 pour la région », indique Yves Colombat, membre du CHSCT Auvergne. Il y aurait donc bien plus de parasurtenseurs radioactifs dans l’Hexagone que le petit million avancé par le groupe :

« En s’appuyant sur d’anciens plans, on peut déduire qu’il y en avait dix fois plus dans les années 70 et 80, rien que pour le réseau ! »

Où sont-ils passés ? L’accord avec l’IRSN d’assistance à la gestion des parasurtenseurs à éliminer date de 2009. Pour Jean-Marie Montel :

« Le dossier est connu depuis 1999. Il y a eu des débuts de collecte, des stockages sans vraie maîtrise, mais l’absence de filière avec l’Andra pour ces objets nous a bloqués pendant plusieurs années. »

Les consignes antérieures d’élimination ont été inégalement appliquées : en Languedoc-Roussillon, aucun historique d’installation et de retrait n’a pu être fourni à l’expert. D’autre part, les témoignages des pratiques longtemps en vigueur font craindre que beaucoup ne soient partis à la poubelle. Si c’était le cas, plusieurs millions de ces objets auraient ainsi été disséminés dans la nature.

Source : http://www.rue89.com/rue89-eco/2013/01/08/france-telecom-un-risque-radioactif-occulte-malgre-plusieurs-alertes-238359

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Amiante: Martine Aubry convoquée mardi par la justice

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Le nouvel Observateur    Créé le 06-11-2012 à 07h40 – Mis à jour à 09h10

PARIS (Sipa) — L’ex-Première secrétaire du Parti socialiste, Martine Aubry, est convoquée ce mardi en vue d’une éventuelle mise en examen pour « homicides et blessures involontaires » dans l’une des affaires liée à l’amiante.

Mme Aubry est convoquée en sa qualité d’ancienne directrice des relations du travail au ministère du Travail d’avril 1984 à septembre 1987.

La semaine dernière, elle avait fait savoir dans un communiqué qu’elle demanderait l’annulation de sa mise en examen si celle-ci devait être prononcée.

Ce communiqué était signé également par deux autres hauts fonctionnaires, le Pr Jean-François Girard, directeur général de la Santé de 1986 à 1997, mis en examen dans l’un des dossiers de l’amiante, et Olivier Dutheillet de Lamothe, directeur des relations du travail de septembre 1987 à mai 1995.

Tous trois jugeaient cette mise en examen et ces convocations « d’autant plus incompréhensibles », selon leur communiqué, « qu’ils n’ont cessé d’oeuvrer à renforcer la protection contre le risque de l’exposition à l’amiante par un durcissement progressif de la réglementation ».

La juge d’instruction Marie-Odile Bertella-Geffroy, coordinatrice du pôle de santé publique du tribunal de grande instance de Paris, enquête notamment sur l’action des pouvoirs publics face à l’amiante au cours des décennies 1970 et 1980.

Mme Aubry est soupçonnée de ne pas avoir pris, en sa qualité de directrice des relations du Travail, un certain nombre de mesures de protection des travailleurs et autres personnes exposées à l’amiante, notamment par une transposition tardive d’une circulaire européenne de 1983 sur les risques liés à l’exposition à l’amiante et l’absence de « réglementation particulière de protection » des salariés sur les risques de l’amiante, selon des sources judiciaires.

pas/cm/sb

SOURCE : http://tempsreel.nouvelobs.com/monde/20121106.FAP3454/amiante-martine-aubry-convoquee-mardi-par-la-justice.html

Voir aussihttp://tempsreel.nouvelobs.com/topnews/20121106.AFP4064/amiante-aubry-chez-la-juge-en-vue-d-une-possible-mise-en-examen.html

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Plaidoyer pour les lanceurs d’alerte Philippe Even et Bernard Debré

   Article crée le 17.10.2012 à 09h00

Par V. Martin

Les professeurs de médecine Philippe Even et Bernard Debré font l’objet depuis trois semaines, d’un tir de barrage médiatique sans précédent, à la suite de la publication de leur ouvrage sur les « 4000 médicaments utiles, inutiles ou dangereux », de la part de l’industrie Pharmaceutique au premier chef, mais aussi des autorités de Santé, d’un certain nombre « d’experts » et d’une partie du monde médical, dont ils écornent courageusement le corporatisme coupable, l’opacité et dénoncent les compromissions.

Cette levée de boucliers du monde médical n’est pas sans rappeler celle dont fût victime Irène Frachon, lorsqu’elle a osé mettre en accusation les Laboratoires Servier, dont les deux professeurs reconnaissent qu’elle fût à l’origine de leur décision d’écrire ce livre pour « réveiller les médias et les politiques », tout comme la décision de Nicolas Sarkozy de leur confier la rédaction d’un rapport sur le Mediator, dont leur dernier livre est le prolongement naturel.

Tout comme Irène Frachon, ce sont des lanceurs d’alerte, qu’il faut soutenir contre un système de Santé Publique tout puissant, dans lequel, selon les auteurs, l’incompétence et l’irresponsabilité le dispute à la corruption.

Un scandale de Santé publique

Bernard Debré,et Philippe Even, ont révélé dans leur dernier livre « Guide des 4 000 médicaments utiles, inutiles ou dangereux », aux éditions du Cherche midi, sorti le 13 Septembre, « qu’un médicament sur deux est inutile » ; pire : si 50 % d’entre eux sont inutiles, 20 % présentent des risques et 5% présentent une dangerosité très importante pour la santé et entraînent, selon philippe Even, 100 000 hospitalisations et 20 000 décès par an.

Cet énorme scandale politico-sanitaire n’a pas tardé à susciter l’ire de l’industrie pharmaceutique, du ministère de la Santé, de ses agences et « experts ». Ils auront fort à faire pour tenter de limiter la révélation de leurs petites et grandes compromissions que met en lumière ce livre salutaire, rédigé par deux autorités reconnues de la Santé Publique :

– Philippe Even est Professeur émérite à l’Université Paris Descartes, pneumologue, Président de l’Institut Necker, a participé à de nombreuses commissions scientifiques de l’INSERM et du ministère de la Santé. Il a aussi été représentant de la France à Bruxelles et chargé de missions scientifiques aux États-Unis.

– Bernard Debré est Professeur ,urologue, membre de la Société française de chirurgie, des sociétés française, européenne et internationale d’urologie ; Il a été Chef du service d’urologie à l’hôpital Cochin (1990). Il est député UMP et membre du Comité consultatif national d’éthique (CCNE) depuis mars 2008.

– Philippe Even et Bernard Debré sont aussi les auteurs du rapport sur la réforme du système du médicament commandé par la Présidence de la République à la suite à l’affaire du Mediator, et remis au Ministre de la Santé le 16 mars 2011 ; leur expertise et leur indépendance sont incontestables, et ils avaient déjà souligné à l’époque, que l’affaire du Mediator était « beaucoup plus qu’un incident isolé ».

Cet ouvrage d’information s’adresse directement aux patients et aux praticiens et constitue le premier travail d’expertise critique et indépendant qui aurait dû être conduit par les autorités sanitaires depuis au moins 20 ans, mais bien sûr, ne l’a jamais été. Philippe Even et Bernard Debré ont choisi la voie médiatique plutôt que celle d’un rapport parlementaire, dont ils savent par expérience, la destinée qui leur est habituellement réservée. On ne saurait leur faire grief d’exposer au grand jour un sujet qui interroge à la fois la Santé et les deniers de l’ensemble de la Nation.

C’est le débat crucial qu’ont eu le courage d’ouvrir Philipe Even et Bernard Debré, en en exposant les termes sur la place publique : c’est un problème citoyen qui ne saurait plus être réservé à des politiques, et encore moins à des experts dont l’indépendance est douteuse.

Le pillage de la Sécurité Sociale

75% de ces médicaments, recensés dans le livre, sont remboursés par la Sécurité sociale dont une large partie de médicaments inutiles, de « me too » et de médicaments sur-prescrits (jusqu’à 8 à 10 fois). A l’heure où les déficits s’accumulent et plombent tout espoir de reprise de la croissance, ce livre salutaire pointe sans concession le scandale de la dilapidation des deniers publics et le véritable pillage des caisses de la Sécu par une industrie pharmaceutique dont les auteurs signalent eux-mêmes qu’elle est, en France, « la plus lucrative, la plus cynique, la moins éthique de toutes les industries ». Le déremboursement de ces médicaments, rapporteraient immédiatement 10 à 15 milliards d’euros à la Sécurité Sociale : de quoi redresser les comptes de l’Assurance Maladie pour longtemps et sauver le système de Santé ; François Hollande et sa Ministre de la Santé Marisol Touraine seraient bien avisés de se pencher sur cette source d’économies représentant à elle seule la moitié des 30 milliards qui font défaut au budget de l’état en 2013 ;

Martin Hirsch ne s’y est pas trompé ; il salue la démarche et souligne la nécessité d’ouvrir un débat trop longtemps étouffé, et que Philippe Even et Bernard Debré ont eu le courage de soulever : « Au moment où l’on traque les déficits publics, dans une situation socialement si difficile, se pose une question simple : le choix entre rogner sur des prestations indispensables aux plus vulnérables ou chercher à économiser 5 à 10 milliards d’euros sur des dépenses pharmaceutiques parmi les plus élevées au monde, incluant des médicaments, comme le rappelle ce livre, et comme l’a démontré le scandale du Mediator, au mieux inutiles ou efficaces, au pire dangereux ».

Un système au mieux incompétent, au pire corrompu par l’industrie pharmaceutique

Les auteurs fustigent un système gangréné par « le laxisme, la démagogie, l’incompétence et la corruption ».

Les protestations de l’organisme professionnel qui fédère et représente les laboratoires pharmaceutiques (LEEM) ne se sont pas fait attendre, dénonçant « amalgames et approximations », sinon « une confusion regrettable et néfaste à l’égard des autorités sanitaires, des médecins et de l’ensemble des salariés des entreprises du médicament » ; on comprend leur inquiétude de voir mis en cause « les 20 % de bénéfices qu’elle (l’industrie pharmaceutique) s’accorde chaque année … En 3 ans et demi, elle double son capital et elle le quadruple en sept ans ».

Une industrie prédatrice qui a brillamment manœuvré en mettant en place un système imparable pour assurer des revenus toujours plus importants à ses actionnaires, dans un contexte où les découvertes de nouvelles molécules efficaces se sont drastiquement réduites ces 20 dernières années :

– Inventions de nouvelles maladies et affections créées de toute pièce ; le nombre d’hypertendus, d’hypercholestérolémiques, d’ostéoporotiques sans parler des déprimés chroniques, est en progression inflationniste.

– Lancement de « produits de prévention » destinées à des personnes en bonne santé pour prévenir des risques parfaitement illusoires. Le Professeur Philippe Even dénonce notamment les statines prescrits dans la prévention du cholestérol, « avalés par 3 à 5 millions de Français », qui coûtent « à la France 2 milliards d’euros par an … et complètement inutiles ».

– Copies d’anciennes molécules relookées qualifiées de « 2ème ou 3ème génération » pour palier leur passage dans le domaine public, mais avec des risques multipliés par 3 ou 4 et en dénigrant les molécules originales … plus anciennes mais beaucoup moins chères. On retiendra l’exemple de la metformine (1959) et de certains sulfamides (1956) avec un coût de 10 à 20 centimes d’euro par jour, remplacés par l’Avandia, l’Actos, le Byetta et plusieurs gliptines, moins efficaces et présentant des risques mortels, mais rapportant infiniment plus à l’industrie pharmaceutique : le coût de la metformine multiplié par 60 !

Bruno Toussaint, de la revue médicale indépendante Prescrire, confirme ce constat accablant d’une logique de Marché dominant le système de Santé : « La grande majorité des nouveaux médicaments n’apportent rien en terme de progrès » tandis que l’opacité est entretenue sur leurs effets indésirables.

L’insoutenable légèreté de l’état

Les organismes d’état et le ministère de la Santé ne sont pas épargnés : l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament (ANSM), ancienne AFSSAPS rebaptisée après l’affaire Mediator, pour se refaire une « virginité », est très justement épinglée :

– Un système de contrôle « opaque » des molécules mises sur le marché.

– Un système pour le moins « douteux » de délivrance des AMM.

– Des problèmes de conflits d’intérêt de ses experts toujours pas réglés, après l’affaire du Mediator.

– Une certaine « complaisance » coupable vis-à-vis de l’industrie pharmaceutique, qui semble avoir d’autres raisons que le simple souci de la Santé Publique.

Philippe Even, quant à lui, n’y va pas par quatre chemins : « Plus de la moitié des experts de nos commissions ministérielles d’évaluation des médicaments sont très étroitement liés financièrement à l’industrie pharmaceutique. Au point que certains présidents des commissions de l’ancienne étaient liés par dix à cinquante contrats avec l’industrie pharmaceutique ».

Les réactions des responsables de la Santé, Ministres de la Santé actuel ou passé, directeur général de l’ANSM, sont éloquentes, tant elles sont caricaturales de la désormais trop célèbre formule « responsables mais pas coupables ».

– Roselyne Bachelot remet en cause la légitimité des Professeurs Philippe Even et Bernard Debré à aborder ce dossier et tente de justifier maladroitement le « déremboursement régulier des médicaments par les services en charge de ces questions » … tout en reconnaissant qu’il faudrait faire plus : que ne l’a-t-elle fait lorsqu’elle était en responsabilité au lieu d’appliquer le principe de précaution à un pseudo risque de pandémie grippale H1N1 dont le coût s’est élevé à des centaines de millions d’euros, en pure perte.

– Marisol Touraine fait montre d’une gêne encore plus sensible et botte en touche : mettre le débat sur la place publique n’est pas la meilleure méthode ; l’industrie pharmaceutique est seule responsable !

– Xavier Bertrand … est aux abonnés absents : il se garde bien de réagir, comme la plupart des ex Ministre de la Santé essentiellement occupés à dégager leur responsabilité dans une situation totalement intolérable et inique.

– Le professeur Maraninchi, directeur général de l’ANSM se contente quant à lui de défendre son bilan.

Chacun jugera de l’insincérité et de la parfaite indigence de ces protestations d’irresponsabilité. C’est tout le système qui doit être remis à plat, comme le préconise Philippe Even : « Nos commissions d’évaluation tournent en rond, laissant passer des molécules inefficaces et dangereuses alors qu’elles savent que les essais cliniques réalisés par l’industrie sont biaisés, truqués, mensongers, masquant les dangers, amplifiant les effets positifs. Quant à la pharmacovigilance qui devrait permettre de suivre attentivement les médicaments pour repérer les accidents, il s’agit davantage d’une pharmaco-somnolence … »

Ainsi, face à l’entreprise de dénigrement de la démarche salutaire et courageuse de Philippe Even et Bernard Debré, il est essentiel à nos yeux de leur apporter le soutien de praticiens de la Santé et de citoyens responsables.

Source :  
http://www.bernarddebre.fr/presse/plaidoyer_pour_les_lanceurs_d_alerte_philippe_even_et_bernard_debr__

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Mediator : « Ça va péter à la gueule du gouvernement »

Le Républicain Lorrain

La très grande majorité des premières demandes d’indemnisation des victimes présumées du Mediator ont été rejetées par les experts, suscitant un début de polémique autour des critères restrictifs qu’ils appliquent.

« Il faut que le doute bénéficie à la victime, alors qu’il bénéficie à Servier », dénonce la pneumologue Irène Frachon, qui avait mis en cause le Mediator dès 2007. Photo AFP

« Il faut que le doute bénéficie à la victime, alors qu’il bénéficie à Servier », dénonce la pneumologue Irène Frachon, qui avait mis en cause le Mediator dès 2007. Photo AFP

Plus de 80 % des dossiers d’indemnisation présentés par les patients qui attribuent leur maladie cardiaque au médicament des laboratoires Servier ont été déboutés, jusqu’à présent, par l’Office national d’indemnisation des accidents médicaux (Oniam). Selon le Dr Dominique-Michel Courtois, président de l’Association des victimes du Mediator (Avim), cinq cents des cinq mille dossiers déposés par l’association ont déjà été examinés, avec un écrasant taux de rejet. Les refus concernent les petites valvulopathies (fuites cardiaques) qui sont les plus nombreuses.

La pneumologue Irène Frachon, qui a mis en cause dès 2007 le Mediator dans ces affections cardiaques, attribue les rejets à « la frilosité » des experts de l’Oniam. « C’est le reflet des difficultés inhérentes à la législation, qui réclame un lien de causalité direct et certain », explique Irène Frachon, qui ajoute : « On ne peut pas prouver à 100 % ce lien de causalité, mais il faut que le doute bénéficie à la victime, alors qu’il bénéficie à Servier ». Et de souligner qu’il « ne faut pas oublier le préjudice d’angoisse ». Selon Charles-Joseph Oudin, avocat de plus d’une centaine de malades, il s’agit d’une « décision idéologique et stratégique parce qu’il y a trop de dossiers », et « l’Oniam sort de sa mission ». Le Dr Courtois, lui, se dit « très en colère ».

« Distorsion »

Gérard Bapt, député PS de la Haute-Garonne, qui a été en pointe dans l’affaire du Mediator, ironise : « Les cardiologues, médecins ou chirurgiens, ont du mal à reconnaître la réalité des dommages sur une chose à côté de laquelle ils sont passés pendant plus de vingt ans ». Et il dénonce : « La façon dont travaillent les experts de l’Oniam ne correspond pas à l’esprit de la loi. Il y a une distorsion entre la volonté du législateur et du précédent ministre, qui était Xavier Bertrand, et l’indemnisation des petites valvulopathies ». Gérard Bapt se propose de rencontrer le directeur général de la Santé pour en parler, « car à l’évidence, cela va créer un trouble ». L’avocat Charles-Joseph Oudin partage cet avis : « Ça risque de péter à la gueule du gouvernement », dit-il.

La ministre de la Santé, Marisol Touraine, s’est dite « très attentive à ce que les victimes puissent être indemnisées correctement ». Pour elle, le laboratoire Servier « devra assumer ses responsabilités ». Une attitude critiquée en creux par le député Arnaud Robinet (UMP, Marne), ancien rapporteur de la loi sur le médicament adoptée fin 2011, qui demande au gouvernement de prendre « des décisions très fermes ». « En créant le fonds d’indemnisation des victimes du Mediator, écrit Arnaud Robinet, Xavier Bertrand avait demandé une indemnisation juste et rapide […] Il en va de la crédibilité et de la confiance des Français en notre système de soins, de notre sécurité sanitaire et de nos industries pharmaceutiques. »

Patrick FLUCKIGER.  

SOURCE : http://www.republicain-lorrain.fr/france-monde/2012/10/04/mediator-ca-va-peter-a-la-gueule-du-gouvernement


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L’industrie nucléaire n’est plus compétitive

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Mediapart  06 JUILLET 2012 | PAR MICHEL DE PRACONTAL

Au-delà des risques qu’il implique pour l’environnement et la santé publique, le nucléaire pose le problème de sa viabilité économique. Le rapport que Mediapart publie ici en exclusivitésynthétise un grand nombre de données chiffrées qui permettent d’évaluer les véritables perspectives industrielles du nucléaire, en France et dans les autres pays, au-delà des discours partisans et des arrière-pensées politiques.

Après Fukushima, où en est l’industrie nucléaire dans le monde ? Quel est son rythme de progression ? Est-elle toujours concurrentielle face à l’essor des énergies renouvelables ? De nouveaux pays s’apprêtent-ils à construire des centrales ? Faudra-t-il prolonger la durée d’exploitation de celles qui sont en fonctionnement ? Comment la gestion des déchets radioactifs affecte-t-elle l’ensemble de la filière nucléaire ?

Mycle Schneider en 2010Mycle Schneider en 2010© Boellstiftung

A toutes ces questions, le World Nuclear Industry Status Report 2012 apporte des réponses précises et documentées. Ce rapport, réactualisé chaque année depuis 2007 (deux éditions antérieures sont parues en 2004 et 1992), est l’œuvre de deux consultants indépendants dans le domaine de l’énergie : Mycle Schneider, qui étudie l’industrie nucléaire depuis trente ans, et que Mediapart a interviewé sur la situation au Japon et l’après-Fukushima (voir ici et) ; et Antony Froggatt, chercheur et écrivain spécialisé dans les questions de politique nucléaire, installé à Londres.

Si la catastrophe de Fukushima a mis le risque nucléaire et l’exigence de sûreté au premier plan, le rapport de Schneider et Froggatt se concentre sur l’analyse des variables économiques qui affectent le développement de l’atome civil. Disons-le d’emblée, ce rapport brosse le portrait d’une industrie en déclin, luttant pour sa survie dans un environnement de plus en plus défavorable, tant du point de vue des coûts de fonctionnement que de celui de l’opinion publique.

L’analyse de Froggatt et Schneider est à contre-courant des discours le plus souvent entendus en France, influencés par les avocats de l’industrie nucléaire. Elle démontre que l’idée d’une « renaissance nucléaire », mise en avant par le lobby de l’atome, relève plus de l’autopersuasion, du wishful thinking, que de la réalité chiffrée.

Lire la suite sur le site de Médiapart

SOURCE : http://www.mediapart.fr/journal/international/060712/lindustrie-nucleaire-nest-plus-competitive

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SANTÉ PUBLIQUE Nanotechnologies : l’évaluation des risques confiée aux… multinationales

BASTA !   PAR AGNÈS ROUSSEAUX (21 MAI 2012)

Une vaste étude sur les risques sanitaires des nanotechnologies vient d’être lancée en Allemagne. Elle sera menée, entre autres, par le géant de la chimie BASF, leader dans la fabrication de « nanomatériaux »… De quoi sérieusement douter de l’impartialité des résultats.

Pourrait-on confier une étude sur les méfaits du Mediator aux laboratoires Servier ? Ou une étude sur le risque nucléaire à Areva, ou sur les cancers de l’amiante au secteur du BTP ? C’est pourtant ce que vient de proposer le gouvernement allemand. Le 15 mai, il a annoncé le lancement d’une étude sur les dangers pour la santé humaine des nanoparticules, notamment sur les effets à long terme sur les poumons. La réalisation de cette recherche a été confiée à BASF, multinationale allemande, leader mondial de la chimie, et… grand producteur de nanoparticules (et d’OGM).

BASF réalise 2 milliards d’euros de chiffre d’affaires chaque année sur la vente de produits basés sur les nanotechnologies, dans l’électronique, les additifs pour béton, les équipements médicaux, les peintures et revêtements… Comme ceux de la marque « mincor™ » utilisés dans l’industrie textile, automobile et la construction : ce revêtement de surface de nanoparticules devient, en séchant, hydrofuge, et permet que les surfaces « restent propres plus longtemps ».

Lésions de l’ADN

Menée en partenariat avec le ministère de l’Environnement et de la Sécurité nucléaire (BMU) et l’Institut de la santé et de la sécurité au travail (BAuA), cette étude doit durer quatre ans – pour un budget de 5 millions d’euros. « Il n’existe aucune autre étude comparable de cette ampleur sur les effets des nanomatériaux », a souligné Andreas Kreimeyer, responsable de la recherche chez BASF. Des recherches ont cependant déjà montré les effets des nanoparticules sur l’ADN, et leur capacité à briser la barrière hémato-encéphalique qui protège notre cerveau. Ou les effets « similaires à ceux de l’amiante » des nanotubes de carbone – matériau ultrarésistant utilisé dans l’industrie –, qui provoquent des lésions de l’ADN et la formation d’aberrations chromosomiques.

« Avec ce projet, nous allons faire une avancée majeure dans la protection de la santé et l’environnement », se réjouit la présidente du BAuA. « Les résultats rendront possible l’estimation du risque et permettront de fixer des valeurs limites. » BASF sera donc en première ligne pour fixer les valeurs limites légales, pour son activité et celle de ses concurrents ! Et que pense-t-on des nanos à BASF ? « De nombreuses solutions à des problèmes dans des domaines tels que la protection du climat, la mobilité et la médecine ne sont pas possibles sans les nanotechnologies. En tant que telles, elles sont une source majeure d’innovation, qui nous permet d’étendre notre activité sur une base rentable en offrant de nouvelles solutions pour nos clients », affirme le directeur de la recherche de BASF, sur le site de l’entreprise.

« Pour générer l’acceptation, nous devons fournir des informations sur les nanotechnologies et en discuter en termes ouverts et facilement compréhensibles (…). Nous avons besoin d’un climat favorable à l’innovation », poursuit-il. Quant à fixer des normes et valeurs limites pour la protection des travailleurs et des consommateurs : « Les décideurs politiques doivent fixer le cap et réglementer la manipulation des nanomatériaux, de telle sorte que nous ne perdions pas les énormes possibilités offertes par cette technologie », déclare ce dirigeant de l’entreprise qui devra piloter l’étude sur les risques sanitaires de cette « source majeure d’innovation ». En toute objectivité bien sûr…

Agnès Rousseaux

SOURCE : http://www.bastamag.net/article2393.html

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Les anti gaz de schiste remontés

  PUBLIÉ LE 01/04/2012 03:46 | GÉRALD CAMIER

Hier dans les rues de Toulouse./Photo DDM, F. C.

Hier dans les rues de Toulouse./Photo DDM, F. C.

« Est-ce qu’il y a des personnes qui n’ont jamais entendu parler du gaz de schiste ? ». Sur près de 300 militants réunis, hier vers 15 heures, devant le Monument aux Morts de Toulouse à l’appel du collectif Aquitaine/Midi-Pyrénées contre le gaz de schiste, une seule main s’est levée. Apparemment, tout le monde, ou presque, est au parfum, mais Marie-Florence Marchand, du collectif 47, en a quand même profité pour faire un petit historique.

Car, loin s’en faut, le dossier qu’on croyait définitivement enterré depuis que la loi de juillet 2011 interdit la fracturation hydraulique pour extraire et explorer le gaz de schiste, refait surface.

Des dizaines de permis déposés par de grandes compagnies pétrolières sont actuellement à l’étude dans plusieurs régions françaises. En Midi-Pyrénées, selon les services de l’État, deux dossiers seront prochainement remis à l’instruction, notamment concernant les territoires de Beaumont-de-Lomagne (Tarn-et-Garonne) et Mirande (Gers), mais rien n’est confirmé. Le bras de fer est désormais engagé entre les associations environnementales, les écologistes et le puissant lobby pétrolier. Pour les anti gaz de schiste, la loi de juillet 2011 est une loi « en trompe-l’œil », « car l’exploration du sous-sol, destinée à mesurer son potentiel énergétique en utilisant des forages profonds, reste toujours possible », comme le souligne Yves Pietrasanta, chimiste et vice-président du conseil régional de Languedoc-Roussillon.

SOURCE : http://www.ladepeche.fr/article/2012/04/01/1320496-les-anti-gaz-de-schiste-remontes.html

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Gaz de schiste : l’embrouille !

   PUBLIÉ LE 28/03/2012 09:04 | GILLES-R. SOUILLÉS

Pour José Bové « la manœuvre du gouvernement est inacceptable ». Il attends l'abrogation pure et simple de la loi./Photo DDM, Cédric Méravilles

Pour José Bové « la manœuvre du gouvernement est inacceptable ». Il attends l’abrogation pure et simple de la loi./Photo DDM, Cédric Méravilles

En catimini, un rapport a été remis au gouvernement le 22 mars. Il préconise la mise en œuvre d’expérimentations. Les opposants mobilisent samedi à Toulouse.

Officiellement, après une grosse polémique et l’annulation de trois permis de recherches fin 2011, l’exploitation du gaz de schiste en France selon la technique de la fracturation hydraulique était quasiment abandonnée. Mais voilà, à un mois de l’élection présidentielle, le rapport final de la mission d’inspection (PDF) sur les hydrocarbures de roche-mère, remis en toute discrétion jeudi dernier, au ministère de l’Environnement, remet de l’huile sur le feu.

Si la loi du 13 juillet 2011 interdit globalement la fracturation hydraulique (seule technique disponible à l’heure actuelle pour explorer ces hydrocarbures non conventionnels), elle évoque aussi la mise en œuvre « d’expérimentations réalisées à seules fins de recherche scientifique sous contrôle public ». C’est ce point très précis que les auteurs du rapport ont exhumé pour préconiser des essais sur un « nombre limité de puits ». Inutile de préciser que les opposants à l’exploitation, mis au parfum, voient rouge, en considérant qu’une nouvelle brèche est ouverte dans le principe d’interdiction de la fracturation hydraulique. Le collectif régional n’a d’ailleurs pas perdu de temps et a déjà convoqué une manifestation samedi, à 15 heures devant le Monument aux Morts de Toulouse.

Les opposants mobilisés

« L’annonce du déblocage des permis de recherche qui étaient en attente d’instruction et leur dépôt à la Préfecture de Haute-Garonne, est un scandale explique le collectif. Des dizaines de nouveaux permis sont remis à l’instruction dans plusieurs régions de France, dont en Midi-Pyrénées, le permis de Beaumont de Lomagne et le permis de Mirande, alors que l’on sait que cette technique occasionne des dégâts environnementaux et sanitaires irréversibles ». Du côté de la préfecture et de s services de la direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (Dreal), on ne faisait, hier, aucuns commentaires.

Pour les auteurs du rapport, il s’agit en substance de ne pas gâcher le potentiel des richesses du sous-sol français, tout en prenant, assurent-ils, « le maximum de précautions » techniques. De la surveillance de la cimentation des puits, à celle des nappes phréatiques, ou de la qualité de l’air… Un discours qui ne trompe pas José Bové. « Ce sont des pseudos recherches scientifiques. Le gouvernement a voulu laisser la possibilité aux industriels de changer de procédé. On veut en quelque sorte blanchir la technique d’exploitation pour nous dire, circulez y’rien à voir, explique le leader écologiste. C’est inacceptable et c’est pour cela qu’on s’est battu au printemps dernier, parce qu’on savait très bien ce qu’il en était de la loi ». Lui, mise sur un changement de majorité à la présidentielle. « Cette loi doit être abrogée par le prochain gouvernement, martèle-t-il, de même que les 61 permis d’exploitations en cours. Sinon, ce sera la porte ouverte aux industries pétrolières ».

Pour l’heure, un calendrier a déjà été prévu par le gouvernement. Une commission nationale d’orientation, de suivi et d’évaluation des techniques d’exploration et d’exploitation va être créée pour procéder à des recueils de données par des carottages classiques. Des expérimentations seraient réalisées ensuite dans le Bassin parisien où des permis ont été accordés pour des huiles de schistes, avant avis de la commission pour un vote au Parlement au second semestre 2013.Mais d’ici là, il se sera passé beaucoup de choses.

SOURCE : http://www.ladepeche.fr/article/2012/03/28/1317062-gaz-de-schiste-l-embrouille.html


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