France 3 ne rend pas l’antenne


Vendredi 25 Septembre 2009

Près de 300 enfants sont scolarisés à l’ombre de la tour de France 3. (photo THIERRY DAVID).

Le 27 mai dernier, les parents d’élèves membres du « collectif anti-antennes L’Assomption C3A » n’étaient pas loin de crier victoire. Ce jour-là, ils ne pouvaient qu’interpréter au pied de la lettre les propos tenus par Alain Juppé devant les caméras de France 3 Aquitaine. « Il faut maintenir la règle d’interdiction des antennes de téléphonie mobile dans un périmètre de 100 mètres autour des écoles », avait insisté le maire de Bordeaux, en affichant une tranquille détermination. Cela ne pouvait pas mieux tomber !

Quelques jours plus tôt, le collectif avait alerté les services municipaux sur la présence de trois pylônes dans un quartier proche du centre-ville. Propriété d’Orange et situées à moins de 30 mètres de l’école primaire de L’Assomption, ils émettent depuis le haut d’une tour de… France 3 Aquitaine ! Pas plus la chaîne publique que l’opérateur n’envisagent de les décrocher. Et la mairie de Bordeaux se borne, pour l’instant, à constater que les rayonnements « sont conformes à la réglementation ».

« Près de 300 enfants fréquentent L’Assomption, dont beaucoup ont entre 2 et 3 ans, insistent Anne Bitton et Laurence Piccoly-Lafon, les porte-parole du collectif. On sait que des antennes à proximité immédiate des écoles, cela pose problème. Pour les quelques milliers d’euros que cela peut rapporter chaque année à France 3, peut-on prendre le risque d’inonder d’ondes toute la journée des cerveaux en formation ? »

« Il n’y a pas de danger »

La majorité des scientifiques estime que les émissions des antennes sont trop faibles pour avoir un impact significatif sur la santé. À condition seulement de ne pas vivre en permanence à leur contact. Plusieurs spécialistes réunis à Bordeaux au printemps dernier, à l’initiative d’Alain Juppé, ont, malgré tout, recommandé de bannir ces équipements de l’environnement immédiat des crèches, écoles et résidences pour personnes âgées.

« Cela concerne les installations à venir, précise Jean-Louis David, l’adjoint en charge de ces questions. Pour celles existantes à proximité des sites sensibles, nous avons fait procéder à des mesures. Aucune n’a révélé de dépassement des seuils limites. Les rayonnements sont largement inférieurs aux plafonds autorisés. Il n’y a absolument aucun danger. » Ce qui n’empêche pas François Cros, le directeur général de L’Assomption, de juger la démarche des parents « légitime ».

Mesures contestées

Les enregistrements effectués par la société Aexpertise dans la cour de récréation de l’établissement privé et au deuxième étage d’un bâtiment indiquent 0,88 et 1,6 volt par mètre. Soit des valeurs inférieures de 16 à 31 fois aux maxima. Mais ces chiffres restent supérieurs au 0,6 volt par mètre préconisé aujourd’hui par les associations de défense des riverains comme Robin des toits, à laquelle adhère le collectif bordelais.

« Ces relevés sont sujets à caution, insistent Anne Bitton et Laurence Piccoly-Lafon. Le rapport remis à la mairie indique clairement que le demandeur est Orange. Les opérateurs sont vraisemblablement informés de la venue des techniciens. Comment être sûr que l’intensité n’est pas baissée le jour du contrôle. Seul le recours à des organismes dont nous sommes certains de l’indépendance, comme le Criirem, pourrait garantir la fiabilité des relevés. »

Orange nie tout contact avec les bureaux d’études. « Nous travaillons en étroite collaboration avec la mairie, reconnaît Jean-Maurice Bentolila, le chargé de communication de l’opérateur. Le coût des mesures des champs électromagnétiques est effectivement à notre charge. Mais nous les découvrons lorsque nous recevons la facture. » Propos confirmés par Jean-Louis David, l’adjoint d’Alain Juppé. « Nous faisons appel à une société agréée par l’Agence nationale des fréquences. Lorsque le technicien se présente à la mairie, il ignore où il va aller. »

Silence télé

France 3 Aquitaine n’a pas souhaité s’exprimer sur ce sujet alors que son directeur, Jean-Pierre Bertrand, a, lui aussi, fait procéder à des analyses. Au même moment que celles effectuées à la demande de la municipalité. Le fait que les rayonnements soient largement inférieurs aux normes n’a pas empêché que le sujet soit débattu en interne. Aussi bien à Bordeaux qu’à l’échelon national, la chaîne hébergeant les antennes d’Orange dans plusieurs grandes villes de France.

« Le loyer annuel tourne autour de 5 000 euros par site. France 3 pourrait s’en passer et ne pas exposer son personnel à ces champs magnétiques », lâche, sous couvert d’anonymat, un représentant syndical.

En 2008, à Lyon, deux cas de cancer avaient conduit le maire à faire retirer, par précaution, une antenne d’une école. Le collectif bordelais avance, lui aussi, l’existence de pathologies de cette nature au sein des effectifs de France 3, notamment chez un salarié en poste dans une pièce où le niveau des émissions est le plus important, quoique très loin du seuil maximal.

« Quelle que soit l’intensité, elle est trop forte quand on reste pendant des années huit à dix heures par jour à proximité de ces antennes », s’insurgent les parents d’élèves.

Auteur : Dominique richa

Source : http://www.sudouest.com/accueil/actualite/france/article/716893/mil/5146628.ht

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