Une mesurette pour prévenir les dangers des ondes électromagnétiques
Publié le 19/10/2010 à 20:17 Par Pauline de Saint Rémy
Les vendeurs de téléphones mobiles seront obligés à partir d’avril 2011 d’afficher le niveau d’exposition aux ondes des appareils sur les points de vente et dans les publicités © Sipa
Face aux angoisses provoquées par l’impact du téléphone mobile sur la santé – objet récurrent de débats et d’actions en justice – les ministères de la Santé et de l’Environnement font ce qu’ils peuvent pour rassurer les consommateurs. C’est à dire peu. Mais la recherche sur la nocivité des ondes des téléphones portables n’en étant qu’à ses débuts, la marge de manoeuvre du gouvernement est plutôt limitée. Pour preuve ce décret du 12 octobre qui, à partir d’avril 2011, obligera les vendeurs de mobiles à afficher le niveau de rayonnement électromagnétique – ou débit d’absorption spécifique (DAS), de son nom scientifique – des appareils, sur les lieux de vente mais aussi dans toutes les publicités. La mesure résulte, parmi d’autres, du très discret « Grenelle des ondes », tenu en avril 2009 par la ministre de la Santé Roselyne Bachelot, entourée des secrétaires d’État à l’économie numérique et à l’écologie, Nathalie Kosciusko-Morizet et Chantal Jouanno.
Une « obligation » à laquelle les opérateurs comme les vendeurs de téléphonie mobile devraient se soumettre bien volontiers… pour la simple raison qu’un certain nombre d’entre eux le font déjà, dans les boutiques comme sur les publicités, de leur propre initiative. « Ça ne changera rien chez nous en tout cas, nous le faisions déjà volontairement », explique-t-on par exemple chez Phone House. « Nous distribuons aussi les prospectus d’information du ministère de la Santé. » Chez Phone House comme à l’Association française des opérateurs mobiles (AFOM), on ne semble donc pas inquiet des retombées de la mesure en termes d’image. « Quand on en parle aux clients, ils semblent plutôt au courant de la question, mais cela n’entre pas encore dans leurs critères d’achat principaux qui sont le prix, la fonctionnalité et le design » explique Phone House.
« Le DAS ne reflète pas le niveau moyen d’exposition aux ondes » (association)
En réalité, pour beaucoup de consommateurs, le DAS, autrement dit la quantité d’énergie absorbée par le cerveau d’un utilisateur de téléphone, n’évoque rien. Pourtant il existe depuis 2003 un niveau maximal de sécurité en Europe, fixé à 2W/kg. En théorie, plus il est faible, plus l’exposition aux ondes électromagnétiques est réduite. Mais pour Édouard Barreiro, de l’UFC-Que Choisir, les choses sont plus compliquées : « Je suis dubitatif. C’est bien d’informer, mais je ne suis pas sûr de la pertinence de cette information-là… Non seulement en général les consommateurs ne savent pas ce qu’est le DAS, mais en plus il correspond à un niveau maximum d’exposition. Or ce qui compte c’est le niveau d’exposition lors d’une utilisation moyenne. »
Le DAS mesure en effet le niveau d’exposition aux ondes avec un téléphone utilisé à pleine puissance. Or le niveau moyen, lui, est beaucoup plus difficile à calculer. « Un téléphone peut très bien avoir un taux maximum d’exposition élevé alors que le taux moyen est bas, et inversement », précise Édouard Barreiro. L’AFOM prend elle aussi ses précautions sur ce dispositif : « La quantité d’énergie dépend en réalité de plein de paramètres, notamment la distance de l’antenne-relais ou la qualité de la réception, ou encore la façon dont vous tenez votre téléphone. Le DAS donne une indication mais il ne faut pas lui prêter plus de sens que cela. Il faut surtout rappeler que cette mesure n’invalide pas les autres mesures de précautions, et notamment la plus simple : l’utilisation d’un kit oreillette », conclut l’AFOM. La mesure gouvernementale aura eu au moins le mérite d’attirer l’attention du consommateur sur la question. En attendant que la recherche apporte ses réponses définitives.