ACTU-ENVIRONNEMENT 24/06/2010
Alors que les ampoules de 60W vont disparaître des rayons le 1er juillet, leurs remplaçantes fluocompactes doivent être utilisées dans de bonnes conditions. L’ADEME conseille de maintenir une distance de 30 cm avec les lampes de chevet et de bureau.
‘Déconseiller pour les lampes de chevet et de bureau », cette préconisation plutôt curieuse pourrait presque figurer sur les étiquettes des lampes fluocompactes. C’est en tout cas ce que l’on pourrait croire à la lecture de l’avis de l’ADEME suite à une campagne de mesures de l’exposition humaine aux champs électromagnétiques émis par ces ampoules à économie d’énergie. Ces mesures ont été effectuées sur 300 lampes disponibles dans le commerce, à partir d’un protocole élaboré par l’Agence française de sécurité sanitaire, de l’environnement et du travail (AFSSET) et accepté par le syndicat de l’éclairage, l’association française de l’éclairage et le Centre de Recherche et d’Information Indépendant sur les Rayonnements ÉlectroMagnétiques non ionisants (association CRIIREM). Les mesures ont été effectuées à 30 cm de l’ampoule, limite conforme à la norme EN 50366 utilisée en Europe pour les équipements domestiques qui ne sont pas en contact direct avec les consommateurs.
Résultat, dans la bande de fréquences 10 kHz-300 kHz, le champ magnétique est inférieur à 0,07 ampère par mètre (A/m) soit une valeur très faible. Le champ électrique varie quant à lui de 6 volts/mètre à plus de 60 V/m selon les modèles alors que pour une ampoule à incandescence classique ce champ électrique est d’environ 0,2 V/m. En moyenne sur l’ensemble des lampes testées, la valeur efficace du champ électrique dans la direction maximale d’émission est de 15,2 V/m. Si l’Ademe conclut que ces valeurs sont conformes à la valeur limite d’exposition de la réglementation fixée à 87 V/m, elle invite malgré tout les usagers à maintenir une distance de 30 cm avec la lampe, lors des utilisations prolongées comme dans le cas des lampes de bureau ou de chevet.
Selon Pierre-Yves Monleau du Syndicat de l’Eclairage, »il était important d’avoir une étude indépendante sur ce sujet. Elle est d’ailleurs plus exhaustive que les études que nous avons pu réaliser et confirme que les préconisations de la Commission internationale sur les radiations non ionisantes (ICNIRP) sont respectées ». L’ICNIRP propose des limites d’exposition du public validées par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et l’Association internationale de protection contre les radiations (IRPA). Ces travaux ont servi de base à l’élaboration de la recommandation européenne sur les champs magnétiques, qui fixe une limite maximum de 87 volts/mètre pour les lampes fluorescentes compactes.
Le CRIIREM en revanche y voit la confirmation de ses inquiétudes. L’association déplore l’absence de mesure à moins de 30 cm et craint que les normes ne soient dépassées à plus courte distance. »Selon une étude d’un laboratoire suisse publiée en mars 2010, à 15 cm des ampoules, le champ électrique varie de 100 à 400 V/m », explique Pierre Le Ruz, Président du CRIIREM. »Des mesures réalisées récemment par les chercheurs de Supelec ont également révélé des valeurs de champs électriques élevés allant de 80 à 380 V/m », ajoute-t-il.
Pour Pierre Le Ruz, l’attention doit surtout être portée sur les équipements médicaux exposés à ces champs électromagnétiques. »Selon une directive européenne de 2004 transposée en droit français en 2006, il faut éviter des expositions supérieures à 10 V/m pour éviter les perturbations », précise-t-il. L’association continue par conséquent d’alerter les usagers d’ampoules fluocompactes et surtout les personnes appareillées avec des dispositifs d’assistance médicale tels que pacemaker, pompes à médicaments, prothèses, clips veineux, appareils auditifs : »des dysfonctionnements et des incidents sur les implants médicaux électroniques restent possibles, avec des conséquences sanitaires importantes pour les personnes exposées ».
Selon le CRIIREM, le Parlement européen, dans une résolution d’avril 2009, a jugé obsolètes l’ensemble des normes actuelles concernant les champs électromagnétiques et a appelé à la révision de la législation. Une directive est attendue sur le sujet mais elle ne devrait pas voir le jour avant 2012.
Florence Roussel
Source : http://www.actu-environnement.com/ae/news/etude-ademe-ampoules-fluocompactes-champ-electromagnetique-10540.php4