Tchernobyl, Fukushima… On ne peut plus se fier à l’Etat

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Accueil  Par Michèle Rivasi | Députée européenne | 08/09/2011 | 17H30

La centrale de Tchernobyl et son sarcophage, le 24 février 2011 (Gleb Garanich/Reuters).

C’est officiellement la fin du long épilogue entourant le fameux nuage radioactif de Tchernobyl en France. Enfin, du moins, la fin que l’Etat souhaiterait nous faire accepter comme vérité historique. Après dix ans de lutte judiciaire, c’est la désillusion de troppour l’Association française des malades de la thyroïde (AFMT) et la Criirad. Les associations se pourvoiront en cassation, et, en dernier recours, nous ne pourrons que saisir la Cour européenne des droits de l’homme.

Alors que le procès du professeur Pierre Pellerin (seul responsable désigné de ce célèbre mensonge d’Etat) finit par un non-lieu, il convient de s’intéresser de près à cet évènement majeur disculpant l’énergie nucléaire et les méfaits de la radioactivité, pourtant bien connus. Ce procès devait faire date, mais l’Histoire ne retiendra qu’une chose : là où s’implante le nucléaire, la démocratie s’efface.

Une réaction française bien différente de celles de nos voisins

Si j’ai créé la Commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité (Criirad), c’est bien parce que j’ai pu constater – en tant que scientifique – que les retombées radioactives étaient bien plus lourdes que ne l’avançait l’Etat français, et dépassaient les normes fixées par l’Union européenne.

En Europe, la France a fait figure d’exception, sûrement parce qu’en avril 1986, 23 réacteurs nucléaires étaient en construction, ou en projet de construction.

Alors que nos voisins ont interdit la consommation d’aliments contaminés aux populations les plus vulnérables, alors que le mois d’avril connaissait une météo propice à la fixation des retombées radioactives (bruines et brouillards), alors que la production laitière battait son plein…

L’Etat français n’a rien fait pour protéger les premières victimes de ce mensonge : les enfants en bas âge. Si ceux-ci n’avaient pas consommé d’aliments contaminés et avaient été confinés chez eux, ils seraient aujourd’hui en parfaite santé.

Simulacre de procès, influence de l’oligarchie nucléaire

En 2006, pourtant, une étude épidémiologique de l’Institut national de veille sanitaire (INVS) aurait dû tous nous rassurer. Mais quand on s’intéresse de près à ce document, avec un œil d’expert, on remarque que la méthode employée n’est pas valide : l’espace de temps utilisé par l’étude est trop court et le questionnaire employé insignifiant.

En réponse à cette étude déclarée officielle, et dans le cadre du procès Pellerin, la juge Bertella-Geoffroy a mandaté les professeurs Pierre-Marie Bras et Gilbert Mouthon afin de vérifier si l’on pouvait démontrer un lien de cause à effet entre le nuage radioactif et l’augmentation des troubles thyroïdiens.

Cette étude a pu s’effectuer grâce au travail réalisé par le premier et seul endocrinologue installé en Corse (le docteur Fauconnier, que la France entière devrait saluer), qui a permis de comparer les troubles avant et après le 24 avril 1986. Sur un échantillonnage de 2096 dossiers, ce rapport, révélé en août dernier a démontré une hausse de 44% à 100% des troubles thyroïdiens après le passage du nuage radioactif.

La Corse va lancer une vraie étude épidémiologique

Mais voilà, la cour d’assises ne s’est que contentée de suivre les recommandations du ministère public, qui estimait en mars dernier que les scientifiques n’avaient mis en évidence aucune conséquence sanitaire mesurable. Selon une source proche du dossier, le rapport d’août dernier n’a été ni étudié, ni pris en considération par le magistrat qui a rendu la décision de mercredi.

Rien de bien étonnant, puisque la juge Bertella-Geoffroy avait été dessaisie de son travail sur Tchernobyl quatre jours après la catastrophe de Fukushima et quinze jours avant le renvoi du procès de mercredi. Inquiétant. La population corse rejette ces conclusions, et l’Assemblée territoriale corse s’apprête à débloquer le mois prochain 400 000 euros pour lancer un appel d’offre afin de réaliser une véritable étude épidémiologique.

Au Japon, mères inquiètes, médecins écœurés

L’Etat japonais est allé loin dans le cynisme pour éviter l’affolement de la population : les pastilles d’iodure de potassium qui évitent la fixation d’iode radioactif sur la thyroïde n’ont pas été distribuées automatiquement à tous ceux qui auraient dû en prendre.

Face à des autorités empêtrées dans des déclarations douteuses et minimisant l’impact réel des retombées de Fukushima, des mères inquiètes, des médecins écœurés par la désinformation et de jeunes militants s’engagent pour contrer la fatalité qui leur est imposée.

Tout comme dans le cas français, l’Etat n’a pas souhaité indemniser les agriculteurs afin de les dissuader de revendre leur production contaminée. La radioactivité se retrouve ainsi dans la chaîne alimentaire, sans qu’aucun contrôle sérieux ne soit effectué.

Des bénévoles japonais en formation en France

Avec le soutien technique de la Criirad (qui a notamment effectué un don de matériel à hauteur de 10 000 euros), une équipe de bénévole japonais est venu suivre une formation de quatre jours en France, afin d’être formés dans le domaine destechniques de mesure de contamination et de radioprotection. En effet, les autorités japonaises ont effectué une évacuation forcée dans un périmètre trop restreint et n’offrent aucune possibilité de relogement à ceux qui vivent dans des zones pourtant bien contaminées.

Regroupés au sein du CRMS (Citizen’s Radioactivity Measuring Station) les militants du « Projet 47 » (du nom des 47 préfectures japonaises) et le Réseau citoyen pour sauver les enfants de Fukushima cherchent à collecter des fonds pour acheter du matériel de détection. Leur but principal est de minimiser l’exposition des habitants de la préfecture de Fukushima jusqu’à leur évacuation des zones contaminées en avril prochain (début de l’année fiscale et scolaire au Japon).

Encore une fois, le cynisme des autorités empêchera de parvenir à la création d’une véritable étude épidémiologique, à partir de laquelle nous pourrions tirer des enseignements primordiaux en cas de nouvelle catastrophe nucléaire. L’Histoire se répète…

Photo : la centrale de Tchernobyl et son sarcophage, le 24 février 2011 (Gleb Garanich/Reuters).

SOURCE : http://www.rue89.com/michele-rivasi/2011/09/08/tchernobyl-fukushima-on-ne-peut-plus-se-fier-a-letat-221160

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De retour de Fukushima, où le silence et les mensonges tuent

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Accueil   Par Corinne Lepage | Présidente de Cap21 | 02/09/2011 | 19H10

Fleurs de cerisier à Tokyo (David Lee/Picasa)

Depuis plusieurs semaines déjà, la catastrophe de Fukushima ne fait plus la une de l’actualité. Pour l’immense majorité de nos concitoyens, la question est réglée et il va quasi de soi que Tepco, et Areva pour ce qui est du traitement des eaux polluées, maîtrisent parfaitement la situation.

Les personnes qui devaient être évacuées l’ont été, le taux de radioactivité baisse et le Japon, vu de France, est prêt à faire redémarrer des centrales. Du reste, régulièrement, la presse, informée par les soins du lobby nucléaire français, indique que telle ou telle centrale va redémarrer.

Cela est dramatiquement et tragiquement faux.

Des millions de mètres cube d’eau contaminée

Tout d’abord, les autorités japonaises – j’ai rencontré le secrétaire d’Etat à l’Environnement, le vice-ministre de l’Environnement et le vice-gouverneur de Fukushima – reconnaissent que la catastrophe est en cours et que rien n’est réglé.Les informations sont très rares.

Les autorités admettent que trois cœurs nucléaires ont fondu et que les cuves ont été transpercées. Cependant, ils ignorent ce qu’il se passe aujourd’hui, en particulier ce point vital de savoir si le radié a été percé par le corium ou non, ce qui signifierait, bien entendu, la pollution irréversible de la nappe phréatique.

Concernant le traitement de l’eau, Greenpeace considère qu’il vient à peine de débuter. Les autorités reconnaissent l’entassement de boues radioactives dont évidemment personne ne veut parler mais aussi les millions de mètres cube d’eau contaminée.

Les dosimètres encore bloqués à l’aéroport

En second lieu, et c’est tout aussi préoccupant, la situation des familles qui vivent dans la région de Fukushima est, au sens propre du terme, véritablement tragique. J’ai passé près de deux heures avec l’association, qui regroupe plusieurs centaines de familles et qui est animée par des femmes déterminées et révoltées.

On peut les comprendre. Ce qui leur est arrivé rappelle de très près ce que nous avons vécu avec Tchernobyl et la manière dont les choses se mettent en place nous renvoie au spectre du passé.

Tout d’abord, et même si on peut comprendre que, vivant en même temps un tremblement de terre et un tsunami, la situation était passablement désorganisée, l’organisation météorologique japonaise était tout de même dans l’incapacité suspecte de fournir les cartes des vents au moment de la catastrophe de Fukushima. Les populations n’avaient aucune idée d’où venaient les vents.

Aucune instruction ne leur a été donnée, aucune pastille d’iode ne leur a été distribuée. Il a fallu attendre plus d’un mois pour qu’elles puissent disposer d’une information publique sur le niveau de contamination et aujourd’hui, ce sont 40 000 dosimètres qui restent bloqués par décision politique à l’aéroport de Tokyo. Les familles ne savent donc pas quel est le niveau de la radioactivité dans laquelle elles vivent.

Les mères inquiètes pour leurs enfants

Sur le plan de l’alimentation, des prélèvements sont faits mais leurs résultats sont donnés bien après que les aliments ont été mis sur le marché et consommés. L’essentiel pour ces mères est, bien entendu, la situation de leurs enfants.

Voyage de Corinne Lepage au Japon

Au Japon, comme partout dans les pays membres de l’AIEA, le niveau admissible pour les populations est de 1 millisievert par an. Il est de 20 millisieverts pour les travailleurs du nucléaire. Aujourd’hui, dans les zones où vivent ces gens, dans la préfecture de Fukushima, le niveau est largement supérieur avec 5 millisieverts, jusque parfois 20 millisieverts.

Ces femmes exigent pour leurs enfants comme pour elles-mêmes le droit de vivre dans un environnement à 1 millisievert. Le problème est que personne n’a les moyens de répondre positivement à leurs questions.

Il faut envisager une évacuation plus large

Deux solutions sont envisageables : soit la décontamination – et on en parle beaucoup au Japon – soit l’évacuation. Il semblerait que quelques cours de récréation aient fait l’objet d’une décontamination, qui consiste à retirer 50 à 60 cm de terre, dont on ne sait du reste pas où on va la stocker.

Cela permet de réduire le niveau de la pollution. C’est peut-être possible au niveau local avec des résultats qu’il conviendrait de vérifier. C’est évidemment impossible à l’échelle d’une préfecture entière.

De ce fait, c’est bien la deuxième solution qu’il faut envisager. Elle consiste bien évidemment à permettre aux gens qui le veulent de partir. Mais pour qu’ils puissent s’en aller, encore faut-il leur permettre d’aller vivre ailleurs.

La vérité de la situation, et c’est là tout son aspect tragique, c’est que les autorités japonaises font ce qu’elles peuvent dans une certaine mesure. Toutefois, puisque l’information est confisquée, les moyens donnés aux gens pour connaître la réalité de la situation leur sont refusés.

Les agriculteurs pas indemnisés

Du point de vue du changement et des décisions techniques à prendre, le monde agricole n’est pas en reste et devient lui aussi victime de la défaillance des autorités.

La préfecture de Fukushima promeut les produits agricoles de la région de Fukushima et se plaint des mauvaises rumeurs qui les concernent. Il m’a été fait cadeau d’un magnifique cageot de pêches. La vérité est, bien entendu, que l’immense majorité des produits de cette zone ne devrait pas être consommée mais pour qu’ils ne le soient pas, encore faut-il que les agriculteurs qui les produisent puissent être indemnisés et gagner leur vie. Or, tel n’est pas le cas.

Cette situation absolument tragique à laquelle est exposée le Japon s’exprimerait ainsi pour tout pays industrialisé, les mêmes risques produisant probablement les mêmes effets. C’est précisément la raison pour laquelle la chape du silence s’est mise sur le Japon.

Corinne Lepage au Japon

Les médecins montent des réseaux parallèles

Les médecins n’ont plus le droit de parler et n’osent plus parler. Il semblerait qu’un réseau de pédiatres essaye de se mettre en place, que certains médecins, notamment dans les zones rurales, essayent d’organiser la population de manière à ce qu’elle se protège le mieux possible et qu’un suivi médical puisse être mis sur pied.

Mais tout ceci se fait par une voie citoyenne, par une voie parallèle, j’allais dire occulte, car de manière tout à fait évidente. Les autorités nucléaires ont décidé qu’il n’y aurait pas de connaissances fines et précises des effets épidémiologiques de cette catastrophe.

C’est contre ce mur de silence qu’il convient que, nous tous, nous nous révoltions car il s’agit d’enfants et les enfants de Fukushima pourraient être enfants de Fessenheim, du Bugey ou du Blayet. C’est notre responsabilité de parler, d’agir et d’aider les associations qui se battent avec les plus grandes difficultés sur place.

Chut, le Japon va sortir du nucléaire

En revanche, les autorités japonaises, qui mesurent très probablement leurs limites, même si elles ne peuvent pas l’exprimer, semblent avoir pris une vraie décision : celle de sortir du nucléaire.

En effet, il faut savoir, et cette information est soigneusement cachée en France pour des raisons que chacun peut comprendre, que le Japon a réduit de 28% sa consommation électrique depuis Fukushima et près de 40% dans la région de Tokyo. Il n’y a plus aujourd’hui que 14 réacteurs qui sont en activité sur 57.

Cette réduction massive a été obtenue par un éventail de mesures : par exemple, l’extinction des lumières dans les ministères pendant la journée, l’absence de climatisation (malgré les 38 degrés qu’il faisait à Kyoto voici quelques jours), l’extinction des grandes publicités dans Tokyo le soir ou une organisation différente du système de production industrielle qui travaille en roulement et qui a ainsi permis d’obtenir ce résultat remarquable.

Aussi, quand nous, Européens, nous demandons si nous arriverons à faire moins 20% d’ici 2020, il y a beaucoup à apprendre de nos amis japonais. Le nouveau Premier ministre l’a affirmé lors de sa campagne électorale : le Japon est décidé à ne plus construire de nouvelles centrales nucléaires, ce qui veut dire qu’il va sortir du nucléaire.

Quand ? Cela dépend, bien sûr, des stress-tests qui seront réalisés et de la réouverture ou non des centrales nucléaires fermées aujourd’hui en raison de la maintenance d’ici mars 2012.

Photos : instruments de mesure de la radioactivité ; Corinne Lepage avec les femmes de Fukushima (François Damerval) ; fleurs de cerisier à Tokyo (David Lee/Picasa).

Source : http://www.rue89.com/corinne-lepage/2011/09/02/de-retour-de-fukushima-ou-le-silence-et-les-mensonges-tuent-220331

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Tokyo doit être évacuée !

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AgoraVox le média citoyen  

L’impensable est devant nous : on ne peut plus vivre à Tokyo, la radioactivité y est trop forte. Ce terrible constat ne doit pas nous porter au désespoir. Tout au contraire, c’est l’occasion de faire sens de notre destin et de l’assumer.

Alors même qu’il se trouve encore des zozos comme Régis Debray pour nous chanter « Tout va bien Madame la Marquise » et ne retenir de Fukushima que la seule nécessité de ne pas construire de centrales nucléaires sur des failles sismiques, les rudes leçons de cette catastrophe nous sont livrées jours après jour sur un site de l’association militante Next-Up principalement engagée dans la lutte contre l’exposition criminelle du grand public aux champs électromagnétiques.
 
La dernière information communiquée est consternante : le niveau de radioactivité mesurable au sol est supérieur à 6 microsieverts par heure (6 µSv/h) ce qui donne 52 millisieverts par an (52 mSv/an) soit pas loin du triple de la dose maximale admissible pour les travailleurs du nucléaire et 52 fois (sic) la dose admissible pour le grand public selon les normes internationales étant donné que celles-ci se situent à 1 millisievert par an.
 
La conclusion tombe logiquement : il faut évacuer Tokyo.
 
La conclusion de la conclusion c’est que l’exposition de la population mondiale aux mensonges gouvernementaux et médiatiques va certainement atteindre des niveaux critiques, probablement jamais vus mais qui, malheureusement, ne vont pas étouffer les porte-paroles et leurs suppôts journalistiques.
 
Il faut savoir en effet que les mesures officielles ne sont pas réalisées au sol comme le font les dizaines de milliers de Tokyoïtes  disposant d’un compteur Geiger mais à 18 mètres de haut (selon la vidéo de Next-Up à 01:00), ce qui permet de diviser par 100 le degré d’exposition puisqu’on ne mesure plus alors que 0.06 µSv/h. Le problème est que les Tokyoïtes ne lévitent pas à 18 mètres de haut. Ils se déplacent avec les pieds au sol, là où l’exposition est cent fois plus élevée.
 
Le catastrophiste sain d’esprit et respecté qu’est Jean-Pierre Dupuy indiquait récemment sur France Culture [1] que le désastre de Fukushima avait changé la donne concernant le calcul des probabilités d’un accident nucléaire majeur. Tout à coup, le savant télescopage des grands nombres et de l’infiniment petit qui permettait d’annoncer un risque négligeable est ramené à une catastrophe majeure tous les trente ans, ce qui, bien sûr, est difficilement acceptable.
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Etudes bidon, conflits d’intérêts : l’aspartame dans de sales draps

Accueil   Par Sophie Verney-Caillat | Rue89 | 27/06/2011 | 19H05

Où sont les études qui ont autorisé l’aspartame ? Trente ans après sa mise sur le marché, leur absence embarrasse l’Europe.

Une cannette de Coca light écrasé (Goupil/Flickr/CC).

Lorsque la Food and Drug Administration (FDA) américaine a homologué l’aspartame (E951), elle a fixé une dose journalière admissible (la DJA) de 40 mg par kilo de poids corporel par jour. Comprendre que jusqu’à cette dose, correspondant à une trentaine de cannettes (33 cl) de Coca light pour un adulte de 60 kilos, le produit est inoffensif.

L’Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) a emboîté le pas à son homologue américaine, et la France a logiquement suivi. Problème : « Cette dose a été fixée au petit bonheur la chance », conclut le député Gérard Bapt, qui a déjà obtenu l’interdiction des biberons au bisphénol A en Europe.

L’enquête de Marie-Monique Robin « Notre poison quotidien » avait commencé à lever le voile sur cette affaire troublante. L’édulcorant le plus utilisé au monde, inventé par la firme Searle dont le patron était alors Donald Rumsfeld [que l’on retrouvera par la suite à diriger la guerre en Irak au côté de George Bush…], a été homologué peu après l’arrivée au pouvoir de son ami Ronald Reagan.

« Une décision purement politique », tranche la journaliste. Marie-Monique Robin a retrouvé la littérature scientifique juste avant l’autorisation :

« Tous les toxicologues de la FDA concluaient que ce produit était potentiellement cancérigène. Et par enchantement, après l’élection de Reagan, l’aspartame a été autorisé. Mais les études étaient toujours aussi contestables. »

Le dossier est introuvable

De nombreuses études publiées depuis tendent à prouver que la dose journalière admissible ne protège pas la santé des consommateurs, et fait courir aux femmes enceintes des risques d’accouchement prématuré. A chaque fois, leurs conclusions sont jugées pas assez scientifiques aux yeux des autorités sanitaires françaises et européennes.

Malin, le Réseau environnement santé a du coup décidé de demander à celles-ci de prouver, a contrario, que les études initiales étaient bien scientifiques. C’est là que le bât blesse. Laurent Chevallier, médecin et lanceur d’alerte, a demandé à Hugues Kenigswald, le chef de l’unité additifs alimentaires de l’Efsa, sur quoi se basait son autorisation. La réponse vaut son pesant de cacahuètes :

« L’Efsa ne dispose pas du dossier de demande d’autorisation de l’aspartame qui devait contenir ces études. Par ailleurs, les contacts que nous avons eus avec nos collègues de la Commission européenne semblent indiquer que la Commission ne dispose plus de ce dossier. Vous pouvez toutefois contacter monsieur Michael Flüh, chef de l’unité en charge des additifs alimentaires. »

Après plusieurs semaines, ce dernier n’a toujours pas retrouvé les études. L’eurodéputée Corinne Lepage, chantre du principe de précaution, s’insurge :

« L’Efsa n’a jamais eu les études sur lesquelles sont fondées son autorisation ou en tout cas ne les a jamais lues. Dès lors, comment oser rejeter les nouvelles études ? S’il faut avoir toutes les preuves que ce produit est nocif pour l’interdire, ce n’est plus de la précaution ! »

« Ils ne sont pas très à l’aise »

L’élue a réussi à faire voter en commission au Parlement de Strasbourg une disposition mettant en garde les femmes enceintes. Las, la mesure qui doit être adoptée définitivement dans le cadre de la directive sur l’étiquetage « sera retoquée en plénière », assure Corinne Lepage. Lobbies obligent…

En effet, quand on cherche à comprendre pourquoi l’agence européenne est si frileuse sur ce dossier, on découvre les liens douteux qu’entretiennent ses experts avec l’industrie.

Sur les vingt experts de la commission additifs alimentaires de l’Efsa, ils sont onze à avoir des conflits d’intérêts, dont un Français travaillant pour l’ANSES, révèle une enquête du Corporate Europe Observatory, une ONG spécialisée dans la lutte contre les lobbies. Certains experts ont ainsi « oublié » de déclarer qu’ils étaient aussi consultants pour Coca Cola… Corinne Lepage remarque :

« Ils ne sont pas très à l’aise à l’Efsa et à la direction générale santé et consommateurs de la Commission. Ils sentent que les mailles du filet se resserrent. »

Pour éviter qu’un scandale à la Mediator ne la frappe, l’agence européenne a décidé d’avancer à 2012 (au lieu de 2020) la réévaluation scientifique des données sur l’aspartame. Et l’agence française vient de lancer la réévaluation des bénéfices et des risques nutritionnels des édulcorants intenses, dont l’aspartame.

Quelle chance y a-t-il que cette fois, leur analyse soit objective ? Pour Marie-Monique Robin :

« Les autorités cherchent à gagner du temps. Quand la stévia aura remplacé l’aspartame, la question gênera moins les industriels. »

Avec Colette Roos, dont vous pouvez réécouter la chronique jusqu’au 1er juillet sur le site de l’émission Service Public de France Inter.

Photo : une cannette de Coca light écrasé (Goupil/Flickr/CC).

SOURCE : http://www.rue89.com/dessous-assiette/2011/06/27/etudes-bidon-conflits-dinterets-laspartame-dans-de-sales-draps-211122

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– Édition Spéciale Référendum : "A une écrasante majorité l’Italie plébiscite par vote sa sortie du nucléaire"

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Next-up

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A une écrasante majorité l’Italie vote sa sortie du nucléaire. 
CARTORADIATIONS 13 06 2011
C’est par un plébiscite (≥ 90 %) que les Italiens ont décidé par référendum de sortir du nucléaire !.
Ce dimanche soir à la clôture du premier jour de scrutin, le taux de participation au référendum incluant la sortie de l’Italie du nucléaire a battu tous les records des précédents référendums en s’établissant à 41,1 % selon le Ministère de l’Intérieur, ce taux était très encourageant.
Ce lundi à la fermeture de bureaux de vote, les projections du taux final de participation s’établirait à plus de 57 %, ce qui signifierait que le quorum de 50 % étant largement atteint, la levée de cet obstacle permettrait de valider les résultats du référendum, ceci sans attendre la comptabilisation du vote des résidents Italiens à l’étranger.
Silvio Berlusconi avait déclaré : “Je pense que je n’irai pas voter: c’est le droit des citoyens de participer ou non à un référendum.” Cette invitation indirecte à l’abstention ne doit rien au hasard, c’était la dernière carte possible pour que le Cavaliere ne subisse une cuisante défaite, le quorum du référendum étant atteint, il vient donc d’échouer dans cette ultime stratégie de basse politique. Dans cette démarche sans précédent et totalement contraire au devoir institutionnel Silvio Berlusconi était soutenu par plus de la moitié des membres de son gouvernement qui avaient déclaré qu’ils déserteront les urnes.
L’enjeu essentiel de ce référendum concernait le retour de l’Italie à l’énergie nucléaire, le résultat sera selon les sondages un vote massif à plus de 94 % et définitif des citoyens contre la réintroduction de l’énergie du nucléaire en Italie, ou plus simplement à terme la fin de l’énergie nucléaire en Italie, donc sa sortie du nucléaire, au même titre que l’Allemagne et la Suisse.

Voir la suite sur le site de Next-up.

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Fukushima : Midi-Pyrénées, une des régions les plus touchées

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   PUBLIÉ LE 26/05/2011 08:24 – MODIFIÉ LE 26/05/2011 À 11:13 | PHILIPPE RIOUX

Fukushima comme Tchernobyl

Fukushima comme Tchernobyl

L’arrivée sur l’Europe d’un nuage radioactif après l’accident survenu à la centrale nucléaire japonaise de Fukushima, avait conduit le gouvernement à assurer que les leçons de Tchernobyl – le fameux nuage s’arrêtant prétendument à nos frontières – avaient été tirées. Cette fois-ci, c’est en toute transparence que les Français connaîtraient la réalité des retombées radioactives. Jusqu’à hier, ce scénario n’avait souffert d’aucune faille. Las ! La Criirad (Commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité) a jeté ce mercredi un pavé dans la marre en demandant au Premier ministre d’ouvrir une enquête indépendante sur de « graves dysfonctionnements » concernant l’évaluation des retombées radioactives.

« Nous publions une carte qui prouve que la France a été contaminée dès le 22 mars, soit deux jours avant la date indiquée par l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN). Cette contamination n’a pas concerné seulement le sommet du Puy-de-Dôme mais les trois quarts de la France et plus particulièrement le Sud-Ouest », expliquait hier à La Dépêche, Corinne Castanier, directrice de la Criirad.

« Cela paraît invraisemblable que ces mesures importantes n’aient pas été communiquées en temps et en heure ; tout comme cela paraît invraisemblable qu’il y ait eu une erreur de la part d’experts de l’IRSN.

Selon nous, l’IRSN était tellement obnubilé par ses modélisations mathématiques qu’il a tout misé dessus pour démontrer coûte que coûte que ses prévisions d’une arrivée du nuage le 24 mars étaient bonnes. Lorsque les mesures du 22 lui sont parvenues, l’IRSN n’a pas dit qu’il s’était trompé de 48 heures. Mentir pour protéger une réputation et une modélisation au détriment de l’information du public, c’est très grave. Il y a une dimension de scandale. Que se passera-t-il lorsqu’il y aura un grave incident nucléaire en France ? », s’interroge Corinne Castanier, qui estime que, même si l’impact sanitaire de la radioactivité mesurée reste limité, les populations sensibles (femmes enceintes, enfants) auraient pu recevoir plus tôt les recommandations d’usage sur la consommation de produits laitiers ou de légumes.

Contacté par nos soins, le cabinet de la ministre de l’Écologie n’avait pas réagi hier soir au courrier de la Criirad.

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Source :  http://www.ladepeche.fr/article/2011/05/26/1090779-fukushima-notre-region-plus-touchee.html

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Amiante : 400 à 500 tonnes de déchets en plein air au cœur de Saint-Alban

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   PUBLIÉ LE 28/05/2011 10:19 | PHILIPPE EMERY

Les déchets amiantés au cœur de la zone d'activités, à deux pas du Géant Fenouillet./Photo DDM, N. Saint-Affre

Les déchets amiantés au cœur de la zone d’activités, à deux pas du Géant Fenouillet./Photo DDM, N. Saint-Affre

Le dépôt de déchets amiantés, présente un « danger grave et imminent », selon le médecin et l’inspection du travail. 5 employés de Gerlero refusent d’y travailler depuis jeudi.

Le dépôt est invisible depuis la RN 20 et l’hypermarché Géant-Fenouillet tout proches. Au cœur d’une discrète zone industrielle de Saint-Alban, on pénètre dans l’entreprise de démolition Gerlero et Fils par la rue de Fenouillet, que bordent une crèche, désaffectée depuis quelques semaines, et plusieurs maisons. Derrière les bureaux, à deux pas des réserves de deux grandes surfaces, où travaillent chaque jour de nombreux employés, « entre 400 et 500 tonnes de déchets amiantés (sont) stockées à l’air libre dans un état de dégradation avancée », selon la société de certification Qualibat.

« Big bag (gros sacs de chantier) éventrés, feuilles de polyane déchirées, stockage de plaques de fibrociment en plein air… Il existe un réel danger grave et imminent pour vos salariés (et) pour les riverains et commerces tout autour en fonction des vents dominants (autan et vent d’ouest) », écrivait le médecin du travail à Gerlero, le 21 février dernier.

Le 28 février, deux contrôleurs du ministère du Travail inspectaient le site : « Deux salariés effectuaient des travaux de reconditionnement de matériaux fortement dégradés

[…] contenant de l’amiante friable[…] les deux employés n’étaient pas habilités pour ce type de travaux et étaient équipés de protections individuelles non appropriées ». Des déchets étaient « entreposés pour certains depuis des années » sur ce terrain, sans les autorisations requises, relevaient aussi les contrôleurs qui ordonnaient l’arrêt immédiat des travaux de stockage, l’interdiction d’accès à la zone et le transport immédiat dans des emballages appropriés vers des déchetteries spécialisées. Rien n’a été fait depuis et, ce jeudi, cinq des 14 employés de Gerlero ont fait jouer leur droit de retrait et cessé le travail, informait hier le syndicat local Construction de la CGT, qui a distribué un tract dans la commune dès jeudi. Gerlero, dont la direction a refusé de s’exprimer hier, aurait des difficultés financières depuis 2008. La société devait être cédée, avec son personnel, en début d’année, mais le repreneur s’est désisté au dernier moment. « C’est un scandale industriel », s’est insurgé Cédric Vergé, leader de l’opposition municipale de Saint-Alban, tandis que le maire, Raymond-Roger Stramare, dont les services ont été alertés par une plainte du voisinage dès septembre 2010, faisait savoir que le dossier était traité par les services de l’État.
Des enfouissements sauvages ?
Gerlero se serait laissé aller à des pratiques douteuses, selon un de ses employés. Xavier, actuellement en arrêt maladie, précise : « Non habilité à travailler sur l’amiante, j’ai été forcé de participer à certains chantiers de désamiantage. Je me souviens de celui de Rouleau Guichard, route d’Espagne près d’AZF. Pour aller plus vite, on nous a ordonné d’enfouir des déchets sur place et alentour dans des fosses qu’on a sommairement recouvertes. Sur d’autres chantiers en région, on a jeté des déchets dans des lacs. Les clients, pas informés, étaient facturés comme si on avait travaillé normalement ». La CGT envisage de porter plainte au pénal.

Source : http://www.ladepeche.fr/article/2011/05/28/1093220-amiante-400-a-500-tonnes-de-dechets-en-plein-air-au-c-ur-de-saint-alban.html

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Mediator: comment on décourage les victimes de porter plainte

Marianne2      Clotilde Cadu et Jean-Claude Jaillette – Marianne | Dimanche 17 Avril 2011 à 12:01 | Lu 6754 fois.

Les victimes du Mediator se heurtent de plus en plus souvent au mutisme de leurs médecins, réticents à leur communiquer leur dossier médical.

(capture d'écran Dailymotion - BFMTV - cc)

(capture d’écran Dailymotion – BFMTV – cc)

Elle voulait porter plainte contre le laboratoire Servier. Simplement demander réparation au fabricant du Mediator et de l’Isoméride, médicaments qu’elle a consommé pendant des années. Elle s’était dit que son médecin, celui qui lui avait prescrit les pilules aujourd’hui maudites, allait l’aider à reconstituer son dossier médical. Au lieu de lui fournir les ordonnances qu’il lui avait rédigées, son toubib l’a sèchement réprimandée, lui expliquant que Servier se retournerait contre elle pour lui demander des dommages et intérêts, et qu’il lui faudrait vendre sa maison pour les payer… Du coup, Annie*, découragée, a préféré laisser tomber. Et ils sont nombreux les patients qui comme Annie se heurtent à une fin de non-recevoir de la part de leur toubib.

Craignant sans nul doute d’être tenus pour responsables dans ce scandale sanitaire, les médecins se couvrent. Semblent frappés d’amnésie dès qu’il s’agit du Mediator. « C’est toujours très compliqué d’avoir les dossiers médicaux », se désole Christine Ravaz, avocate de victimes du Mediator. « On sent qu’ils ont peur que l’Office nationale d’indemnisation des accidents médicaux (ONIAM, qui devrait indemniser les victimes avant de se faire rembourser par le ou les responsables du drame, nldr) se retournent contre eux ». Les services du ministère de la Santé ont reçu plusieurs signalements similaires et ont fini par saisir par un courrier du 3 février la Caisse nationale d’assurance maladie, le Conseil de l’Ordre des pharmaciens ainsi que les organisations syndicales de médecins « afin qu’ils sensibilisent fortement les agents, pharmaciens ou médecins concernés à la nécessité de communiquer toutes les informations aux personnes qui viendraient les consulter au sujet de leur prise passée de produits contenant du benfluorex », la substance active du Mediator.

Et Dieu sait qu’il y a du boulot en la matière ! « Dès que j’ai eu connaissance du scandale du Mediator par la télévision, j’ai consulté mon médecin traitant pour lui faire connaître que j’avais pris ce médicament. Sa réponse a été “ça, on oublie” », raconte une victime. A une autre, on refuse un contrôle cardio-vasculaire ou hépatique « car Mediator n’est qu’une vaste intoxication médiatique ». « Je suis quand même déçu de notre médecin traitant qui ne veut rien entendre depuis novembre 2010 et qui fait la politique de l’autruche », écrit un patient au docteur Irène Frachon, la pneumologue qui a lancé l’alerte sur le Mediator. « Je lui ai fait part du traitement que j’ai suivi durant 9 ans, Mediator, mais il n’a pas voulu en tenir compte, en disant qu’il ne fallait pas rendre ce médicament responsable de tout ».

Reste que cette stratégie de non-communication semble faire les affaires du laboratoire. Car sans document, pas d’expertise. Et sans expertise, pas d’indemnisation… A moins d’une semaine d’une expertise judiciaire, l’avocate de Servier a ainsi demandé le report de l’examen au motif qu’ « aucune pièce ne nous a été communiquée à ce jour »… « On a arrêté de chercher les responsabilités dans cette affaire. Qui est responsable de quelle partie ? On ne sait pas. Et déjà on se tourne vers le petit bouc émissaire, le prescripteur », explique Claude Leicher, président du syndicat MG France, refusant que la profession endosse toute la responsabilité. Qui devra au final payer ? L’ONIAM aura la lourde tâche de le déterminer. Reste qu’en attendant, ce sont bel et bien les victimes qui trinquent. 

* le prénom a été changé

Source :  http://www.marianne2.fr/Mediator-comment-on-decourage-les-victimes-de-porter-plainte_a205041.html

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