HAUT DEBIT. Environ 17 000 foyers n’ont toujours pas accès au haut débit : le Conseil général vise le maillage intégral du département d’ici la fin de l’année
Le Département place beaucoup d’espoir, à long terme, dans la fibre optique. (Photo archives jean-daniel chopin)
L’Internet évoque l’immédiateté, la gratuité, l’immatériel… un réseau souple, ouvert à tous. Et pourtant, « l’Internet, c’est aussi du dur ! La fibre optique, ce sont des tranchées et des tractopelles, tout un chantier… Il faut un peu de temps. Or, les attentes des gens en haut débit ont explosé ces cinq dernières années », observe Yann Breton, directeur de Gironde numérique.
Ce syndicat mixte, créé en 2007 sous l’impulsion du Conseil général, s’est vu confier deux missions : gommer les dernières « zones blanches » du département (ces îlots non desservis par le haut débit) et résorber les « zones grises », qui ont du haut débit… en version molle – moins de 2 mégabits / seconde.
106 boîtiers d’ici octobre
La chasse aux zones blanches est la priorité de cette année 2010. Il reste encore sur le département, hors Communauté urbaine de Bordeaux, environ 7 000 foyers privés de haut débit. Ils sont disséminés un peu partout. Surtout là où l’habitat se raréfie, puisque ces ménages sont souvent éloignés d’un répartiteur de France Télécom : ces petites poches sans ADSL sont assez nombreuses dans le Médoc et en Sud-Gironde.
Pour connecter les oubliés de la toile, Gironde numérique privilégie deux solutions. La principale consiste à dresser des NRA-zones d’ombre, petites commodes de rue qui font le lien entre les centraux téléphoniques et les connexions à domicile. Le premier de ces postes a été inauguré en décembre à Louchats. 105 autres devraient émerger d’ici octobre : selon Gironde numérique, le maillage devrait être bouclé à la fin de cette année. « Avec ce dispositif, nous aurons eu raison d’une large partie des dernières zones blanches », estime la conseillère générale Anne-Marie Keiser, présidente de Gironde numérique (1).
La seconde arme anti-zones blanches, plus marginale, c’est le satellite : les ultimes recalés de l’ADSL sont invités à s’équiper d’une parabole, le Conseil général cofinançant cet équipement. Cette solution est celle de la dernière chance : « Les transmissions par satellite ne fonctionnent pas toujours parfaitement », note Anne-Marie Keiser.
Quant au WiMax, le Conseil général n’en veut pas (lire ci-contre). Aux ondes hertziennes, le Département préfère, pour le long terme et le très haut débit, une technologie sou- terraine : la fibre optique. 25 kilo- mètres de réseau sont prévus entre Biganos et Marcheprime. Gironde numérique projette un réseau de 1 060 kilomètres : le petit fil lumineux, « colonne vertébrale du futur numérique », reliera collèges, lycées, hôpitaux…
Toute la Gironde, sauf la CUB
Reste le cas de l’agglomération bordelaise, seule intercommunalité du département à n’avoir pas délégué sa compétence numérique au syndicat mixte. Pourquoi ? Parce que la CUB n’était pas forcément convaincue par la méthode retenue par le syndicat (1). Mais aussi et surtout car la CUB n’a pas la compétence numérique restée, sur le Grand Bordeaux, à l’échelle des communes. Et si elle a pu aménager un réseau de fibre optique, Inolia, pour desservir les zones d’activité et les sites publics… ce fut au titre de sa compétence pour le développement économique.
Or, il reste des mini-zones blanches sur l’agglomération. Surtout à sa périphérie : au Taillan, à Gradignan… ou encore à Beutre, quartier mérignacais dont les habitants se plaignent souvent, en conseil de quartier, d’être coupés de l’ADSL.
Opérateurs et collectivités locales ne font pas toujours preuve de célérité quand il s’agit de financer ces petits bouts de ligne épars. Des extensions peu rentables, par exemple, en zones pavillonnaires. Dommage, car le besoin est là : selon une étude de la CUB, encore 10 000 abonnés, sur les 400 000 que compte l’agglomération, ont un débit inférieur à 1 mégabit / seconde.
(1) Le Conseil général injecte 50 millions d’euros dans ce déploiement, rendu possible à la faveur d’un partenariat public-privé avec France Télécom, retenu après appel d’offres. Le Département devrait récupérer une partie de cette somme grâce aux recettes générées par le réseau, mais sur le long terme, c’est France Télécom qui sera propriétaire du réseau.
Glossaire
Débit Quantité de données transmises pendant une unité de temps. Il s’exprime en bits par seconde, ou en octet (8 bits). En France, on parle de haut débit à partir de 512 kbits / seconde minimum (en fait, plutôt 1 mégabit). Le haut débit permet une navigation correcte. Le très haut débit (20 à 100 mégabits) est nécessaire pour une parfaite circulation du son ou de la vidéo.
Fibre optique Un fil en verre ou en plastique très fin dans lequel transite de la lumière qui transporte des informations numériques. Permet un très haut débit d’information (données informatiques, vidéos, téléphone…)
NRA-Zone d’ombre L’équipement ADSL, normalement situé dans le central téléphonique, est délocalisé dans cette petite armoire installée dans la rue, à proximité des abonnés lésés. 106 de ces NRA-ZO vont être dressés en Gironde.
WImax Haut débit sans fil, il est transmis par des ondes radio à partir d’émetteurs comparables à des antennes relais. Un peu comme le Wifi, mais sur des surfaces importantes.
Bordeaux veut son WiMax
La Ville de Bordeaux veut développer le WiMax. Ce réseau sans fil et à haut débit permet en effet de piloter de nombreux équipements à distance : radiateurs, chaudières, arroseurs… « Cela sera un outil majeur de développement durable, observe Michel Duchène, adjoint en charge du projet numérique. Le WiMax présente aussi un intérêt sur le plan de la sécurité. Il permet d’activer les bornes du contrôle d’accès, les caméras… » Enfin, le WiMax donne la possibilité à tout passant muni d’un ordinateur de se connecter depuis l’espace public.
Un bémol tout de même : le WiMax rayonne à partir d’antennes relais. « Nous avons bien envisagé ce problème, mais les puissances émises sont très faibles et on n’en mettra pas partout », répond l’adjoint. Pour déployer du WiMax, la Ville doit obtenir une licence auprès de l’Arcep, autorité de régulation des communications électroniques. Laquelle Arcep avait jusqu’ici attribué cette licence au Conseil général, qui a choisi de renoncer à cette technologie, jugée pertinente en centre urbain, mais peu à la campagne.
j.rousset@sudouest.com