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Julie Philippe | dijOnscOpe | lun 08 fév 10 | 08:13
Témoignage de Bénédicte Michel : électrosensible et Porte-parole du Collectif EHS-71
Ancienne prof agrégée, originaire de Saône-et-Loire, Bénédicte Michel souffre d’un mal peu commun : elle est électrosensible ; autrement dit, elle ne supporte plus les ondes électromagnétiques émises par la wifi ou toute technologie du même type. De fait, l’électrosensibilité est un sujet délicat, qui fait l’objet de vives discussions au sein du monde médical. Affabulation pour les uns, problème de santé publique pour les autres : les études contradictoires incitent à la prudence. Toutefois, le nombre croissant de personnes souffrant d’électrohypersensibilité laisse perplexe. Bénédicte raconte les choses telle qu’elle les vit et pressent. espérant que les études à venir permettront d’éclaircir de nombreuses zones d’ombre et d’expliquer très concrètement le phénomène de l’électrosensibilité…
« L’apocalypse du corps »
« Cela fait bientôt 7 ans que je suis électro-hypersensible (EHS), c’est-à-dire victime du Syndrome d’Intolérance aux Champs Electro-Magnétiques (SICEM). J’ai commencé à travailler à l’IUT du Creusot en septembre 2002 ; peu à peu, je n’ai plus supporté les néons et les téléphones portables. Je suis devenue électro-hypersensible en mars 2003. Pour que les cours se passent bien, je devais faire éteindre les portables. J’ai arrêté de travailler au printemps 2007. A cette époque, j’ai passé six mois, exténuée, sous une cage de Faraday (enceinte utilisée pour protéger des nuisances électriques), pour me remettre du Wifi de l’IUT.
Afin de faire des analyses complètes (un encéphaloscan et une analyse du sang), je suis allée à Paris en octobre 2008, à l’hôpital Pompidou. Le problème, c’est que l’endroit était mitraillé par des antennes relais, c’était l’horreur ! J’ai dû me réfugier dans un garage souterrain. Le Professeur Belpomme, médecin et professeur en cancérologie, devait me faire passer les examens. Il est venu me voir et a dit aux gens qui assistaient à la scène que je faisais une crise d’électrohypersensibilité. Mon mari a dû, seul, aller voir le professeur.
Les symptômes que je peux avoir dans ces moments de crise ? Je sens véritablement la mort arriver. Tout mon corps, système nerveux et système endocrinien, se déglingue. Il s’agit d’une véritable crise d’effroi. J’appelle ça « l’apocalypse du corps » : tout le corps se bloque, la tête est grillée. Voir des EHS dans un tel état a vraiment permis au professeur, je crois, de prendre conscience du problème et des dégâts que les ondes peuvent faire sur l’être humain. Depuis septembre 2008, il a examiné plus de trois cents électro-sensibles et il a prouvé notamment le lien de cause à effet entre nos symptômes et l’émission des ondes.
Des étudiants sous de mauvaises ondes?
J’ai refait une crise du même genre au centre de Médecine au Travail de l’Université de Dijon : une antenne relais est située à quinze mètres du centre ! Je connais d’ailleurs trois étudiants qui ont dû quitter l’université de Dijon après être devenus électro-sensibles : ils poursuivent leurs études par correspondance. On trouve beaucoup d’antennes relais sur le campus. A l’IUT du Creusot, tout était câblé. Alors, pourquoi avoir mis le wifi en 2005 ? Tout simplement pour que les étudiants puissent travaillent sur la pelouse ; pour attirer les étudiants. C’est vraiment aberrant : il semble que le problème sanitaire n’inquiète jamais personne !
Il suffit de regarder dans les autres pays : l’Allemagne a interdit le wifii dans tous les établissements scolaires et universitaires, dans les bibliothèques, alors qu’en France Valérie Pécresse va le généraliser à toutes les universités. Les industriels veulent faire de l’argent avec quelque chose de vraiment dangereux, avec la complicité active des politiques. Il y a deux ans, Gérard Ledoigt, professeur à Clermont-Ferrand et directeur de l’ERTAC, laboratoire spécialisé en biologie cellulaire, a montré que des plants de tomates soumis à des ondes semblables à celles des mobiles produisaient des réactions de stress. Depuis, son laboratoire a dû mettre la clé sous la porte.
D’une manière générale, il y a une foi dans la science qui n’est pas cartésienne. Tout le monde pense que ce qui nous arrive est impossible. Les intellectuels de ce pays n’exercent pas leur esprit critique sur les conséquences sanitaires et humaines des hyperfréquences pulsées, et tout le monde tombe dans le panneau de la publicité.
Les « sacrifiés du progrès »
Durant près de deux mois, ma sœur et moi avons dormi dans une caravane à cause du wifi des voisins. Personne, ou presque, n’est venu nous aider, surtout pas les élus. Avant que quelqu’un nous prête sa caravane, ma sœur et moi avons vécu dans la rue durant plusieurs jours. C’est grâce au Journal de Saône-et-Loire, que nous sommes encore vivantes. Il a diffusé trois articles évoquant notre cas. Certains journaux font beaucoup de profit grâce à la publicité des opérateurs ; de ce fait, ils censurent les articles sur la nocivité des ondes : il y a toujours des histoires de collusion d’intérêts. D’autres médias se moquent des électro. Je pense que les journalistes locaux sont plus proches des gens et subissent moins les lobbies que les médias nationaux ; peut-être ont-ils aussi une vision moins intellectuelle des choses, moins partisane…
Ma sœur était cadre supérieur à la SNCF dans le domaine de la recherche. Dans leur entreprise, ils ont eu le wifi avant tout le monde… Nous luttons au sein de notre Collectif (EHS-71), contre les antennes relais et pour qu’il y ait création officielle de zones blanches [ndlr : zones protégées des ondes]. Or il n’y en a pratiquement plus. Il y en avait 5% en Saône-et-Loire l’an dernier ; à présent, il en reste 0,1%. On ne nous propose pas de solutions ; actuellement, nous vivons à la bougie ! Au sein du réseau EHS, rattaché à Robin des Toits [ndlr : association nationale pour la sécurité sanitaire dans les technologies sans fil], nous accueillons des jeunes électro-sensibles pour leur donner des conseils sur leur « nouvelle vie » car du jour au lendemain, on perd tout, amis et famille. Il y a beaucoup de divorces : en effet, le conjoint ne supporte pas cette situation.
Je considère que les politiques et opérateurs sont en train de griller la population ! Un élu de Saône-et-Loire nous a dit, lors d’une réunion, qu’il y avait toujours eu des « sacrifiés du progrès » ! C’est clair, non ? Il nous reste juste à mourir… Certains EHS sont internés de force par un tiers, nous sommes traités comme les dissidents de l’ex URSS ! L’accès à l’hôpital nous est interdit, de même que le restaurant, le théâtre, les magasins et les visites chez les médecins. Et nous sommes de plus en plus nombreux. Vivre longtemps protégés des ondes nous permet de nous rétablir un peu. Tous les électro-sensibles subissent une fatigue chronique que j’appelle une « exténuation chronique ». Je pense que les hommes politiques se soucient peu de la santé publique en ce domaine. J’ai déposé une plainte contre X pour mise en danger d’autrui, non assistance à personne en péril et discrimination de traitement (par rapport aux soins). Les médecins de l’Administration nous rient au nez, pas les médecins de famille qui sont inquiets pour nous.
Le portable, « un gadget de destruction massive »?
Nous essayons de survivre ; si le Wimax arrive, on ne saura pas où aller. Equiper nos habitats contre les ondes coûte très cher. Nous utilisons une peinture au graphite pour blinder. Au sein du Collectif, nous opposons un non total au Wimax depuis bientôt deux ans. Les hommes politiques mentent quand ils disent que « rien n’est prouvé » en matière de toxicité des ondes, alors qu’ils ont le devoir d’informer et de protéger les populations, surtout les enfants. 93% des gens payent pour se griller les neurones avec un portable. Autres objets dangereux : le four à micro ondes, le bluetooth, les radios réveil, les alarmes pour bébé et les téléphones sans fil. Les ampoules à basse consommation sont également nocives selon certaines études, et illégales. Beaucoup d’EHS ont alerté le Président de la République, le Gouvernement, avec l’aide du CRIIREM (Centre de Recherche et d’Information Indépendantes sur les Rayonnements Electromagnétiques) : à un moment donné, il faut réagir ! Or, rien !
Quand j’ai su qu’il y avait à nouveau Wimax à Dijon, j’ai pleuré : où allons-nous aller ? Sur Mars ? Wimax, c’est 3,5 gigahertz, c’est ce qu’il y a de pire. Pour moi, le portable est un « gadget de destruction massive ». C’est devenu une addiction : les gens sont drogués. Tous les électro-sensibles se paupérisent, nous sommes en arrêt longue durée, mais après ? Beaucoup de soins ne sont pas remboursés ainsi que les tissus pour se protéger des ondes. En Suède, les malades ont droit à une certaine somme pour équiper leur appartement contre les ondes. Nous avons le sentiment que pour les opérateurs, l’homme est en plomb. A cause de la téléphonie mobile, pourtant, les abeilles disparaissent : encore une fois, les Américains l’ont prouvé !
Les conseils de prudence que je préconiserais ? Utiliser un téléphone filaire chez soi, limiter l’usage du portable au strict nécessaire (personne n’a besoin du portable pour faire ses courses ou pour dire que le train est parti à l’heure !), installer un modem et supprimer la carte mère wifi de l’ordinateur portable. Il est temps que la population se réveille pour prendre conscience que tous les cerveaux (pas seulement ceux des EHS) sont en train de griller ! En 2009, Robin des Toits a reçu 12.000 appels uniques, sans compter les mails. Cela veut bien dire que le problème sanitaire posé par les ondes concerne tout le monde, n’est-ce pas ? »
Source : http://www.dijonscope.com/003779-mobile-et-internet-objets-de-destruction-massive