Nouvelles antennes-relais place des Carmes : « Même les pigeons ont quitté le quartier »
CARRE D’INFO Xavier Lalu 22 février 2013
Les commerçants et riverains de la place des Carmes se mobilisent contre l’implantation de trois nouvelles antennes relais. Sur une place qui en compte déjà neuf.
Au tour de Free
Depuis maintenant deux semaines, les feuilles de pétition fleurissent devant les caisses enregistreuses de la place des Carmes. L’explication est collée sur les vitrines : « Urgence place des Carmes, 3 nouvelles antennes relais supplémentaires vont être posées.»
Une affiche contre l’implantation de nouvelles antennes-relais place des Carmes – Photo Carré d’info, Kevin Figuier
Ces équipements, nécessaires au fonctionnement des appareils mobiles, fleurissent en effet sur les cimes du parking des Carmes et du bâtiment situé au numéro 3 de la place. Déjà neuf de ces antennes surplombent ainsi le quartier. Neuf, car trois de ces antennes sont nécessaires pour couvrir une zone à 360°. Et pas de mutualisation dans ce domaine. Chacun des opérateurs doit ainsi installer ses propres équipements pour garantir l’accès au réseau. Et si les trois principaux sont là depuis longtemps, le quartier voit aujourd’hui arriver trois nouvelles antennes estampillées « FREE ».
Nouvelles antennes à 100 mètres d’une école
Cette installation est celle de trop pour certains riverains, inquiets des possibles nuisances des ondes sur leur santé. Car si ces nuisances ne sont pas encore reconnues par la majeure partie des acteurs publics et de santé, le doute n’est plus permis parmi les riverains mécontents. Devant ses baguettes fraîchement sorties du four, le boulanger du « Farfadet » constate : « Depuis la prolifération de ces antennes, les pigeons ont quitté le quartier. Et je connais des personnes qui ont dû déménager car ils ne dormaient plus et ne supportaient plus les maux de têtes. » A côté, une cliente acquiesce avant de signer la pétition. « Nous en sommes à plus de 300 signatures », compte Muriel, l’une des membres du récent collectif des Carmes. « Les risques sont connus. Pourtant on n’hésite pas installer ces équipements à 100m d’une école. »
Antenne-relais au 3 place des Carmes. C’est ici que trois nouvelles vont être installées – Photo DR
Maux de têtes, acouphènes, insomnies, troubles cardiaques et même risques de cancer peuvent être selon certaines études, les conséquences d’une très forte exposition aux ondes. « Cela dépend des heures car l’intensité des ondes est liée à l’utilisation des téléphones. Vers 11h, ce sera plutôt normal. Mais entre 18 et 20h, les gens téléphonent beaucoup et on constate des pics», détaille Muriel qui rappelle que tout un chacun peut appeler la mairie pour qu’un expert vienne effectuer des mesures.
Moratoire de la mairie
Cette dernière a d’ailleurs été sollicitée par le collectif des Carmes via une lettre de recours gracieux adressée par un avocat. Mais le champ d’action de la municipalité semble limité concernant les trois nouvelles antennes, l’immeuble les accueillant relevant du droit privé. Néanmoins, la ville de Toulouse a pris des mesures concernant son patrimoine : un moratoire a été décidé sur l’implantation de nouvelles antennes sur des bâtiments publics et une commission de concertation entre la ville et les opérateurs, devra être mise en place prochainement.
Capture d’écran du site Cartoradio, recensant les antennes – Photo DR
Voir le site Carto Radio
Cependant, cette apparente progression de la réglementation ne convainc pas totalement riverains et militants. L’association « Antennes 31 » a pour but de sensibiliser aux risques générés par les ondes électromagnétiques. Mme Hébrard, membre de l’association explique : « D’une part, les intensités maximales tolérées par la loi sont tellement énormes qu’elles provoqueraient la mort (la norme maximale est de 61 volt/mètre contre 2 à 7 volt/mètre en réalité, ndlr). D’autre part, même avec la réglementation, il y a des abus. Rappelez-vous l’histoire du métro fou : tout cela aurait été provoqué par une antenne installée sans permis de construire alors dans ce cas-là, c’était obligatoire ».
« On a rien contre la téléphonie mobile »
L’association plaide ainsi pour l’installation de mini-antennes à l’instar des antennes râteaux pour la télévision. Car Mme Hébrard, de l’association d’habitants, tient à rappeler : « On a rien contre la téléphonie vocale bien au contraire. Simplement on n’est plus trop d’accord concernant la 4G qui va provoquer une augmentation de l’intensité des ondes. A quoi ça sert de télécharger des films en 3D? »
« Un gros scandale va sortir. »
A ce sujet, un moratoire devait être discuté au Parlement mais le texte a été retiré de l’agenda au dernier moment. Sur le sujet, Fleur Pellerin, ministre déléguée à l’Economie numérique s’était contentée de qualifier les inquiétudes sur la santé de « peurs irrationnelles » avant de revenir sur ses propos. Un non-sens pour l’association Antenne 31 qui n’hésite pas à comparer les risques sur la santé à un nouveau scandale type amiante. « On a mis 30 ans à l’interdire alors que les risques étaient connus. On va vers la même chose : un gros scandale va sortir. »