Médiator : victime cherche expert désespérément

La République des Pyrénées.fr     Par Evelyne Lahana
Publié le 10 novembre 2011 à 04h00
Mis à jour à 07h33

Pierre Puyau et son avocat, Me Garcia, sont désemparés : ils ne trouvent pas d’expert «neutre» pouvant confirmer ou infirmer que le Médiator est responsable des problèmes cardiaques du retraité. © archives pp

Me Claude Garcia, avocat de Pierre Puyau, 67 ans, cet ancien boucher de la rue du XIV juillet, qui a pris du Médiator de 1994 à 2009 et qui a déposé plainte contre les laboratoires Servier pour blessures involontaires, ne parvient pas à trouver un expert susceptible de déterminer si les graves problèmes cardiaques dont souffre son client, sont liés à la prise de ce médicament pendant quatorze ans.

Pour la première fois, le 15 juin dernier, une affaire concernant le Médiator a été plaidée à Pau. Pierre Puyau a assigné devant le tribunal de grande instance les laboratoires Servier. Le sexagénaire souhaitait obtenir une expertise judiciaire ainsi qu’une provision sur d’éventuelles futures indemnisations. pour l’heure, il n’a eu gain de cause que sur le premier point.

Le 29 juin, le tribunal de grande instance de Pau avait désigné notamment le professeur Michel Komadja, expert auprès de la Cour de cassation, cardiologue exerçant à la Pitié- Salpêtrière à Paris.

Pneumologue au centre hospitalier de Brest et auteur du livre « Médiator 150 mgr. Combien de morts ? » Irène Frachon a alerté l’avocat palois lui indiquant que cet éminent spécialiste avait exécuté des travaux et notamment des analyses sur des médicaments destinés à des pathologies cardiaques pour le compte des laboratoires Servier. L’avocat a alors alerté Bruno Karl, le président du tribunal de grande instance. Entre-temps, le professeur Michel Komadja avait déjà indiqué qu’il refusait d’effectuer cette mission.

Un autre expert avait été nommé. Il s’agit du Dr. Michel Bernard, un thérapeute qui exerce dans le 17e arrondissement à Paris. Mais voila que ce dernier s’est également désisté. Il a adressé une lettre au juge du tribunal de grande instance, chargé des expertises, précisant que « pour des raisons d’incompatibilité d’intérêt», il ne pouvait accepter d’effectuer cette tâche. Me Garcia a écrit à nouveau au président du tribunal de grande instance de Pau afin qu’il nomme un autre médecin, mais local cette fois : « Tous les grands experts cardiologues ont travaillé pour les laboratoires Servier ce qui révèle la toile tissée par Servier autour de la cardiologie française » dénonce Me Claude Garcia.

SOURCE : http://www.larepubliquedespyrenees.fr/2011/11/10/mediator-victime-cherche-expert-desesperement,217832.php

Facebooktwitterlinkedinmail

Médiator, histoire d’une dérive MARDI 8 novembre 2011 à 20:40 sur ARTE

Mediator, Histoire d’une dérive ?

LE 8 NOVEMBRE À 20H40

Réalisateurs : Bernard Nicolas, Kader Bengriba
Producteur : IMPACT PRESSE

Une enquête rigoureuse sur le scandale des laboratoires Servier et les conflits d’intérêt qu’il a révélés au cœur de notre système de santé.

DISPONIBLE EN DVD à la DEMANDE

Le 30 novembre 2009, le Mediator, élaboré par le groupe Servier, prescrit dans le traitement du diabète mais aussi vendu comme coupe-faim, est discrètement retiré du marché après trente-trois ans. Douze ans plus tôt, l’Isoméride, un produit très voisin du même laboratoire, avait pourtant été interdit en raison des risques pulmonaires et cardiaques induits pour le patient. Comment Servier, aujourd’hui inculpé d’homicide involontaire et de “tromperie”, a-t-il pu commercialiser aussi longtemps le Mediator, causant de 500 à 2 000 morts et infligeant de graves séquelles à des milliers de patients ?

Comme le démontre cette enquête, sur la base de témoignages et de documents en partie inédits, ce médicament n’aurait jamais dû être autorisé, le laboratoire ayant dès 1976 ignoré une étude niant son efficacité. Mais ce dernier n’est pas l’unique responsable. Alors que les signes de danger se multipliaient dans les années 1990, l’Afssaps (Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé) n’en a tenu aucun compte. Remboursé par la Sécurité sociale à 65 %, pour un prix de 5 euros, le “coupe-faim du pauvre” a continué d’empoisonner des milliers de personnes. Il sévirait encore sans la franc-tireuse Irène Frachon, la pneumologue du CHU de Brest qui a accumulé les preuves médicales à son encontre, puis fait éclater le scandale pour réclamer l’indemnisation des victimes.

L’arbre et la forêt
Méthodiquement, Kader Bengriba et Bernard Nicolas (France Telecom, malade à en mourir, diffusé en 2010 par ARTE) explorent le long règne du Mediator, symbole d’une industrie pharmaceutique en mal d’éthique. S’il a donné lieu à une réforme censée assainir notre système de pharmacovigilance, la “démocratie sanitaire”, comme le rappelle Irène Frachon, n’est pas encore advenue. Combien d’autres victimes cache l’arbre Mediator, alors que les “accidents” médicaux se chiffrent à plusieurs milliers de morts par an ?
sOURCE : http://www.artevod.com/mediator_histoire_derive

Facebooktwitterlinkedinmail

Affaire du Mediator. Gérard Bapt : "Je n’ai jamais diffamé Servier"

   PUBLIÉ LE 01/11/2011 07:47 | RECUEILLI PAR THOMAS BELET

Gérard Bapt, député de Haute-Garonne, est accusé de diffamation par Servier./DDM archives

Gérard Bapt, député de Haute-Garonne, est accusé de diffamation par Servier./DDM archives

Député PS de la seconde circonscription de la Haute-Garonne et président de la mission d’information parlementaire sur le Médiator, Gérard Bapt est poursuivi en diffamation par les laboratoires Servier aux côtés de deux journalistes de « Libération ». Dans le cadre d’une interview à « Libé », Gérard Bapt avait déclaré que le laboratoire Servier allait jusqu’à « falsifier des cas pour que le décès des patients n’apparaisse pas » pour le médicament Protélos et accusé Servier de « développer des méthodes perverses et pas seulement pour le Médiator ».

Vous attendiez-vous à une attaque en diffamation ?

Non, absolument pas. Même si Servier est un habitué de ce type de procès en diffamation, je pense qu’il se tire une balle dans le pied. Il n’y a qu’à regarder ce qu’il s’est passé avec Irène Frachon. Le laboratoire Servier l’a attaquée suite à la parution de son livre « Médiator : combien de morts ? », et après avoir gagné le procès en première instance, il l’a perdu en appel. On a parlé du livre, et cela a boosté les ventes. Après, pour mon cas, c’est à la justice d’en décider.

Avez-vous des preuves sur ce que vous reprochez à Servier ?

Mes propos s’appuient sur un rapport d’inspection 2010 de l’agence européenne du médicament. Ce rapport met en lumière un certain nombre de dysfonctionnements graves. Il apparaît notamment que deux cas de décès sont survenus chez des patients sous Protélos ayant développé ensuite un « dress syndrom ». Ces éléments n’ont jamais été mentionnés par le laboratoire Servier.

Avez-vous déjà subi des pressions de Servier ?

J’ai reçu plusieurs lettres de son avocat m’accusant de violer le principe de séparation des pouvoirs. Ils sont même allés jusqu’à écrire au président de l’Assemblée nationale Bernard Acoyer dans l’espoir de me faire taire.

SOURCE : http://www.ladepeche.fr/article/2011/11/01/1205619-gerard-bapt-je-n-ai-jamais-diffame-servier.html

 


Facebooktwitterlinkedinmail

Gaz de schiste : premier jumelage France-Québec

Agence QMI  
François C. Guèvremont
24/10/2011 20h05

Environnement - Gaz de schiste : premier jumelage France-Québec

Jacques Villemaire, maire de Saint-Denis-sur-Richelieu, s’est réjouit du jumelage avec la France. En arrière-plan, la banderole avec les 4200 signatures de France.  

© Agence QMI
SAINT-DENIS-SUR-RICHELIEU – La municipalité de Saint-Denis-sur-Richelieu en Montérégie sera la première du Québec à être jumelée à une municipalité en France pour échanger de l’information afin de lutter contre l’industrie des gaz de schiste.

Saint-Denis-sur-Richelieu sera jumelée à la municipalité de Millau, dans l’Aveyron. L’annonce a été faite lundi aux abords du puits de la compagnie Canbriam, à La Présentation, devant une cinquantaine de manifestants.

Rappelons que la compagnie Canadian Forest Oil a foré l’automne dernier un puits à Saint-Denis-sur-Richelieu, qui compte 2300 habitants.

« Dès demain, nous allons commencer à travailler avec eux, a dit le maire de Saint-Denis-sur-Richelieu, Jacques Villemaire. Nous voulons aller chercher la recette qui permet aux Français de mobiliser leur peuple et de sortir dans les rues contre les gazières. »

Une militante anti-gaz de schiste française était aussi présente lors de l’annonce. Elle avait apporté une banderole signée par 4200 membres de comités de mobilisation dans son pays. Elle l’a laissée pour quelques mois aux opposants québécois.

« C’est une lutte internationale, autant en Pologne, aux États-Unis qu’au Québec, a indiqué la Française, Elisabelle Bourgue. Ce serait intéressant d’organiser plus de jumelage de ce genre entre des villes du Québec et de la France. »

Improvisation du gouvernement

Plusieurs députés du Parti québécois étaient présents à La Présentation pour appuyer les opposants à l’industrie gazière. Ils ont d’ailleurs réitéré la demande de leur parti d’instaurer un moratoire sur l’exploration et l’exploitation des gaz de schiste au Québec.

« Le gouvernement improvise avec les deniers publics, mais nous ne les laisserons pas improviser avec la santé des citoyens, a dit le député de Verchères Stéphane Bergeron. C’est clair qu’il y a des gens au gouvernement qui ne veulent pas que nous ayons l’information. Nous allons aller la chercher! »

Sa collègue Martine Ouellet, porte-parole de l’opposition officielle en matière de mines et de gaz de schiste et députée de Vachon, est allée encore plus loin. « Ce n’est pas de l’improvisation, c’est carrément de l’incompétence et de la complaisance avec les entreprises gazières », a-t-elle dit.

Elle déplore d’ailleurs les conditions dans lesquelles se déroule l’Étude environnementale stratégique, commandée par le Bureau d’audiences publiques sur l’environnement. « Ils veulent utiliser tout le territoire de la vallée du fleuve Saint-Laurent comme terrain d’expérience, a dit Mme Ouellet. Il faut mettre ces apprentis sorciers au pas. »

 

SOURCE : http://fr.canoe.ca/infos/environnement/archives/2011/10/20111024-200531.html

Facebooktwitterlinkedinmail

BARJAC (GARD)Gaz de schiste : 6 500 personnes manifestent

Le Dauphiné Libéré   Le cortège, avec les élus en tête, s’est déroulé dans les rues de Barjac.

les élus en tête, s’est déroulé dans les rues de Barjac.

Hier, à Barjac (dans le Gard), s’étaient donné rendez-vous les différents collectifs luttant contre l’exploitation du gaz de schiste. Ils étaient 6 500 à se déplacer d’Ardèche, de Drôme, d’Aveyron, de l’Hérault et du Gard. Un lieu de rassemblement symbolique puisque Barjac est actuellement concerné par le permis du bassin d’Alès.

Le but de la journée était de maintenir la vigilance. « L’abrogation le 12 octobre des permis de Nant, Montélimar et Villeneuve-de-Berg ne solutionne en rien la problématique. Et ce, sur l’ensemble de la France », a déclaré Michel Mariton, porte-parole du collectif ardéchois.

José Bové en invité surprise

Les textes abrogeant ces trois permis n’auraient, en effet, aucune valeur juridictionnelle. De plus, il reste 61 permis en cours sur le territoire français « et 88 demandes en attente », précise-t-il.

L’Ardèche est concernée par les permis de la plaine d’Alès et du bassin d’Alès. « De nombreux permis sont à cheval sur plusieurs départements, explique Michel Mariton. Notre intention est donc d’agir main dans la main ».

Une idée soutenue par Joël Jolivet, membre du collectif gardéchois et maire d’une commune concernée par le permis du bassin d’Alès : « Ensemble, nous permettons une mobilisation plus forte et une meilleure analyse de la situation. » José Bové, invité surprise, a pris le micro pour encourager les manifestants.

SOURCE : http://www.ledauphine.com/ardeche/2011/10/23/gaz-de-schiste-6-500-personnes-manifestent

Facebooktwitterlinkedinmail

Gaz de schiste en Pennsylvanie, « leurs constats sont inquiétants »

Québec • Un groupe d’élus municipaux et de 55 citoyens québécois sont revenus de Pennsylvanie. Ils ont constaté l’enfer auquel s’attend le Québec dans 15 ans si les gazières foraient les 20 000 puits prévus dans leur plan d’exploitation du gaz de schiste.

Les participants et participantes tiennent à partager leurs commentaires et impressions1 au retour de ce périple. Plusieurs ont été surpris de la gravité de la situation, particulièrement dans les régions rurales de la Pennsylvanie, qui ont de nombreuses similitudes avec la vallée du Saint-Laurent.

Ils ont constaté que les infrastructures des régions rurales ne sont pas adaptées à un tel changement de vocation, créant des embouteillages, un trafic routier accru, des bris de routes et de ponts et l’abandon de fermes.

Les problèmes sociaux habituellement retrouvés dans les milieux urbains surgissent maintenant dans ces milieux ruraux qui ne sont pas préparés à y faire face.

Sur le plan de l’économie locale, leurs craintes quant à la diminution radicale de la valeur des propriétés lorsque l’industrie des gaz de schiste s’installe ont été confirmées.

L’augmentation du coût de la vie est présente dans le quotidien, une réalité dont ils ont été témoins. Cette situation peut certainement mener une partie de la population à un seuil critique de pauvreté.

Leurs pires craintes ont été confirmées concernant les dommages environnementaux sur l’approvisionnement en eau potable et sur la qualité de l’air.

Ils ont reçu à plusieurs reprises des mises en garde de scientifiques et de citoyens concernés. Ils se sont adressés aux Québécois afin que ceux-ci évitent de se lancer dans le développement de cette énergie fossile non conventionnelle et tournent plutôt le regard vers les énergies renouvelables. Comme leur a dit monsieur Calvin Tillman, ex-maire de Dish au Texas, « lorsqu’on sait, on ne peut plus ignorer ».

Le Parti libéral du Québec sait aussi tout ça, mais il l’ignore. En fait, le PLQ vous ignore nonchalamment. Le Parti québécois lui réclame un moratoire complet sur l’exploration et l’exploitation des gaz de schiste. « Avec tout ce qu’on apprend depuis un an, il faut, nous aussi, comme en France, interdire la fracturation hydraulique. Le gouvernement Charest doit, d’ici l’ajournement des travaux parlementaires en décembre, présenter un projet de loi en ce sens », a déclaré Martine Ouellet.

L’Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique (AQLPA) appuie les citoyens qui répètent au gouvernement la non-réceptivité du projet par la population. L’AQLPA est l’organisme à l’origine du soulèvement populaire actuel contre le gaz de schiste. Elle dénonce depuis deux ans cette filière et la façon dont elle a été mise en place.

 

Compte-rendu sur le voyage du groupe de citoyens au pays des gaz de schiste en Pennsylvanie

Source : http://depeches.ameriquebec.net/2011/10/18-gaz-de-schiste-en-pennsylvanie-leurs-constats-sont-inquietants.qc


Mardi 18 Oct     – 10:30     – Saint Luc

Caraman. Conférence sur les dangers du gaz de schiste

Caraman. Conférence sur les dangers du gaz de schiste

Le 4 octobre, le gouvernement a annoncé, avec fracas, l’abrogation des permis d’exploration du gaz de schiste. En fait, il ne s’agit que des 3 permis autour de la zone de visite du Président de la République. 61 autres permis sont toujours en vigueur dont plusieurs en Midi-Pyrénées et l’Assemblée Nationale vient de refuser un projet de loi interdisant l’exploration et l’exploitation du Gaz de schiste. Pour comprendre les enjeux et les risques de l’exploitation du gaz de schiste, en particulier pour les terres agricoles, Europe Ecologie-Les verts Lauragais organise un débat public autour de la projection du film « Gasland ».

Aujourd’hui mardi 18 octobre à 20 h 30, -Halle centrale de Caraman. Entrée gratuite.

Source :  http://www.ladepeche.fr/article/2011/10/18/1194959-caraman-conference-sur-les-dangers-du-gaz-de-schiste.html


Voir aussi : http://www.lunion.presse.fr/article/aisne/gaz-de-schiste-le-permis-dexploration-de-chateau-thierry-maintenu

Facebooktwitterlinkedinmail

Gaz de schiste : «Le corps des Mines est la fois juge et partie»

  • Post category:Gaz de schiste

liberation.jpg   Par PROPOS RECUEILLIS PAR LAURA THOUNY

Un puits d’exploration en Pologne. (REUTERS)

Le 14 septembre prochain, c’est la rentrée des anti-gaz de schiste. Uneloi interdisant l’exploitation de cet hydrocarbure par «fracturation hydraulique» – une technique jugée hautement polluante – a été adoptée en juin dernier, après la révélation que des permis avaient été délivrés en catimini par le ministère de Jean-Louis Borloo en 2010. Le texte donnait deux mois aux industriels pour qu’ils expliquent comment ils comptent exploiter leurs gisements. Ils rendront leurs conclusions dans quelques jours, et pourraient bien en profiter pour contourner la loi, nous explique Marine Jobert, journaliste et co-auteur de l’enquête Le vrai scandale des gaz de schiste. Laquelle dénonce notamment le rôle central du Corps des mines dans ce feuilleton écologique.

Dans votre ouvrage, vous montrez l’implication permanente du puissant corps des ingénieurs des Mines (1) dans les décisions relatives aux gaz de schiste. En quoi sont-ils liés à la signature des permis délivrés en mars 2010 ?

Les hydrocarbures non conventionnels attisent l’intérêt du Corps des mines depuis au moins dix ans. En 2006, déjà, ils avaient délivré des permis d’exploration dans le Bassin parisien. Ce sont eux qui décident quelle sera l’énergie de demain pour la France, sans en discuter avec qui que ce soit.

C’est Pierre-Marie Abadie, directeur de l’énergie et du climat au ministère de l’Ecologie, qui paraphe en mars 2010 les arrêtés autorisant l’exploration du sous-sol au nom de Jean-Louis Borloo, alors ministre de l’Ecologie. Pierre-Marie Abadie qui est lui-même est issu du corps des Mines. Je ne dis pas que Jean-Louis Borloo n’était pas au courant. Juridiquement, il devait l’être.

«Tout était déjà dans la presse. Nous ne sommes pas mandatés à perdre du temps à répercuter des informations qui sont déjà dans les canaux classiques», m’a expliqué un membre du CGIET (le Conseil général des  Mines, ndlr) quand je lui ai demandé pourquoi ils n’avaient pas informé le ministère sur les risques. Un comble !

Ce sont encore des membres du corps des Mines qui vont se prononcer sur l’éventuelle levée de l’interdiction édictée en juin.

Pour examiner l’avenir «des gaz de roches mère» en réponse au tollé du public, Nathalie Kosciusko-Morizet et Eric Besson — alors respectivement ministre de l’Ecologie et ministre de l’Industrie — ont désigné en avril 2011… des membres du Conseil général des mines et du CGEDD (issu de la fusion des Ponts et chaussées et de l’inspection générale de l’environnement, ndlr). Sans surprise, leur pré-rapport est favorable au gaz de schiste.

Ceux-là mêmes qui avaient délivré des permis l’année précédente ont expliqué que le gaz de schiste ne pouvait pas être abandonné. Et doivent maintenant se prononcer sur l’avenir des permis suspendus en juin pour deux mois par un «moratoire». Ils sont à la fois juge et partie !

D’ailleurs, si un pré-rapport a été rendu en avril, ils devaient rendre leurs conclusions fin juin. Nous sommes le 8 septembre et on l’attend toujours !

Dans votre livre, vous évoquez aussi un certain Julien Balkany…

Julien Balkany est le demi-frère de Patrick Balkany. A 30 ans, ce trader a été employé par la société Toréador, en possession de plusieurs permis d’exploration.

ll n’avait pas particulièrement de compétences dans ce domaine et il s’est retrouvé bombardé là avec un poste dont les attributions n’étaient pas très claires : administrateur et vice-président non-exécutif du conseil d’administration.

Dès qu’il a été exposé au plan médiatique (par L’Est républicain, ndlr) et qu’a éclaté la suspicion d’une connivence possible avec le pouvoir, Toréador décide de le changer de poste, et de le reléguer au rang de «conseiller».

Suite à ce changement de casquette, le président de l’entreprise remercie chaudement Balkany pour «sa contribution au développement de Toréador en France». Lorsqu’on  s’adresse à un haut fonctionnaire, la parole d’un Balkany a forcément plus de poids que celle d’un «Duchmol». Lui jure pourtant ses grands dieux qu’il n’a pas usé de son influence.

Quid des autres industriels du secteur amis du Président ?

Paul Desmarais et Albert Frère ont des parts dans des entreprises qui fabriquent des produits chimiques destinés à l’extraction des gaz de schiste. Ce sont aussi des amis de Sarkozy, à qui il a remis la grand Croix et qui étaient présents en 2007 à la soirée du Fouquet’s.

Paul Desmarais représente une figure paternel pour Sarkozy. Après la défaite de Balladur, il l’a beaucoup soutenu pendant sa «traversée du désert».

Lorsque la mission d’information parlementaire sur le gaz de schiste les convoque, Paul Desmarais et Albert Frère écrivent main dans la main un mot d’excuse. Ils sont d’une manière ou d’une autre liés par leur amitié vis-à-vis de Nicolas Sarkozy.

Comment les anti-gaz de schiste ont-ils réussi à faire voter une loi d’urgence ?

C’est une mobilisation exceptionnelle par son ampleur, sa transversalité et sa spontanéité.

Tout a commencé par une réunion spontanée de citoyens de l’Aveyron le 20 décembre 2010. Le mouvement a été repris en Ardêche… Et puis tout à coup cette mobilisation a explosé. Il y avait des collectifs partout. Des réunions tous les soirs, qui rassemblaient jusqu’à 300 personnes même dans les bleds paumés. Les élus étaient complètement stupéfaits par ce qu’ils voyaient.

Le poids de cette mobilisation a réveillé les parlementaires. Le réveil le plus abrupt a été celui des élus de droite, qui se sont rendus compte que des permis avaient été délivrés et ont découvert ce que sont les gaz de schiste et la fracturation hydraulique (cette technique qui consiste à injecter de l’eau et des solvants sous haute pression dans la roche pour extraire le gaz de schiste est accusée d’être hautement polluante, ndlr).

Il y a alors eu des déclaration tonitruantes de ces députés, comme Christian Jacob, patron des députés UMP qui déclare en mars 2011: «Je souhaite clairement que le moratoire soit prolongé ad vitam aeternam». Des déclarations sur lesquelles il va revenir en partie, comme ses collègues, lors de la rédaction de la loi sur le gaz de schiste.

Est-ce à ce moment qu’entre en action le lobby des pétroliers ?

Passé le moment de stupeur, les députés ont été bien plus prudents. Ils ont reçu la visite d’industriels qui leur ont expliqué que les gaz de schiste représentaient l’avenir énergétique de ce pays. Ils ont eux-même commencé à croire que l’on pouvait peut-être faire de la fracturation hydraulique «propre» et qu’il ne fallait pas fermer la porte à cette énergie.

Pourquoi la loi votée en juin ne règle-t-elle rien selon vous ?

Cette loi stipule que l’usage de la fracturation hydraulique est interdite sur le territoire. Mais elle ne tranche pas, ne dit pas si oui ou non on veut du gaz de schiste. Elle se contente de donner une réponse technique à un problème de société.

Il a été décidé que les industriels ont jusqu’au 14 septembre pour rendre un rapport dans lequel ils doivent expliquer quelles techniques ils comptent mettre en œuvre pour exploiter leurs gisements. Mais ils avaient déjà dit qu’ils utiliseraient la fracturation hydraulique lors de la délivrance des permis ! Et l’exploration comme l’exploitation ne peuvent se faire que par cette technique. Vont-ils l’appeler autrement ? Abandonner d’eux-même? Ou refuser de répondre?

La loi est trop floue, il faut s’attendre à quantité de recours juridiques de la part des industriels visant à prendre ce texte en défaut. Le combat des anti-gaz de schiste n’est pas terminé.

(1) De hauts fonctionnaires issus de la prestigieuse école des Mines. Celle-ci recrute principalement les meilleurs élèves de chaque promotion de l’école Polytechnique. Les membres du Corps des Mines détiennent des postes clés dans les principales branches de l’énergie publique. Ils constituent un réseau extrêmement solidaire et influant sur les choix énergétique du pays.

«Le vrai scandale des gaz de schiste», par Marine Jobert, journaliste, et François Veillerette, Président du «Mouvement pour les droits et le respect des générations futures», aux éditions «Les liens qui libèrent».

Source : http://www.liberation.fr/terre/01012358700-gaz-de-schiste-le-corps-des-mines-est-la-fois-juge-et-partie

Voir aussi ; http://www.rue89.com/planete89/2011/09/02/le-livre-sur-les-gaz-de-schiste-qui-derange-le-demi-frere-balkany-220063

http://blogs.mediapart.fr/blog/jjmu/040911/le-vrai-scandale-du-gaz-de-schiste

Facebooktwitterlinkedinmail

Une France sans nuage

Droit-médial.com

Écrit par Charles Duchemin   

Jeudi, 08 septembre 2011 06:35

nuage-radioactif.jpg


Les frontières naturelles ou politiques de notre territoire n’ont pas empêché les légions romaines, les Huns ou les Vikings de fouler nos verts pâturages. La ligne Maginot, elle-même, n’a pas réussi à repousser l’envahisseur teuton. Mais en 1986, un gouvernement a réussi à interdire l’entrée du territoire à un nuage radioactif venant de Tchernobyl ! Il aura suffi de quelques décisions dans les salons feutrés de la République pour que cette page de l’Histoire de la France soit écrite. Les salades, les champignons, le lait français n’ont pas été contaminés par les retombées, évitant aux forces vives de l’agriculture et du commerce nationales quelques mois sans profits. Des élus courageux ont su dire “non” à ce nuage sournois qui avait réussi à faire interdire la consommation de ces produits dans les pays voisins de l’Hexagone au nom de la santé publique. Il y a quelques siècles, ce phénomène aurait été qualifié de miracle et les décideurs sanctifiés, mais, de nos jours, il n’est question que de la gestion responsable d’un nuage de particules radioactives francophobes que les autorités ont menée avec brio…

Le grand public découvrait à peine Internet quand, le 26 avril 1986, le réacteur flambant neuf d’une centrale nucléaire ukrainienne partit en fumée. Pas de réseaux sociaux, pas d’accès à des sources d’information indépendantes, seuls les journaux télévisés de deux grandes chaînes de l’époque (le 19/20 de FR3 n’a commencé que le 6 mai 1986) et les grands quotidiens, habitués à taire grands et petits secrets d’État, étaient là pour apporter la bonne parole à une population naturellement inquiète. Les fidèles de la grand-messe du 20 heures ne pouvaient pas douter du professionnalisme de journalistes tels que Marie-France Cubadda ou Jean-Claude Bourret pour TF1, Bernard Rapp ou Claude Sérillon pour Antenne 2, sur les plateaux desquels les experts gouvernementaux se succédaient pour expliquer que tout allait bien.

Dans un pays dont les dirigeants successifs avaient fait le choix du nucléaire et souhaitaient vendre sa technologie, pas question de penser que cette énergie pouvait comporter des risques pour le territoire national. D’autant plus que la France n’était (et n’est toujours) pas un pays où l’on pouvait imaginer que des malfaçons touchent une centrale nucléaire, comme c’était le cas pour la centrale de Tchernobyl. Impossible aussi de croire qu’une série d’erreurs humaines puissent entraîner la destruction de toutes les coques de protection mises en place et que la santé de tout un chacun puisse être menacée à 2000 kilomètres du lieu d’une telle catastrophe alors que la centrale la plus proche de Paris ne s’en situe qu’à quelques dizaines de kilomètres. Tout cela ne pouvait arriver (n’arrive et n’arrivera) qu’aux autres. C’est ce que se sont sans doute dit, en toute bonne foi, les ministres de l’époque.

D’ailleurs, la cour d’appel de Paris vient de leur donner raison. C’est en toute logique qu’elle a prononcé un non-lieu, le 7 septembre 2011, dans la seule affaire dans laquelle ce fameux nuage faisait de l’ombre au seul responsable poursuivi : le professeur Pierre Pellerin, 88 ans, ancien responsable du service central de protection contre les rayons ionisants (SCPRI). Un homme courageux qui a dû se rendre au tribunal n’ayant pas la chance de pouvoir rester chez lui faute d’être atteint d’anosognosie, mieux conservé en cela que le premier ministre de l’époque, Jacques Chirac, à qui l’on reprochait d’avoir dit que les retombées radioactives épargnaient la France. Il n’est pas nécessaire de poursuivre une enquête qui n’aboutira à rien puisque les analyses scientifiques, en France, ne permettent pas d’établir un lien entre le passage du nuage radioactif et des maladies de la thyroïde, comme le soulignaient les recommandations du Parquet.
Face à une telle injustice, ne faut-il pas conseiller au professeur Pellerin de porter plainte à l’encontre de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) qui en 2006 a publié des cartes montrant les zones du territoire national les plus exposées aux retombées de césium 137 ? Ne faut-il pas encourager ce scientifique à traîner en justice l’endocrinologue corse qui a osé suggérer une augmentation du nombre de cas de pathologies de la thyroïde après 1986 sur l’île de Beauté, particulièrement touchée ? Tout comme les laboratoires Servier ont réussi à faire condamner l’éditeur du Docteur Irène Frachon pour la couverture du livre dans lequel elle dénonçait le scandale du Mediator, Pierre Pellerin pourrait sans doute obtenir justice…

Mais en attendant, il faut rendre hommage aux hommes et aux femmes qui géraient les affaires de la France à cette époque, car ils ont su faire preuve de sang-froid face à ce nuage s’échappant d’un brasier atomique. Il est important de citer quelques-uns de ses élus que l’on ne remercie pas assez souvent : François Mitterand, alors président de la République ; Jacques Chirac, premier ministre, comme cela a déjà été dit ; Michèle Barzach, ministre de la santé ; Charles Pasqua, ministre de l’Intérieur et bien d’autres ministres ou secrétaires d’État, comme Alain Juppé, Michèle Alliot-Marie, Gérard Longuet, André Santini et tous les autres.

Il faut se réjouir que, dans cette affaire, il n’y ait aucun responsable et aucun coupable, juste des “présumées” victimes. Il est vrai qu’après l’affaire du sang contaminé et de ses « responsables, mais pas coupables », qui avait touché le gouvernement sortant (celui de Laurent Fabius, auquel appartenaient Georgina Dufoix et Edmond Hervé), une nouvelle mise en cause du pouvoir politique aurait été des plus malvenue. Elle n’aurait pas empêché les uns et les autres de poursuivre leur carrière au plus haut niveau, mais elle aurait pu entamer la confiance sans faille qu’ont les citoyens en leurs dirigeants.

Quelles leçons tirer de ce passé ?
Les accidents nucléaires ne peuvent survenir qu’à des milliers de kilomètres de la métropole, l’accident de Fukushima en est la preuve.
Les techniciens français, dont la compétence est reconnue dans le monde entier, sont à l’abri de toute erreur humaine.
Si les autorités japonaises ont été assez naïves pour croire d’une seule coque pouvait permettre de confiner un réacteur, les autorités françaises ne font pas la même erreur. Les centrales françaises sont à double coque et leurs systèmes de sécurité sont à toute épreuve. Les experts sont formels sur ce point, aussi sûrs d’eux que l’était le professeur Pellerin quand il parlait des retombées radioactives.
C’est uniquement grâce à l’efficacité du formidable système de santé français que le nombre de cancers de la thyroïde a augmenté après 1986. Pour les experts de l’Institut national de veille sanitaire (InVS), établissement public placé sous la tutelle du ministère chargé de la santé qui a conseillé le gouvernement au moment de la grippe H1N1, c’est l’évolution des pratiques médicales qui a permis un meilleur dépistage de cette pathologie à l’origine de cette augmentation.
La justice française est des mieux armée et totalement indépendante pour gérer les affaires qui touchent à la santé publique, surtout lorsqu’elles s’accompagnent d’un volet politique.
Il n’y a pas eu de victimes de la catastrophe de Tchernobyl dans l’Hexagone grâce à des décisions gouvernementales, aussi discrètes que courageuses.

Douce France..

SOURCE : http://droit-medical.com/actualites/27-humeur/959-france-sans-nuage


Facebooktwitterlinkedinmail