L’incinérateur toxique en procès

liberation-copie-1.jpg   Terre 26/11/2010 à 00h00  Par RENAUD LECADRE

Pendant plus de vingt ans, le syndicat intercommunal en charge de l’usine près d’Albertville n’a pas réagi aux risques de pollution à la dioxine. Pourtant, c’est Suez qui sera dans le box lundi.

La pollution est-elle soluble dans le code pénal ? Le procès prévu lundi et mardi devrait répondre non. Il sera question de l’usine d’incinération des ordures de Gilly-sur-Isère. Exploitée par le syndicat intercommunal d’Albertville (Simigeda) et gérée par une filiale du groupe Suez (Norvegie), elle a toujours fonctionné hors des clous, de sa création en 1984 à sa fermeture en 2001. «Sa non-conformité était un secret de polichinelle», résume la juge d’instruction chargée du dossier. «Les normes de fonctionnement étaient délibérément bafouées», renchérit la chambre de l’instruction.

A qui la faute ? Tant que les nuisances se résumaient à des émissions de poussière noire, personne n’a bougé le moindre orteil. «Au nom d’une future solution à trouver, on se dispense de résoudre les problèmes existants, résume la juge Hélène Gerhards-Lastera, les raisons de ces tergiversations étant tantôt économiques, tantôt politiques.»Il faudra que soit prononcé le mot «dioxine», ces résidus de combustion toxiques, pour que les pouvoirs publics se bougent et ordonnent enfin la fermeture de cette usine vérolée. Sensibles à retardement au principe de précaution, ils en font alors des tonnes sur les activités agricoles alentours : 6 875 animaux abattus, 24 tonnes de produits laitiers détruits.

Circulaire. Dans le cadre de l’enquête judiciaire, tout le monde – ou presque – a été mis en examen pour mise en danger de la vie d’autrui. Des dirigeants de Suez, des élus locaux, des préfets. La procédure a bloqué sur l’échelon ministériel, en la personne de Michel Barnier. Intime du maire d’Albertville (Savoie) et président du Simigeda, Albert Gibello (qui fut son attaché parlementaire de 1978 à 1992 puis son vice-président au conseil général de Savoie jusqu’en 2002), Barnier a simplement été entendu comme témoin en 2006. Osant affirmer qu’il n’avait jamais été avisé de la défaillance de l’usine «en qualité de ministre de l’Environnement» (1993-1995), admettant avoir été alerté «en tant que président du conseil général» (1982-1999)…

Un fonctionnaire de la Drire (Direction régionale de l’industrie, de la recherche et de l’environnement) a pourtant témoigné que le ministre Barnier aurait donné instruction «de ne pas accentuer les actions concernant les non-conformités des usines d’incinération d’ordures ménagères». «Invraisemblable», rétorque l’intéressé. Corinne Lepage, qui lui a succédé au ministère (1995-1997), a en revanche témoigné, rappelant avoir envoyé une circulaire aux préfets pour les rappeler aux enjeux de la dioxine : «Les préfets ne peuvent pas dire qu’ils n’étaient pas avertis. Malheureusement, c’est affligeant, cela traduit une conception de l’administration française des questions environnementales, considérées comme moins importantes que les questions économiques.» Dominique Voynet, en poste de 1997 à 2001 a enfoncé le clou devant les enquêteurs : «Les préfets temporisent et négocient avec leurs interlocuteurs locaux au lieu de mettre en œuvre la politique du gouvernement. Le fait que ce soit un comportement fréquent en raison de sollicitations multiples et de pressions importantes n’est pas une excuse.»

La montagne judiciaire a finalement accouché d’une souris. Impossible de poursuivre quiconque pour empoisonnement, car cela suppose un acte volontaire distinct de la négligence. Mis en examen à défaut pour mise en danger de la vie d’autrui, tous les prévenus ont bénéficié d’un non-lieu, faute de lien formel entre émission de dioxine et taux de cancer. D’innombrables expertises et contre-expertises ont été diligentées, concluant prudemment : «Rien ne permet d’affirmer une relation exclusive et directe entre dioxine et cancer.» Dans le doute, la justice pénale ne peut que jeter l’éponge.

Pied de nez. Elle s’est rattrapée aux branches sur une petite entrave au code de l’environnement, le «défaut d’autorisation d’exploitation» : l’usine était tellement vérolée que cela équivaudrait à une absence tacite d’autorisation. Ce délit par raccroc ne vise plus que le Simigeda et Suez, en tant que personnes morales. L’ordonnance de renvoi en correctionnelle vilipende le syndicat : «Seuls importaient les impératifs économiques voire politiques, les considérations sanitaires devenant secondaires, le Simigeda allant jusqu’à placer 800 000 francs en bons du Trésor.» Comme un pied de nez à la justice, le Simigeda s’est, depuis, fondu dans un autre syndicat intercommunal incluant plusieurs vallées des Alpes, échappant aux poursuites puisque seule sa personne morale – désormais dissoute – était en cause. Suez va se retrouver bien seul à la barre du tribunal d’Albertville, dans la position du bouc émissaire. Sous-traitant des élus locaux, son devoir était d’alerter les autorités en cas de problème. Ce qu’il fit en 1993, 1998 puis 2001. Dans la chaîne des responsabilités, c’est Suez qui a le moins manqué à ses obligations. Crime de lèse-majesté ?

Source : http://www.liberation.fr/terre/01012304560-l-incinerateur-toxique-en-proces

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Quand le portable est comparé à l’amiante

leParisien.fr   Frédéric MOUCHON | 27.11.2010, 07h00

Quand les militants anti-ondes estiment notre exposition aux champs électromagnétiques aussi dangereuse que celle subie en leur temps par les victimes de l’amiante, on les regarde avec circonspection. Mais quand l’une des plus grosses compagnies de réassurance mondiale, spécialiste des risques majeurs, fait elle-même le parallèle, on tend l’oreille.

Dans un rapport rendu public en novembre, mais resté discret, la Lloyd’s de Londres s’intéresse aux risques sanitaires à long terme des téléphones mobiles et affirme que la comparaison avec l’amiante est « évidente ». « S’il est prouvé que les champs électromagnétiques provoquent le cancer, les conséquences sanitaires ne devraient apparaître que plusieurs années après l’exposition », souligne la Lloyd’s, qui a confié la rédaction de ce rapport à ses spécialistes des « risques émergents ».

« Le danger avec les champs électromagnétiques, comme avec l’amiante, est que le risque est sous-estimé. Or, ce risque pourrait croître de façon exponentielle et durer plusieurs années. » Pour l’association Robin des toits, qui milite pour une réduction drastique du niveau d’exposition des Français aux ondes électromagnétiques, ce rapport « fragilise la position de déni des opérateurs et de l’Etat qui ont tendance à nier les risques ». « Il n’y a pas plus impartial qu’un assureur, estime Etienne Cendrier, de Robin des toits. Dès les années 1920, des sociétés d’assurance américaines et britanniques avaient refusé de couvrir les risques éventuels liés à l’utilisation de l’amiante. Aujourd’hui, c’est bis repetita avec le portable. »

Selon la Fédération française des sociétés d’assurances, il reste impossible d’apprécier aujourd’hui l’impact sanitaire du téléphone mobile. « Les ondes électromagnétiques relèvent plus pour l’heure d’une menace ou d’une préoccupation que d’un véritable risque chiffrable en termes d’assurances, estime Stéphane Pénet, de la FFSA. Nous n’avons pas assez de recul, de données historiques ni de consensus scientifique, pour évaluer le danger encouru. On ne peut donc pas assurer un risque qu’on ne connaît pas. »

L’Association française des opérateurs mobiles (Afom) déclare, à la lecture du rapport de la Lloyd’s, « très improbable que des assureurs soient un jour poursuivis » par des victimes d’ondes électromagnétiques. « Le rapport rappelle bien qu’il n’existe aucune preuve aujourd’hui d’un lien entre l’exposition aux ondes et des pathologies. Et contrairement aux procès liés à l’amiante, la Lloyd’s estime qu’il sera très compliqué d’établir clairement ce lien et d’exiger en retour des compensations en cas de procès. »

Dans son rapport, la Lloyd’s rappelle que « la majorité des études épidémiologiques montre qu’il n’y a pas de risque croissant de cancer du cerveau ». Mais elle ajoute que, « face à la lente émergence d’impacts sanitaires », l’Organisation mondiale de la santé et l’Union européenne recommandent d’imposer des limites d’exposition du public aux ondes électromagnétiques.

Aucune preuve

Source : http://www.leparisien.fr/environnement/quand-le-portable-est-compare-a-l-amiante-27-11-2010-1167868.php

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Brax. Antenne-relais et cancer : des riverains inquiets

LA-D-p-che-copie-1.png   Publié le 24/11/2010 03:47 | LaDepeche.fr

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L’association «Bien vivre à Brax» s’est mobilisée lors de l’exposition sur le cancer./Photo DDM

La semaine dernière, la place du village accueillait durant trois jours une exposition gratuite sur le thème du cancer. À cette occasion, le collectif « Bien vivre à bras », devenu depuis peu une association, était présent pour informer sur le projet d’antenne-relais bientôt implantée rue de laspiacères.

« D’un point de vue juridique et administratif, il était plus facile pour nous d’avoir les statuts d’une association de loi 1 901 » explique Christophe Mangion, leur porte-parole. Malgré l’avancement du projet, les riverains n’ont pourtant pas jeté l’éponge. L’espoir demeure de voir l’antenne déplacée ou le projet annulé. En attendant de nouvelles décisions ou actions, les membres de l’association se sont succédé la semaine dernière devant l’exposition mobile « face au cancer, la santé ça se construit ! ». » Même s’il n’est pas prouvé que les ondes émises part les antennes-relais peuvent provoquer des cancers, ajoute Chistophe, il est important d’informer la population sur les risques, ne serait-ce que par principe de précaution ». Les habitants sont conviés à participer à une réunion d’information le mercredi 1er décembre à 20 h 30, qui se tiendra dans la petite salle des fêtes.

Source : http://www.ladepeche.fr/article/2010/11/24/955202-Brax-Antenne-relais-et-cancer-des-riverains-inquiets.html

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Appel aux victimes des onde électromagnétiques

   PUBLIÉ LE 22/11/2010 08:04 | LAURENT GAUTHEY

Les antennes du Prat d'Albis, au-dessus de Foix.

Les antennes du Prat d’Albis, au-dessus de Foix.

Le collectif «Ni wifi, ni wimax» lance un appel à témoignages aux personnes qui pensent être victimes des ondes électromagnétiques. Et réclame également des précisions sur les dernières installations réalisées pour la couverture Internet du département.

Ils ne sont pas toujours pris au sérieux, et ils en souffrent ouvertement. Désireux de rester anonymes, ils se montrent même méfiants vis-à-vis de l’effet produit. «Un article, dans «La Dépêche», c’est une bonne chose, estime Marie, jeune femme qui se définit comme «électro-sensible». Par contre, les gens mal informés risquent de nous prendre encore pour des illuminés». Et Evelyne, autre «victime des ondes» d’ajouter: «Nous ne sommes pas idiots. Nous savons bien que les ondes existent à l’état naturel. Le problème vient de ces ondes artificielles qui nous entourent». Elisabeth, autre membre du collectif, énumère les problèmes de santé qu’elle rencontre: «Dès que je suis entouré d’ondes, j’ai des migraines épouvantables. Il faut que je m’éloigne au plus vite. Pour moi, il est très difficile d’aller à Foix, et impossible d’assister à un spectacle à l’Estive (1)». Très sensible aux ondes, elle n’utilise ni portable, ni téléphone sans fil et vient de changer de travail. Evelyne reprend: «Ma fille de onze ans connaît les mêmes difficultés que moi. Il y a une antenne-relais à proximité de son collège. Elle ressent des migraines épouvantables. J’ai dû décider de la garder à la maison et de lui faire suivre des cours par correspondance».

Ces témoignages sont les premiers qui ont été recueillis par le collectif «Ni wifi, ni wimax», très engagé dans la lutte contre les ondes électromagnétiques. Ce collectif est composé de particulier, mais aussi d’une association le Comité Écologie Ariégeois, qui essaie depuis plusieurs mois d’obtenir la carte des installations réalisées pour assurer la couverture Internet du département. «Nous n’y sommes pas encore parvenus. On nous oppose un refus courtois, mais ferme», confie Jean-Pierre Delorme. A la fin de l’été dernier, le collectif a donc décidé de lancer un appel aux personnes qui se disent victimes de ces ondes, afin «d’alerter une nouvelle fois les pouvoirs publics», précise encore le militant écologiste.

Reste à savoir si ces champs électro-magnétiques sont dangereux. Rien n’est définitivement tranché, mais un rapport récent de l’Association pour la recherche thérapeutique anticancéreuse ne l’exclut pas, loin de là, établissant l’existence d’effets des ondes sur le système nerveux. Et de faire remarque qu’en Suède, «l’électro-sensibilité est reconnue comme un handicap qui touche environ 250000 personnes, sur une population de 9 millions d’habitants».

Le toît de la Scène nationale accueille en effet un grand nombre d’antennes.

Pour joindre le collectif: 05.61.03.63.27 ou 05.61.01.08.87. Ou par courrier:collectif.niwimaxniwifi@laposte.net


De Massat à Pamiers, les opposants s’organisent

Plusieurs collectifs ont vu le jour ces derniers temps en Ariège. Certains sont affiliés à l’association nationale «Robin des Toîts». Il existe une mobilisation à Massat (téléphonie mobile), Tarascon (soutien d’une victime électro-sensible), Saint-Girons et Pamiers (lutte contre une antenne de téléphonie, action judiciaire en cours).

Source : http://www.ladepeche.fr/article/2010/11/22/953644-Appel-aux-victimes-des-onde-electromagnetiques.html

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Mediator : appel à la démission

LA-D-p-che-copie-1.png    PUBLIÉ LE 18/11/2010 08:22 | LADEPECHE.FR

La secrétaire d'état à la Santé, Nora Berra.

La secrétaire d’état à la Santé, Nora Berra.

Le député socialiste de Haute-Garonne, Gérard Bapt, a réclamé hier la démission de la toute nouvelle secrétaire d’état à la Santé, Nora Berra. L’élu, cardiologue et rapporteur de la mission Santé à la commission des finances la soupçonne de conflit d’intérêts avec l’industrie pharmaceutique. Nora Berra a en effet travaillé pendant dix ans, jusqu’à sa nomination au gouvernement l’an dernier pour trois laboratoires, dont Sanofi.

Le député s’est dit « scandalisé» par la déclaration de Nora Berra mardi matin sur I Télé au sujet du scandale du Mediator: «Il faudra voir la relation d’imputabilité entre le médicament et ses effets. Il y a un gros travail de compilation de données et d’expertise à faire sur ce dossier», avait-elle temporisé, tandis que l’Afssaps annonçait le même jour que 500 morts seraient imputables à la prise de ce médicament administré aux diabétiques en surpoids.

Gérard Bapt avait beaucoup bataillé pour que les autorités se saisissent de cette question de santé publique, regrettant «l’inertie des agences sanitaires». Nora Berra a dénoncé hier dans une lettre ouverte au député des «insinuations malveillantes» et la «polémique politicienne stérile».

Source : http://www.ladepeche.fr/article/2010/11/18/950464-Mediator-appel-a-la-demission.html

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Mediator : mortel médicament

LA-D-p-che-copie-1.png    Publié le 17/11/2010 08:30 | Christine Roth-Puyo, Lionel Laparade

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L’actualité vu par le dessinateur de Charlie Hebdo Luz

Le ministre de la Santé, Xavier Bertrand recommande à tous ceux qui ont pris du Mediator de consulter un médecin. Selon la Caisse nationale d’assurance maladie, 500 personnes au moins ont déjà succombé à l’usage de cette molécule.

Pas le temps de souffler, ni de défaire les cartons. À peine franchi le perron du ministère de la Santé, Xavier Bertrand et Nora Berra, ministre et secrétaire d’État nouvellement nommés, ont eu à gérer la première crise sanitaire de leur ministère. Et pas des moindres. « Nous adressons un message à tous ceux qui ont pris du Mediator : ils doivent prendre contact et consulter un médecin traitant. Ce message s’adresse tout particulièrement à ceux qui en ont pris pendant trois mois au cours des quatre dernières années » a précisé Xavier Bertrand.

Décelé par l’Association française des diabétiques il y a deux ans et clairement mis au jour par la pneumologue brestoise Irène Frachon en juin dernier dans son livre « Mediator 150 mg. Combien de morts ? », le scandale explose aujourd’hui au grand jour. À la fois antidiabétique et utilisé comme coupe-faim par les personnes en surpoids, le Mediator a été mis sur le marché par le laboratoire Servier en 1975. Selon la Cnam, il serait depuis à l’origine de 500 à 1 000 décès et d’au moins 3 500 hospitalisations pour cardiopathie valvulaire. Il a été utilisé au total par 5 millions de patients, dont 2,9 millions pendant plus de 3 mois. « Quand le médicament a été retiré, fin 2009, 300 000 personnes en prenaient encore tous les jours et aucune d’entre elles n’a été informée des raisons de ce retrait », déplore Irène Frachon.

L’Agence française des médicaments (Afssaps) a mis du temps à réagir. Pourtant, l’interdiction du Mediator aux USA en 1997 suivis par l’Espagne et l’Italie en 2005 aurait dû lui mettre la puce à l’oreille. Plus encore, le retrait du marché dès 1997 d’un médicament du même type, l’Isoméride, aurait dû lui ouvrir les yeux – la molécule a déjà valu à Servier plusieurs condamnations en justice pour des graves problèmes cardiaques après traitement. Dans son édition d’hier, Libération se demandait d’ailleurs s’il fallait noter qu’alors, le directeur scientifique de Servier était aussi trésorier de la Société française de pharmacovigilance et de thérapeutique…

L’Assurance Maladie doit désormais rappeler chacun des patients. Et Xavier Bertrand a indiqué qu’il allait confier « une mission à l’Inspection générale des affaires sociales (Igas) pour élaborer des recommandations afin de développer des études post-autorisation de mise sur le marché (post-AMM) ». Et peut-être trouver là le chaînon manquant entre les considérations qui président au profit et celles qui guident la pharmacovigilance.

Christine Roth-Puyo


Le chiffre : 5 millions

utilisateurs > Depuis 1975. Depuis sa mise sur le marché en voilà 35 ans, le Mediator a été utilisé par 5 millions de patients dont 2,9 millions pendant plus de 3 mois.


La phrase

« Certains signes, essoufflement à l’effort, œdème des membres inférieurs, fatigue inexpliquée…, pouvant évoquer une atteinte des valves cardiaques, doivent amener à consulter rapidement. » L’Agence française de sécurité sanitaire


Servier : «Des hypothèses…»

Le laboratoire Servier a contesté hier les chiffres avancés par les autorités sanitaires en estimant qu’il s’agissait d’»hypothèses fondées sur des extrapolations. « Si on rapporte le nombre de 500 décès au nombre de patients qui ont pris le Mediator sur 33 ans, on arrive à un risque de 0,005%», a fait valoir un porte-parole du laboratoire. «Mais en termes d’image de marque, c’est déplaisant», a-t-il reconnu, indiquant que Servier faisait l’objet de quatre plaintes liées au Mediator depuis son retrait.

Créé en 1954 à partir d’un laboratoire pharmaceutique racheté pour «trois fois rien» à Orléans, la «maison» Servier appartient à Jacques Servier, 88 ans. Selon le magazine Challenges, il serait la 9e fortune professionnelle de France.


décryptage

Les raisons d’un scandale sanitaire

Après l’Isoméride, le Distilbène ou encore le Vioxx (lire ci-contre), l’affaire du Mediator confirme, hélas ! que depuis la découverte des premiers scandales, la France n’est toujours pas parvenue à installer une structure efficace et indépendante de contrôle et de sécurité sanitaires. C’est en tout cas l’avis de Gérard Bapt, député PS de Haute-Garonne, cardiologue et rapporteur de la mission santé de l’Assemblée nationale, qui exige aujourd’hui une réforme de l’Afssaps, « organisation opaque et vulnérable aux conflits d’intérêts », juge sévèrement le parlementaire.

Pour Gérard Bapt, l’affaire du Mediator constitue une parfaite illustration des défaillances de l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé.

Des expertises discutables. L’Afssaps délivre ses autorisations de commercialisation des médicaments sur la base d’expertises fournies par les laboratoires qui les ont produits. « Le régulateur public devrait conduire des études contradictoires », suggère le député.

Une structure « autiste ». En 1997, l’Isoméride, médicament « souche » du Mediator, est interdit aux Etats-Unis. Là-bas, les deux laboratoires qui ont racheté le brevet à Servier sont l’objet de poursuites collectives et condamnés à payer un milliard de $. En Europe, la molécule est légèrement modifiée, rebaptisée Mediator et commercialisée en France jusqu’en 2009, alors que l’Espagne et l’Italie l’ont interdite dès 2005 et que la même année, la revue médicale « Prescrire » recommande son retrait. « La longévité du médicament dans l’Hexagone, où il a pourtant été proposé au déremboursement dès 1999, au vu de son peu d’intérêt thérapeutique, s’explique-t-elle par l’origine française du laboratoire Servier ? », feint de s’interroger le député de Haute-Garonne.

Des experts sous influence. « Lorsque le dossier Mediator arrive à la table de la commission de mise sur le marché de l’Afssaps, l’un des experts est le mari d’une responsable de service chez Servier. Il est établi que le laboratoire était destinataire des mails qu’échangeaient les membres de la commission », s’indigne Gérard Bapt, qui a demandé la démission de son président cet été. « A ce jour, il occupe toujours son poste et compte, depuis le 6 novembre, au nombre des récipiendaires de la Légion d’Honneur », observe l’élu qui, en l’état de l’Afssaps, ne serait pas étonné de voir surgir de nouveaux scandales sanitaires…

Lionel Laparade


Servier : «Des hypothèses…»

Le laboratoire Servier a contesté hier les chiffres avancés par les autorités sanitaires en estimant qu’il s’agissait d’»hypothèses fondées sur des extrapolations. « Si on rapporte le nombre de 500 décès au nombre de patients qui ont pris le Mediator sur 33 ans, on arrive à un risque de 0,005%», a fait valoir un porte-parole du laboratoire. «Mais en termes d’image de marque, c’est déplaisant», a-t-il reconnu, indiquant que Servier faisait l’objet de quatre plaintes liées au Mediator depuis son retrait.

Créé en 1954 à partir d’un laboratoire pharmaceutique racheté pour «trois fois rien» à Orléans, la «maison» Servier appartient à Jacques Servier, 88 ans. Selon le magazine Challenges, il serait la 9e fortune professionnelle de France.


interview

«Le temps des explications est venu»

Gérard Raymond, président de l’Association française des diabétiques.

Êtes-vous surpris par les révélations sur le Mediator ?

Pas vraiment. Ce médicament est utilisé depuis 1976 par les personnes diabétiques qui connaissent ce produit et son histoire jalonnée de polémiques. Pour le grand public, il s’agit certainement d’une découverte, mais les diabétiques savent depuis des années que le Mediator peut produire des effets secondaires graves. D’ailleurs, lorsque le produit a été retiré du marché en 2009, nous avons été soulagés. Aujourd’hui, le temps des explications est venu.

A quoi vous attendez-vous ?

La communauté que je représente n’a pas l’intention de hurler avec les loups. Nous demandons à l’Afssaps de prendre ses responsabilités, tout comme au laboratoire Servier ainsi qu’aux prescripteurs qui ne pouvaient pas ignorer le risque d’atteinte des valves cardiaques auquel pouvaient être exposés les consommateurs de Mediator. Je rappelle que depuis les années 2000, le recours à cette molécule était devenu marginal parmi les personnes malades du diabète qui se sont tournées, alors, vers des stratégies médicamenteuses plus efficaces. Pendant une trentaine d’années, les diabétiques ont été traités par Mediator sans constater de réelles améliorations de leur état de santé. Et lorsque les malades du diabète s’en sont détournés, le Mediator a, disons, été recyclé à d’autres fins : l’amaigrissement.

On sait que les effets secondaires du Mediator peuvent se manifester plusieurs années après la fin du traitement. Sentez-vous les malades du diabète inquiets ?

La communauté que je représente a toujours été sensibilisée aux risques du Mediator et à ses effets secondaires. Aujourd’hui comme hier, nous recommandons aux personnes inquiètes de consulter leur médecin et de solliciter un check-up cardiaque.

Recueilli par L.L.


« En l’espace de trois mois, j’ai perdu 40 kilos »

Les témoignages glanés sur la toile sont confondants. Certains remontent à 2006 et renvoient au grand marché organisé sur le Net. À ses risques et périls ? Éléments d’appréciation.

15 juillet 2009. Colplay sur aufeminin.com. « Salut les filles. Serait-il possible que l’une de vous me procure un médicament Mediator, car j’en ai vraiment besoin pour perdre du poids. Il s’avère que celui-ci a un effet très efficace mais il me semble qu’il n’est délivré que sur ordonnance. Il reste donc inaccessible pour moi. Je règle bien sûr la somme intégrale à qui me fournira. »

30 janvier 2010. Momone 142. « Ce médicament vient d’être retiré de la vente et surtout interdit. J’en prenais depuis 10 ans, il m’avait été prescrit contre le sucre et les triglycérides. Il ne m’a jamais fait maigrir. Par contre j’ai arrêté puisqu’on ne le fait plus, je suis en sevrage, c’est terrible à supporter. Regardez ce que veut dire le benfluorex (100/100 médiator) c’est de l’amphétamine. ça veut dire que pendant 10 ans j’ai été droguée par un médicament apparemment inoffensif. »

16 novembre 2010. Yvan Bakaric a pris pendant deux ans du Mediator. « J’étais tellement maigre et pâle que les gens que je connais ne me reconnaissaient pas dans la rue. J’étais certain que j’allais y passer, j’avais préparé mon costume noir comme ça si ça arrivait, ma famille n’aurait pas de souci », témoigne à l’AFP ce retraité du bâtiment âgé de 70 ans. Yvan Bakaric s’est vu prescrire du Mediator en 2006 pour soigner son diabète, avec trois comprimés par jour. Mais deux ans plus tard, il commence brusquement à perdre l’appétit et à maigrir, de manière « considérable ». « En l’espace de trois mois, j’ai perdu 40 kilos ».


Les précédents

Août 2001. Bayer retire brutalement du marché son médicament leader, une statine anti-cholestérol. Il est utilisé dans le traitement de l’hypercholestérolémie. Raison invoquée : la mort aux États-Unis de 52 malades traités par l’association Cérivastatine- gemfibrozil (Lipur) à dose double ou triple de celle de la France.

30 septembre 2004, retrait du Vioxx. Au vu d’une de ses études démontrant que les patients utilisant cette molécule couraient deux fois plus de risques de crise cardiovasculaire au bout de 18 mois, Merck retire le Vioxx de la circulation. Cette molécule aurait provoqué 28 000 infarctus aux USA.

Fin 2004, la crise. À la suite du Vioxx, cinq autres grands médicaments sont mis en accusation : l’anti-cholestérol Crestor d’AstraZeneca (problèmes de reins et affections musculaires), l’anti-acnéique Roaccutane de Roche, l’anti-asmathique Serevent de GlaxoSmithKline, le Bextra (anti inflammatoire) de Pfizer.

Contrefaçon. Il serait faux de croire que la contrefaçon des médicaments revient aux seuls pays en voie de développement. 30 % des contrefaçons alimentent l’Europe.

Source : http://www.ladepeche.fr/article/2010/11/17/949992-Mediator-mortel-medicament.html

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Alerte au Mediator : pourquoi l’Afssaps réagit-elle si tard ?

rue89_logo-copie-1.gif  Par Marie Kostrz | Rue89 | 16/11/2010 | 23H19

Le Mediator, médicament antidiabétique commercialisé depuis 1976 et utilisé comme coupe-faim, aurait entraîné la mort de 500 patients selon les autorités sanitaires. Pourquoi une telle lenteur dans leur réaction ?

Un an après avoir interdit la commercialisation du Mediator, l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps) a annoncé qu’il pourrait être mortel. Quelque 3 500 personnes auraient été hospitalisées pour valvulopathie, une maladie entraînant des lésions des valves cardiaques et 500 personnes seraient décédées à cause de ce médicament.

Le périmètre exact des victimes ne sera pas simple à établir, comme le précise Charles Joseph-Oudin, avocat de douze victimes du Mediator, joint par Rue89 :

« Certains patients ont du être opérés à cœur ouvert et auront des séquelles toute leur vie. De plus, il faut que les patients récupèrent toutes les pièces de leur dossier médical pour prouver le lien entre leur maladie et le médicament, ce qui est très laborieux. »

Xavier Bertrand, ministre de la Santé, a encouragé les utilisateurs de Mediator à consulter leur généraliste. (Voir la vidéo)

"Médiator, 150 mg, combien de morts ?" d'Irène Frachon.L’annonce par l’Afssaps n’étonne pas le docteur Irène Frachon, auteure de « Médiator, 150 mg, combien de morts ? ». Pneumologue au CHU de Brest, cela fait plusieurs années qu’elle s’évertue à dénoncer la dangerosité du médicament :

« Commercialisé depuis 1976, le Mediator, composé de la molécule benfuroex, présente la même particularité que l’Isoméride, un coupe-faim conçu par les laboratoires Servier et interdit en France depuis 1997.

C’est une substance qui, une fois ingérée, se transforme en un poison redoutable, la norfenfluramine, entraînant des troubles cardio-vasculaires graves. »

« Combien de morts ? », sous-titre censuré en librairie

Il aura fallu du temps pour que la mise en garde d’Irène Frachon soit prise au sérieux : en juin, le tribunal de Brest l’avait ainsi condamnée à supprimer le sous-titre « Combien de morts ? » de son ouvrage. Le laboratoire Servier, qui avait intenté le procès, niait que son médicament soit mortel.

Pourtant, en 1998, l’Afssaps a mis en place un suivi de pharmacovigilance. Selon le gendarme sanitaire, il était en effet impossible d’ignorer que l’existence d’un point commun entre l’Isoméride et le Médiator, la norfenfluramine, puisse potentiellement entraîner des risques de lésions cardio-vasculaires :

« On ne pouvait exclure, malgré les différences de classe thérapeutique et de mécanisme d’action principal, que la présence d’un métabolite commun avec les anorexigènes retirés du marché puisse être à l’origine de risques de lésions cardio-vasculaires analogues à celles qui avaient été détectées pour les anorexigènes en 1997 aux Etats-Unis. »

Des habitudes différentes en France et aux Etats-Unis ?

L’Agence ne suspend pas la commercialisation du produit pour autant. Il faudra attendre douze ans pour que l’Afssaps interdise la vente du Mediator. Fabienne Bartoli, adjointe au directeur général de l’Afssaps, interrogée par Rue89, réfute toute accusation de négligence :

« L’Isoméride a été retiré du marché car il entraînait des risques cardio-vasculaires. C’est à ce titre que nous avons déclenché un suivi de pharmacovigilance. Or, les cas d’hypertension liés au Mediator ont été très peu nombreux. Nous n’avions donc pas de raisons de le retirer du marché.

De plus, nous n’avons pas surveillé les cas de valvulopathie pouvant être liés au Mediator dans les années 90. En effet, les cas répertoriés aux Etats-Unis étaient causés par la consommation simultanée d’Isoméride et de Phentermine, un autre médicament. Comme ce n’était pas une habitude des Français, nous n’avions pas de raisons de penser que de tels cas puissent apparaître en France. »

Un député a mené l’enquête

Le premier cas de valvulopathie a été répertorié en France en 2006. A ce moment-là, l’Afssaps déclare avoir inspecté des études complémentaires, qui ont débouché sur l’interdiction du Mediator en 2009.

Engagé depuis longtemps sur ce sujet, Gérard Bapt, député PS de Haute-Garonne et cardiologue, dénonce le manque de réaction des autorités sanitaires. Selon lui, il y a eu une négligence évidente de l’Afssaps. Dans une lettre adressée à l’ordre des pharmaciens en septembre, il alertait sur les propos contradictoires tenus par les laboratoire Sevier sur la nature de Médiator :

« Le 7 avril 2008, monsieur Pierre Schiavi, directeur scientifique de Servier, affirmait que “le Médiator se distinguait radicalement des fenfluramines tant en termes de structure chimique et de voies métaboliques que de profil d’efficacité et de tolérance”.

En 1970, ce sont pourtant deux chercheurs de Servier, à l’occasion d’un congrès, qui avaient intégré le Benfluorex comme membre de la famille des fenfluramines. »

L’Afssaps aurait du remarquer ce changement de discours, estime-t-il.

Dès 2007, le guide pratique des médicaments Dorosz classe également le Médiator parmi les substances dérivés de la fenfluramine, responsable d’effets indésirables cardiovasculaires graves. Laurent Sorcolle, conseiller en communication chez Sarier, se retranche derrière les demi-mots de l’Afssaps :

« Les chiffres avancés par l’Afssaps sont une extrapolation à partir de groupes tests de patients examinés depuis 2006. On ne peut être sûr de rien, l’Afssaps a d’ailleurs utilisé le conditionnel pour parler du nombre de décès provoqués par le Mediator. »

Source : http://www.rue89.com/2010/11/16/alerte-au-mediator-pourquoi-lafssaps-reagit-elle-si-tard-176282

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Mediator, coupe-faim dangereux et longtemps toléré

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Par ERIC FAVEREAU

Deux études ont confirmé, hier, que le médicament a tué plus de 500 personnes.

On pouvait imaginer qu’après l’affaire du sang contaminé, puis celle de l’hormone de croissance, et surtout avec la création des agences de sécurité sanitaire, les pouvoirs publics s’étaient donné les moyens de répondre efficacement aux dangers éventuels de certains médicaments ou pratiques médicales.

Patatras. Voilà qu’une nouvelle affaire leur explose à la figure : celle du Médiator, médicament coupe-faim produit par le laboratoire français Servier. Non seulement ce produit était inefficace, mais il se révèle dangereux. Hier, lors d’une réunion de la commission nationale de pharmacovigilance, deux études – l’une élaborée par la Cnam et l’autre par l’épidémiologiste Catherine Hill – confirment les premiers travaux qu’avait révélés le Figaro le mois dernier. Le Médiator serait bel et bien responsable de la mort de 500 à 1 000 patients. Et ce matin, l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps), fortement mise en cause dans la gestion de ce dossier, va annoncer une série de mesures, dont une campagne d’information pour rechercher tous les patients qui ont pu prendre ce qui ne devait être qu’un médicament de confort.

Hypertension.«Cette affaire est gravissime, explique le député socialiste Gérard Bapt, responsable de la mission santé sur l’assurance maladie. Non seulement elle met en cause gravement le laboratoire Servier, mais aussi l’Afssaps.» Réponse, hier, de Jean Marimbert, directeur de l’Afssaps : «Il est facile de réécrire l’histoire. Peut-être n’avons-nous pas été assez rapides, mais on ne pouvait inventer des données que l’on n’avait pas.» Certes… Mais il n’y a qu’en France qu’une telle catastrophe a eu lieu.

Reprenons. Jusque dans les années 1990, les laboratoires Servier étaient leader sur le marché des coupe-faim, type anorexigène (provoquant une anorexie momentanée), avec deux produits : l’Isoméride puis le Médiator. Rapidement, le premier se montre dangereux, provoquant, entre autres, de l’hypertension pulmonaire artérielle (HTPA). En France, il sera interdit, non sans mal, en 1997. Et le Médiator ? Il continue, du moins dans l’Hexagone, son petit bonhomme de chemin. De formulation chimique légèrement différente de l’Isoméride, il est proche de la famille des fenfluramines. On sait que le risque de HTPA peut exister, comme l’atteinte des valves cardiaques. Mais qu’importe, on continue. En 1999, la commission de transparence rend son avis. Service médical rendu du Médiator ? «Insuffisant.» Ce n’est pas grave, on continue, et on le rembourse à 65%. Il est normalement réservé aux diabétiques en surpoids.

Plaintes. En février 1999, un médecin, le Dr Chiche, fait une première déclaration d’insuffisance aortique chez un patient ayant reçu du Médiator. On continue. Alors que de nombreux pays, dont les Etats-Unis, retirent ce produit, les laboratoires Servier se démènent pour dire que le Médiator n’a rien à voir avec l’Isoméride. Plus de 300 000 patients en reçoivent chaque année. Pour un chiffre d’affaires de 300 millions d’euros.

Bien souvent, ce sont des généralistes qui en prescrivent, mano largo, en dehors des recommandations cliniques. Mais on laisse faire. Faut-il noter qu’alors, le directeur scientifique de Servier est aussi trésorier de la Société française de pharmacovigilance et de thérapeutique ?

Il faudra attendre 2009 pour que les choses changent, quand une pneumologue hospitalière de Brest, le Dr Irène Frachon, est étonnée par des patients qu’elle reçoit. «Rétrospectivement, c’était comme le nez sur la figure, et pourtant on ne le voyait pas», raconte-t-elle. En juillet 2009, une étude brestoise, faite sans moyens, tombe : «70% des malades souffrant d’atteintes inexpliquées de leur valve mitrale ont été exposés à une prise de Médiator.» En novembre 2009, l’Afssaps se décide à suspendre le Médiator. Comment justifier pareille lenteur ? «Nous n’avions, jusqu’à la fin 2008, qu’un seul cas confirmé de la valvulopathie cardiaque», se défend Jean Marimbert. «Et je ne pouvais pas prendre une décision sur ce seul cas. Mais c’est vrai, il nous a manqué des éléments de surveillance épidémiologique pour croiser les données.»

Une dizaine de plaintes ont été déposées. On attend la réaction de la nouvelle secrétaire d’Etat à la Santé, Nora Berra, qui a été pendant dix ans salariée de l’industrie pharmaceutique.

Source : http://www.liberation.fr/societe/01012302450-mediator-coupe-faim-dangereux-et-longtemps-tolere

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