Après "Fumer tue", bientôt "Le téléphone tue" ?

  

Après les conclusions de l’Organisation mondiale de la santé, deux associations souhaitent que des messages d’alertes soient inscrits sur les téléphones portables suivant l’exemple de ce qui existe déjà sur les paquets de cigarettes.

Les associations vuelent aussi interdire les publicités sur les téléphones portables

Les associations vuelent aussi interdire les publicités sur les téléphones portables MaxPPP


Les messages « Téléphoner tue » ou « Une utilisation prolongée du portable peut accroître les risques de cancer » inscrits sur les appareils ne relèvent pour le moment que de la fiction. Pourtant deux associations souhaitent que cela devienne réalité et ont écrit aux ministres de l’Ecologie et de la Santé une lettre ouverte allant dans ce sens.  Agir pour l’environnement et Priartem (Pour une réglementation de l’implantation des antennes relais de téléphonie mobile) estiment qu’après les bonnes résolutions prises « l’inaction du gouvernement est scandaleuse ». « Les décisions toujours à venir du Grenelle des ondes sont soumises à un hypothétique consensus entre acteurs aux intérêts profondément divergents » ajoutent-elles.

En conséquence, les associations demandent aux ministres « d’interdire la possession des portables pour les enfants de moins de 14 ans », ou « de proscrire par décret » « toute publicité incitant à l’usage du portable ».  Agir pour l’environnement et Priartem vont même plus loin et demandent au gouvernement « d’obliger les opérateurs et équipementiers à inscrire en toutes lettres et sur tous les portables la mention  « Une utilisation prolongée du portable peut accroître les risques de cancer »». Les écologistes veulent aussi « empêcher la commercialisation de tout équipement entraînant une exposition chronique aux ondes électromagnétiques chez les enfants et bébés, comprenant les babyphones, portables pour enfants et balises GPS ».

« La responsabilité du gouvernement pourra être engagée »

Après la cigarette, les associations souhaitent donc que le téléphone portable devienne le nouveau cheval de bataille de la politique sanitaire du gouvernement. Taxes à répétition, interdiction de la publicité, campagnes de communication, inscriptions et photos dissuasives, on sait quels moyens sont capables de déployer les pouvoirs publics lorsqu’ils s’emparent d’un sujet. Il est évident que les constructeurs d’appareils ne veulent donc pas se retrouver dans l’œil du cyclone.

Après l’envoi de cette lettre, les associations ne comptent pas en rester là. Stéphen Kerckhove, délégué général d’Agir pour l’Environnement affirme qu’ils vont « relancer les cabinets ministériels pour obtenir un rendez-vous » et souligne que si rien n’est fait la « responsabilité du gouvernement pourra être engagée » dans le désastre sanitaire qui se profile selon eux.

Par Romain Katchadourian

Source :  http://www.francesoir.fr/actualite/sante/apres-fumer-tue-bientot-telephone-tue-106858.html


Voir aussi : http://www.bienpublic.com/fr/accueil/article/5188043/Telephonie-mobile-les-ondes-pointees-du-doigt.html

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Chat’ avec Elisabeth Cardis, du Centre international de recherche contre le cancer (Circ) de l’OMS – Le Monde.fr – 01/06/2011

Chat' avec Elisabeth Cardis, du Centre international de recherche contre le cancer (Circ) de l'OMS - Le Monde.fr - 01/06/2011   par    robin-copie-10.jpg

Dans un chat sur LeMonde.fr, Elisabeth Cardis, chercheuse au Centre de recherche en épidémiologie environnementale de Barcelone (CREAL), explique que « la meilleure méthode pour diminuer son exposition, c’est de tenir le téléphone loin de son corps quand on l’utilise. Si c’est juste pour le porter sans communiquer, il n’y a pas d’exposition ».    

Sylvain : Comment se fait-il que des résultats probants apparaissent aujourd’hui, alors que des précédentes études ne concluaient pas à la dangerosité des ondes ? Qu’est-ce qui a changé ? Les études ou autre chose ?

Dr Elisabeth Cardis : Ce qui a été fait dans la monographie du CIRC [Centre international de recherche sur le cancer, agence spécialisée de l’OMS basée à Lyon] entre le 24 et le 31 mai, c’est une revue critique de toute la littérature scientifique publiée à ce jour. Cela prend en compte bon nombre d’études déjà discutées dans la presse et les études publiées dans les dernières semaines. On avait un groupe d’experts de différentes disciplines qui ont revu les études épidémiologiques, les études animales, les mécanismes. C’est un gros travail d’essayer de mettre tout cela ensemble pour en tirer les conclusions sur les dangers éventuels des radiofréquences.

Une évaluation de ce genre n’avait pas encore été réalisée jusqu’à présent, et nous disposons en plus de quelques nouvelles publications qui sont sur le point de sortir.

Re4Qube : Pourquoi, plus de quinze ans après l’apparition des premiers portables, ne sommes-nous finalement aujourd’hui toujours pas beaucoup plus avancés sur les risques qu’ils nous font encourir?

Il faut savoir que le cancer est une maladie qui met beaucoup d’années à se développer. Et même si on a commencé à utiliser le téléphone portable vers la fin des années 1980 ou le début des années 1990, il y avait au début peu d’utilisateurs et ils avaient une utilisation beaucoup plus faible que celle d’aujourd’hui.

Donc jusqu’à présent, on a manqué de recul et on a manqué d’informations sur les gros utilisateurs et l’utilisation à long terme pour évaluer s’il y avait un risque.

Pour certains agents cancérigènes, le délai d’apparition entre l’exposition et le cancer peut être de vingt ou trente ans, voire plus.

Bruno : Aujourd’hui que le Conseil de l’Europe rejoint l’avis du Parlement européen pour demander la baisse des puissances, l’arrêt du Wi-fi dans les écoles, le CIRC n’a-t-il pas un métro de retard, avec des études qui portent sur des utilisateurs d’il y a dix ans, dont les « gros » sont ceux qui utilisaient le portable une demi heure… par jour !

Le CIRC cette semaine n’a pas publié les résultats de son étude. Ce qu’il a fait, c’est de revoir toute l’information scientifique sur les risques possibles, toutes les études animales, toutes les études sur les mécanismes, et toutes les études épidémiologiques.

Cela dans le but de décider s’il y avait un risque ou non. Et cette évaluation qualitative sur l’existence ou pas d’un risque est le mandat des monographies du CIRC.

Les résultats des monographies du CIRC sont ensuite utilisés par d’autres organismes nationaux et internationaux pour faire des recommandations en termes de protection ou d’intervention.

Mais avant d’agir ou de faire des recommandations, il est très important de faire une évaluation critique sur toute l’information scientifique.

Romain : Qu’est-ce que la reconnaissance par l’OMS du risque représenté par les téléphones portables va changer concrètement ? Les lobbies téléphoniques ne sont-ils pas extrêmement puissants ?

Les lobbys téléphoniques sont sans doute très puissants, mais la reconnaissance par le CIRC est le début d’un processus qui implique différentes actions au niveau international et national. En particulier, par exemple aux Etats-Unis, en Californie, chaque agent défini comme possiblement cancérigène par le CIRC est ensuite considéré pour une réglementation possible.

C’est une évaluation très respectée par les agences de réglementation au niveau national et international.

Babette : Est-il vrai que de nombreuses études faites sur la dangerosité du portable sont en fait financées par les compagnies téléphoniques elles-mêmes ? Si oui, peut-on vraiment se fier aux résultats avancés qui étaient jusque-là relativement rassurants ?

Il y a effectivement des études financées par les compagnies. Dans les publications des journaux scientifiques, les auteurs sont obligés, maintenant, de déclarer leurs sources de financement et leurs conflits d’intérêts possibles.

C’est quelque chose qui est déjà pris en compte par les éditeurs de journaux scientifiques et qui est aussi pris en compte, évidemment, dans les revues critiques que l’on a faites cette semaine de la littérature scientifique.

Bruno : Pourquoi le CIRC a-t-il mis tant de temps pour conclure à un risque étant donné que les études citées datent d’il y a des années ?

Le CIRC, dans son évaluation, a évalué aussi les études qui ont été acceptées pour publication la semaine dernière. En fait, le CIRC a un programme à très long terme pour évaluer la dangerosité des différents agents de notre environnement, et il décide de son calendrier en fonction des dates auxquelles sont attendues les publications des études les plus importantes.

Et le CIRC savait depuis quelques années que de grosses études épidémiologiques et expérimentales étaient en cours, et qu’on en attendait les résultats cette année. C’est pourquoi il a décidé de faire sa réunion cette semaine. Mais évidemment, dans sa revue, il revoit toutes les études publiées, y compris celles publiées il y a vingt ans.

Il revoit tout ce qui existe sur le sujet, aussi bien les études anciennes que les études récentes.

Bruno : Vous disiez dans un article de presse : « L’étude ne met pas en évidence un risque accru de tumeur, mais en même temps, on ne peut pas conclure qu’il n’y a pas de risque », ce n’est pas un peu une réponse de Normand ?

C’était une réponse lors de la publication du premier article international sur Interphone. Ses premiers résultats n’ont effectivement pas mis en évidence une augmentation globale du risque de tumeur cérébrale chez les utilisateurs de portables. Mais en même temps, on a vu une augmentation du risque chez les plus forts utilisateurs, et surtout ceux qui avaient une tumeur dans le lobe temporal, qui est la partie la plus exposée du cerveau.

Cela suggère qu’il peut y avoir un risque, mais ce résultat, s’il n’est pas corroboré par d’autres études, peut être également dû à un biais, ou au hasard, donc on ne pouvait pas en tirer une conclusion catégorique. C’est pourquoi on a dit : on n’a pas prouvé qu’il y a un risque, mais on n’a pas non plus démontré qu’il n’y en a pas.

Ce qui est très important, car certaines personnes interprètent le fait de ne pas montrer un risque dans une étude épidémiologique comme voulant dire que ce risque n’existe pas. Alors que, parfois, en épidémiologie, on n’a pas la puissance ou le recul nécessaire pour conclure.

Jk : Est-ce que vous pourriez nous dire ce qu’est exactement le centre de recherche pour lequel vous travaillez ?

Je suis épidémiologiste, je dirige un groupe sur les effets des rayonnements au Centre de recherche en épidémiologie environnementale de Barcelone. C’est une fondation financée par divers ministères de Catalogne et d’Espagne. Nous avons aussi beaucoup de financements spécifiques de la Commission européenne et de l’Agence nationale américaine pour la santé.

C’est une agence dont le but est de faire de la recherche en santé publique afin d’assurer la protection des populations contre les risques environnementaux possibles. Jusqu’en 2008, je dirigeais le groupe « rayonnements » au CIRC, qui est l’agence de recherche sur le cancer de l’OMS.

Etienne : Je vous fais remarquer que les gros utilisateurs de vos études épidémiologiques étaient les faibles utilisateurs d’aujourd’hui, d’où la question de la pertinence de votre travail…

Je suis tout à fait d’accord que les gros utilisateurs de l’étude sont des utilisateurs normaux ou faibles aujourd’hui. D’où la préoccupation que nous avons en voyant les résultats de ces études.

C’est pour cela que j’ai, à plusieurs reprises déclaré, qu’en l’absence de conclusions plus définitives, il est utile de prendre des précautions. Et il est très facile de minimiser son exposition, en utilisant par exemple la fonction haut-parleur de son téléphone, ou un kit mains libres, ou en envoyant des textos. Et il est important donc d’éduquer surtout les jeunes pour qu’ils prennent de telles précautions et limitent ainsi leur exposition.

Plazvor : Je voulais savoir quand commence le risque de cancer ? Combien de temps doit-on passer quotidiennement sur son portable pour voir se développer un cancer ?

Rita et Alexandre du Bréi : Y a-t-il une différence entre le fait d’utiliser le portable trois heures d’affilée ou durant trois heures réparties pendant la journée ?

Pour l’instant, le risque de cancer n’est pas démontré. La classification du CIRC est 2B, c’est-à-dire peut-être cancérigène. Il est donc difficile de dire à quel niveau il y a un risque si le risque n’est pas démontré. Les études actuelles semblent de plus en plus indiquer que si risque il y a il est possible qu’il ne soit pas détectable avant cinq ou dix ans, ou plus. Mais on ne peut pas le quantifier.

Des études sur les tendances temporelles de l’incidence du cancer dans différents pays n’ont pas mis en évidence pour l’instant d’augmentation des tumeurs cérébrales en relation avec l’augmentation de l’utilisation des portables.

Donc a priori, s’il y a un risque, il ne s’agit pas d’un risque très large au niveau individuel ni d’un facteur qui a un effet très rapide. Mais pour l’instant, nous ne pouvons pas quantifier le risque.

Gomra : Est-ce que le fait d’avoir un portable dans la poche, près du corps ou pendant la nuit sur la table de nuit à côté du lit sont des facteurs dangereux qui pourraient provoquer un cancer ?

Le portable émet des radiofréquences quand il est utilisé pour envoyer des informations. Donc s’il est sur la table de nuit pendant la nuit et que vous ne parlez pas et n’envoyez pas d’informations, il n’y a pas d’exposition.

Dans la poche, s’il est utilisé par exemple avec un kit mains libres pour parler, la partie du corps la plus près du téléphone sera exposée.

Donc il peut y avoir un risque. Il faut peut-être souligner que l’exposition décroît très rapidement avec la distance entre le téléphone et le corps. Donc l’éloigner de quelques centimètres réduit énormément l’exposition.

Bruno : Le risque 2B correspond au risque de la laine de verre et des vapeurs d’essence, il n’est donc pas nul ?

C’est une question compliquée. La catégorie 2B est une catégorie qualitative. Elle ne juge pas l’ampleur du risque, mais l’état de nos connaissances sur le risque. Donc il y a beaucoup de produits classifiés 2B, certains sont probablement cancérigènes mais nous n’en avons pas encore la preuve ; d’autres ne sont peut-être pas cancérigènes mais quelques études ont pu suggérer des augmentations de risques dus au hasard ou à des biais.

On ne peut donc pas vraiment comparer la laine de verre et le portable. C’est vraiment l’état des connaissances qu’on évalue.

Romain : Dans les zones peu desservies, la recherche quasi permanente d’un réseau par le téléphone génère-t-elle des radiofréquences ?

Patrice : A ma connaissance, un portable émet toutes les six minutes pour allez chercher son antenne-relais, est-ce vrai ?

Il est vrai que le téléphone portable se connecte périodiquement avec le réseau pour donner sa position. Je ne connais pas la fréquence, mais c’est une connection très courte, donc les niveaux cumulés émis sont très différents de ceux qu’on peut avoir pendant une conversation avec le téléphone à l’oreille.

Dans une zone où il y a une mauvaise couverture, quand on utilise le téléphone pour essayer d’appeler, il va probablement émettre à sa puissance maximum, alors que dans des zones avec une bonne couverture, la puissance moyenne émise sera généralement plus faible.

Choubaka : Quels sont les cancers auxquels on est le plus exposé en utilisant son téléphone ?

Olivier : Le cerveau est-il l’organe le plus menacé ? Dans le cas ou d’autres organes seraient exposés, que recommanderiez-vous par rapport à la façon de porter son téléphone portable ?

Actuellement, comme la majorité des gens utilisent leur téléphone à l’oreille, les zones les plus exposées sont la peau, l’oreille et une partie du cerveau dans la zone la plus proche de l’antenne.

C’est pour cela qu’on a étudié le risque de tumeur du cerveau et du nerf auditif dans nos études.

La glande parotide est aussi située près de l’antenne du téléphone. A l’avenir, si les gens utilisent leur téléphone dans la poche, l’exposition sera dans les zones du corps proches de la poche.

Comme je l’ai dit, l’exposition diminue très rapidement avec la distance. Donc si on utilise le téléphone en mains libres, en le posant sur une table ou en le tenant à la main ou dans un sac à main, l’exposition sera presque nulle.

Romain : Est-il préférable de garder son portable ailleurs que dans sa poche de pantalon ?

Je crois que la meilleure méthode pour diminuer son exposition, c’est de tenir le téléphone loin de son corps quand on l’utilise. Si c’est juste pour le porter sans communiquer, il n’y a pas d’exposition.

Patrice : Les enfants et les adolescents sont-ils plus exposés aux dangers des ondes ?

S’il y a un risque, il est probable qu’il soit plus important chez les jeunes. Pour plusieurs raisons : d’abord, on sait que le système nerveux central continue à se développer pendant l’enfance et l’adolescence, donc il peut être plus sensible aux effets des ondes.

De plus, pour des raisons anatomiques, pour la même utilisation à l’oreille, le cerveau, dans les zones les plus exposées, recevra une dose de radiofréquences plus élevée, car chez les jeunes, l’oreille est plus fine et le crâne est plus fin, donc l’antenne est plus proche des tissus du cerveau.

Xavier : Ces études relatives aux téléphones permettent-elles de conclure quelque chose sur les ondes WiFi ? Y a-t-il des similitudes ?

Philippe : Peut-on réellement considérer l’utilisation quotidienne du WiFi comme potentiellement dangereuse ?

L’évaluation qui a été faite est une évaluation sur les radiofréquences, et pas seulement sur le téléphone. Les études qui ont contribué à l’évaluation sont des études sur le téléphone, parce que c’est ce qui a été le mieux étudié jusqu’à présent. Mais a priori, le groupe de travail a classé toutes les ondes de radiofréquence dans le groupe 2B.

Simplement, en ce qui concerne notre exposition de tous les jours, la source d’exposition la plus élevée, de loin, est le téléphone qu’on tient près de sa tête.

Les niveaux d’exposition au WiFi ou aux stations de base sont beaucoup plus faibles et donc le risque, s’il existe, devrait être aussi beaucoup plus faible.

Il faut noter que nous démarrons une grosse étude multinationale chez les jeunes dans quatorze pays, qui s’appelle « Mobile Kid ». Dans cette étude, nous étudierons non seulement les téléphones portables, mais aussi les téléphones portatifs domestiques, les WiFi et les autres sources de radiofréquence dans notre environnement général.

Evan : Le bluetooth* est-il dangereux à long terme ? (*Kit mains libres par bluetooth)

Le bluetooth émet aussi des radiofréquences, comme le portable, mais à des niveaux beaucoup plus faibles que les GSM. En revanche, les niveaux sont proches des téléphones de nouvelles génération, les 3G.

Krm : Concernant le déploiement de la 4G, des études d’impact sanitaires ont-elles été menées en amont ?

Le problème, en épidémiologie, c’est qu’on étudie des effets à long terme, surtout pour le cancer. Donc il est difficile de réaliser des études épidémiologiques en amont, puisqu’on n’a pas de population exposée à étudier.

Charly : Les niveaux d’exposition des nouveaux téléphones sont-ils plus forts que les anciens ?

Non, ils sont beaucoup plus faibles.

Gomra : Qu’en est-il, en terme de dangerosité, des portables du type Smartphone qui reçoivent des mails et possèdent un GPS ?

Les téléphones, quand ils reçoivent, n’émettent pas. Ce qui nous concerne en terme d’exposition, c’est quand le téléphone émet. Donc si vous envoyez un mail, c’est comme envoyer un SMS, ce sera une exposition très, très courte, juste quand on appuie sur « send ».

C’est une exposition beaucoup plus courte que celle qu’on a quand on parle au téléphone.

Mais le fait de recevoir des informations – GPS, mail – n’implique pas d’exposition.

Raphaëlle : Pourrait-on imaginer une housse de protection qui arrête les ondes néfastes ?

Je sais qu’il y a différentes organisations qui ont essayé de développer des systèmes pour arrêter les ondes. Mais le problème, c’est que si les ondes ne passent pas, le téléphone ne marche pas, donc on ne peut pas communiquer. Ou alors le téléphone émet à sa puissance maximale.

Donc je crois que le meilleur moyen de réduire l’exposition, c’est plutôt d’éloigner le téléphone en l’utilisant en mains libres.

Jean : Avez-vous vu le reportage de Sophie Le Gall « Mauvaises ondes » qui fait état des pressions des opérateurs et fabricants de téléphones sur les laboratoires de recherche ? Avez-vous déjà subi des pressions ou vous a-t-on déjà refusé des crédits de recherche ?

Je n’ai pas vu ce reportage, car il n’a pas été diffusé en Espagne, et il n’était plus disponible sur Internet. Je sais qu’il y a sûrement des pressions sur certains chercheurs. Quant à moi, les sources de financement que je reçois pour les études sont des sources gouvernementales, de la Commission européenne et d’autres sources qui n’ont pas d’intérêts particuliers dans les résultats.

La seule exception étant l’argent que nous avons reçu dans le cadre de l’étude Interphone des opérateurs et des constructeurs, mais ceci s’est fait à travers l’Union internationale contre le cancer, qui servait de pare-feu, nous garantissant toute indépendance dans notre travail et nos publications.

Et les agences qui nous finançaient n’avaient accès aux publications que moins d’une semaine avant qu’elles soient rendues publiques et n’avaient aucun droit de nous demander d’y changer quoi que ce soit.

Les termes de cet accord sont disponibles sur le site web du CIRC depuis 2001.

Chat modéré par François Béguin

Source : http://www.lemonde.fr/planete/chat/2011/06/01/telephone-portable-et-cancer-ou-commence-le-risque_1530364_3244.html#ens_id=1524133
 
Commentaire Robin des Toits : Nous vous recommandons, ainsi que le Criirem, de ne pas laisser votre téléphone sur votre table de chevet car ce dernier envoie des salves régulièrement pour donner sa position à l’antenne-relais la plus proche. Par ailleurs un téléphone portable en veille non éteint n’est pas totalement inactif et vient perturber l’activité cérébrale.
Notez qu’il est possible d’utiliser son portable en réveil, même à l’arrêt.

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"Expert pépère" – le Canard Enchaîné – 25/05/2011

"Expert pépère" - le Canard Enchaîné - 25/05/2011 par robin-copie-10.jpg

C’est une brève histoire d’experts et de téléphone portable. Dans le cadre d’une vaste enquête sur les risques liés au portable, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a chargé une vingtaine d’experts de tenir cette semaine une session de travail au Circ de Lyon, le Centre international de recherche sur le cancer, sur « l’évaluation des risques de cancérogènicité pour l’homme des radiofréquences de la téléphonie mobile ».

Gag : lundi 23, la veille du jour où s’est ouverte cette session, le professeur Anders Ahlbom, du prestigieux institut suédois Karolinska, qui devait présider ce groupe d’experts, a été sèchement remercié. Coïncidence ? Plusieurs associations, dont Priartem, s’apprêtait à publier le jour même un communiqué de presse révélant que le professeur, bien qu’ayant rempli une déclaration publique d’intérêt vierge de tout lien commercial avec les opérateurs, avait créé une société de conseil auprès d’entreprises de télécommunications…

Une opacité totale dans le choix des experts. Des conflits d’intérêts cachés. La mise à l’écart des chercheurs qui mettent en doute les vérités officielles des opérateurs. Pour Jeannine Le Calvez, de Priartem, « tant qu’il n’y aura pas de transparence sur le processus d’appel à candidature des experts, sur les critères de sélection, et publication des déclarations (prétendument) publiques d’intérêt, ce genre de problème se répétera. » Et les résultats des expertises de l’OMS ne seront pas crédibles…

Professeur Canardeau

Source : http://www.robindestoits.org/Expert-pepere-le-Canard-Enchaine-25-05-2011_a1241.html


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Des parabènes présents dans 400 médicaments

   23.05.11 | 11h39

Environ 400 spécialités pharmaceutiques – certaines utilisées de façon très courante– contiennent des parabènes.

Environ 400 spécialités pharmaceutiques – certaines utilisées de façon très courante– contiennent des parabènes.AFP/JOËL SAGET

Environ 400 spécialités pharmaceutiques – certaines utilisées de façon très courante– contiennent des parabènes, ces conservateurs dont la toxicité et les effets cancérigènes font l’objet de débats scientifiques et dont l’Assemblée nationale a voté l’interdiction le 3 mai. La liste, établie par Le Monde, comprend aussi bien des dentifrices que des médicaments utilisés en chimiothérapie anticancéreuse.

Parmi les produits les plus courants listés : de nombreux cosmétiques pour bébé ; des crèmes comme la Biafine ; de nombreux sirops contre la toux (Clarix, Codotussyl, Drill, Hexapneumine, Humex, Pectosan, Rhinathiol) ; des pansements gastriques (Maalox, Gaviscon) ; des traitements des troubles du transit intestinal (Motilium) ou des nausées et vomissements (Primpéran) ; les formes en suspension buvable de médicaments cardiovasculaires (Cozaar, Vastarel) ou antibiotiques (Josacine, Zinnat) ; des médicaments contre la douleur et la fièvre (formes génériques d’ibuprofène et de paracétamol) ; les traitements de l’asthénie (Sargenor) ; sans oublier les formes génériques de ces médicaments.

Les parabènes sont présents dans des milliers de produits cosmétiques, alimentaires et dans des médicaments afin d’éviter le développement de champignons et de micro-organismes qui pourraient être nocifs pour l’homme. Les conservateurs ont également pour objectif d’empêcher la dégradation du médicament et la baisse de son efficacité, voire d’éviter sa nocivité.

Le 3 mai, les députés avaient créé la surprise en adoptant, contre l’avis du gouvernement, la proposition de loi de Yann Lachaud (Nouveau Centre, Gard) visant à interdire l’utilisation des phtalates, des parabènes et d’alkylphénols, trois catégories de perturbateurs endocriniens.

Le texte doit encore être voté par le Sénat, mais l’inquiétude règne dans les secteurs industriels concernés, qui se verraient obligés, en cas d’adoption définitive, de trouver des substances de remplacement.

Une étude de toxicologie, menée par l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps) avec le concours de plusieurs laboratoires pharmaceutiques, est en cours. « Les 400 spécialités pharmaceutiques contenant des parabènes, sous forme méthyle ou propyle, concernent environ 80 firmes titulaires d’autorisations de mise sur le marché », estime Vincent Gazin, responsable de l’unité de toxicologie clinique de l’Afssaps et pilote de l’étude en cours, dont les résultats sont attendus pour novembre.

EFFETS TOXIQUES

L’Afssaps s’est penchée sur la question des parabènes dès 2004, notamment à la suite de la publication d’une étude britannique. Une chercheuse de l’université de Reading, Philippa Darbre, et ses collègues avaient retrouvé des parabènes intacts dans des tumeurs du sein, en particulier du parabène de méthyle. « Cela démontre qu’au moins une partie des parabènes présents dans les cosmétiques, l’alimentation et les produits pharmaceutiques peut être absorbée et retenue dans les tissus du corps humains » sans être transformée, estimaient les auteurs.

Ils précisaient cependant que les études menées jusque-là n’avaient pu déterminer la source et le chemin emprunté par les parabènes retrouvés dans des tissus humains. En revanche, ils évoquaient l’hypothèse d’un effet favorisant le développement de cancers par le biais de l’action proche des oestrogènes qu’exercent les parabènes, décrite depuis 1998.

L’étude de Mme Darbre a fait l’objet de critiques, mais l’Afssaps a préféré engager une évaluation de la sécurité d’emploi des parabènes en constituant un groupe d’experts ad hoc dès juin2004. Le Bulletin des vigilances de l’Afssaps, daté de juin 2005, indiquait que les experts avaient conclu que les parabènes « sont peu toxiques et bien tolérés, bien que des réactions allergiques puissent survenir chez certaines personnes ».

Néanmoins, le groupe de scientifiques avait relevé que des études avaient « établi que ces conservateurs pourraient être à l’origine d’une faible perturbation du système endocrinien ». Ils précisaient que les données disponibles ne permettaient pas de « caractériser ni de quantifier le risque, notamment cancérigène, qui pourrait être associé à la perturbation endocrinienne ».

Les experts soulignaient cependant la mise en évidence d’effets toxiques sur la reproduction chez le jeune rat, par une équipe japonaise, ajoutant que ces études « suggèrent un risque potentiel pour la fertilité masculine », observé avec le parabène de propyle mais pas avec la forme méthyle.

« L’évaluation de 2004 avait laissé des zones d’ombre et l’étude japonaise montrant une altération de la fertilité chez le jeune rat présentait des insuffisances. Nous avons donc décidé de refaire une étude chez le jeune rat avec le parabène de propyle », explique M. Gazin. Six laboratoires pharmaceutiques sont parties prenantes de cette investigation, dont le coup d’envoi a été donné en avril 2010.

Reste que si, à eux seuls, les parabènes n’étaient pas à même de perturber significativement le système hormonal, la question resterait posée d’un effet cumulatif avec des expositions à d’autres perturbateurs endocriniens.

Paul Benkimoun
Article paru dans l’édition du 24.05.11
Source : http://www.lemonde.fr/societe/article/2011/05/23/des-parabenes-presents-dans-400-medicaments_1525948_3224.html

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Villeneuve-de-la-Raho, Antennes relais : "Villeneuve considérée comme atypique"

   Le dimanche 22 mai 2011 à 06h00     par Isabelle Goupil | Mis à jour à 10h56

 Le Dr Le Ruz a expliqué scientifiquement, mais pédagogiquement, les dangers pour la santé d'une exposition continue aux hyperfréquences, d'autant plus quand les valeurs d'exposition sont, comme à Villeneuve, supérieures aux seuils admis.

Le Dr Le Ruz a expliqué scientifiquement, mais pédagogiquement, les dangers pour la santé d’une exposition continue aux hyperfréquences, d’autant plus quand les valeurs d’exposition sont, comme à Villeneuve, supérieures aux seuils admis.  © Photos F. V.

Depuis trois ans, l’association villeneuvoise Un mât pour les ondes – forte de 290 adhérents – se bat pour que soient déplacées les antennes relais installées sur le château d’eau, en plein coeur du village. Aujourd’hui, outre quatre enfants du groupe scolaire Alfred-Sauvy gravement malades, il y a urgence : la communauté d’agglomération, compétente, a jusqu’au 11 juin pour dénoncer deux des trois contrats qui la lie aux opérateurs de téléphonie mobile Bouygues et SFR. Mais l’association se heurte, selon sa présidente Maryse Batlle, à « une partie de ping-pong » entre le président de PMCA, Jean-Paul Alduy, et la député-maire et vice-présidente de l’Agglo, Jacqueline Irles, qui s’est brièvement entretenue hier matin avec le Dr Pierre Le Ruz, mais qui n’a pas assisté à l’instructive conférence de ce dernier devant une centaine de personnes avides d’information.

Le Dr Le Ruz, neuro-physicien, président du Criirem (1), expert européen en nuisances électromagnétiques et en radioprotection, a détaillé les diverses études scientifiques en la matière, expliqué la réglementation applicable et les effets sur la santé des ondes électromagnétiques émises par les antennes relais.

L’information que vous délivrez est-elle celle d’un scientifique ou d’un militant ?

C’est celle d’un scientifique. Au Criirem, nous dénonçons les installations d’antennes relais dangereuses pour la santé des habitants et parfois illégales. Et ici à Villeneuve-de-la-Raho, il y a plein de choses illégales. Notre rôle est de faire respecter la réglementation.

En quoi les installations sur le château d’eau de Villeneuve sont-elles illégales ?

La puissance des antennes, tout d’abord, dont cinq d’entre elles émettent en direction de l’école. Même à 50 mètres du château d’eau, les émissions sont supérieures à 3 volts/mètres, qui est la limite autorisée par la directive européenne 2004/108 et la norme française 61000. Les normes de compatibilité électromagnétique ne sont donc pas respectées. C’est pourquoi l’Afsset (2) a décrété la commune comme ‘lieu atypique’. Son site supportant les antennes devrait être éradiqué. Ensuite, deux antennes surplombent une propriété privée, ce qui est interdit. Le périmètre de sécurité est délabré, les pictogrammes de sécurité obligatoires sur le château d’eau sont absents, ce qui là encore est illégal. Enfin, les équipements des antennes relais sont à l’intérieur du château d’eau, ce qu’interdit pourtant la circulaire du 6 janvier 1998 de la Direction générale de la santé. Car on sait que les ondes électromagnétiques modifient le spectre de l’eau. Bref, il y a ici un non-respect de la loi dont pourrait être saisi le procureur de la République.

Est-il aujourd’hui scientifiquement prouvé que les ondes électromagnétiques sont néfastes pour la santé ?

Les premiers soucis, et donc les premières études, ont commencé en 1978 à l’ambassade américaine à Moscou où l’on constatait un taux anormal de leucémies chez le personnel et leurs enfants. Les murs étaient truffés d’appareils d’écoute ! Les personnels étaient exposés en permanence à des ondes de 9 à 19 v/m ! Mais c’étaient des ondes pulsées. Depuis 1998, on a identifié les troubles neurologiques et endocrino-immunitaires liés aux hyperfréquences. En 2009, la cour d’appel de Paris a admis que les effets sur la santé des antennes relais étaient reconnus par la majorité de la communauté scientifique. Excepté bien sûr, les scientifiques pris dans des conflits d’intérêts…

Pourquoi les politiques sont-ils réticents à prendre en compte ces problèmes ?

A cause du lobbying des opérateurs, qui s’exerce notamment à la commission européenne, mais aussi auprès des maires. Cependant, la pression des associations fait de plus en plus peur aux opérateurs. Dans votre département par exemple, le maire de Porta refuse toute installation d’antennes relais sur des bâtiments publics. C’est une volonté politique. Le maire de Villeneuve n’a pas envie de bouger, mais attention ! Les installations sur le château d’eau sont illégales et s’il y a un accident, je ne voudrais pas être à la place des responsables. Il n’y aura pas de cadeau des assurances et il y aura des retombées judiciaires.

Source : http://www.lindependant.fr/2011/05/22/antennes-relais-villeneuve-consideree-comme-atypique,21071.php

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Le pylône de Bonhoure vit ses dernières semaines

   PUBLIÉ LE 19/05/2011 08:54 | B. DV

Le pylône est implanté sur la colline de Bonhoure depuis 1986/. Photo DDM Archives

Le pylône est implanté sur la colline de Bonhoure depuis 1986/. Photo DDM Archives

Le 9 novembre, c’en sera définitivement fini des émissions TV depuis le pylône de Bonhoure. Il sera remplacé par un autre relais, situé à proximité de la colline de Bonhoure. Pour les douze radios qui émettent depuis le pylône, TDF et la mairie de Toulouse cherchent une solution.

La rentrée de septembre verra le commencement de la fin d’une certaine exception toulousaine. Celle du pylône de Bonhoure et de sa réputation sulfureuse de « cas extrême d’émission de radiodiffusion en milieu urbain » décrit en 2005 dans un rapport officiel de l’Agence Nationale des Fréquences (ANF). Obligé d’entreprendre des travaux de modernisation de ses équipements en raison du passage au numérique de la région Midi-Pyrénées prévu pour le 9 novembre, et poussé dehors par la chambre d’appel du tribunal administratif de Bordeaux qui a reconnu en mars 2010 au Capitole le droit de ne pas renouveler le contrat d’utilisation de la colline concédé à Télédiffusion de France, TDF a choisi de quitter les lieux.

« Plusieurs sites sont encore à l’étude mais nous avons proposé la création d’un site alternatif à Bonhoure. Le basculement se fera avant le 9 novembre », précise Éric Famy, directeur de TDF pour le sud-Ouest. Sur la localisation de ce nouvel émetteur, le patron de TDF se contente d’expliquer « qu’il ne se situe pas très loin de l’actuel pylône de Bonhoure. »

Exit donc les projets d’implantation d’une nouvelle antenne relais dans une commune de la périphérie de Toulouse. Mais la fin des émissions TV depuis la colline de Bonhoure ne signe pas de fait l’arrêt de mort immédiat du pylône, « car des discussions sont toujours en cours avec le Capitole pour trouver une solution de repli pour les douze radios qui émettent depuis Bonhoure », poursuit Éric Famy. Aucun calendrier d’arrêt des émissions radio n’est pour l’instant établi. Mais selon toute vraisemblance, comme pour la télévision, TDF et le Capitole s’orientent vers « une logique de répartition des fréquences radio sur plusieurs sites. »

Source : http://www.ladepeche.fr/article/2011/05/19/1085352-le-pylone-de-bonhoure-vit-ses-dernieres-semaines.html

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Conflits d’intérêts au cœur de la téléphonie sans fil

MEDIAPART   19 Mai 2011 Par Les invités de Mediapart

Alors que les risques sanitaires liés au téléphone portable sont désormais scientifiquement avérés, Étienne Cendrier, porte-parole de l’association Robins des toits, détaille les nombreux conflits d’intérêts qui minent le secteur au détriment de la santé publique.

L’affaire du Médiator a malheureusement rappelé que la décision publique pouvait être détournée et «captée» par des intérêts privés. Les technologies sans fil présentent le même tableau. En effet, les dangers engendrés par ces technologies sont désormais bien établis. Le rapport BioInitive de 2007 présente une synthèse complète des travaux en ce sens. L’Agence française de sécurité sanitaire de l’environnement et du travail (AFSSET) a elle-même reconnu, dans son rapport de 2009, que des travaux scientifiques à la méthodologie incontestable aboutissaient à la conclusion d’effets néfastes. Enfin, l’étude Interphone parue en 2010 (ouvrir en pdf), montrant une augmentation des cancers du cerveau de 40% chez les «gros utilisateurs» du téléphone mobile, précisément du côté où le téléphone est utilisé, les «gros utilisateurs» étant ceux qui téléphonent… une demi-heure par jour!

Pourquoi a-t-on laissé une technologie dangereuse pour la santé se répandre aussi rapidement sans aucune restriction? La réponse réside d’abord, comme souvent, dans les intérêts financiers. L’Etat n’est pas neutre dans l’affaire, il vend les licences aux opérateurs. La quatrième licence de téléphonie mobile a été vendue pour 206 millions d’euros.

Elle réside ensuite dans les circulations de personnes entre les opérateurs et la sphère de décision publique. Il ne s’agit pas de mettre en doute la probité personnelle de tel ou telle, mais de montrer une stratégie voulue des opérateurs, tendant à l’exercice d’une influence sur la décision publique, par le recrutement d’anciens collaborateurs des décideurs publics. Opérateurs et décideurs publics sont ainsi du même «monde», un «entre-soi» au sein duquel on ne va pas se faire de mauvaises façons.

Le même mécanisme existe au sein du monde médical; l’activisme du professeur Aurengo sur le thème de l’innocuité des ondes pour la santé n’aura échappé à personne. Peu de gens savent peut-être, en revanche, que ce membre de l’Académie de médecine, qui a inspiré les communiqués rassurants de celle-ci, a longtemps été membres du conseil scientifique de Bouygues et de l’Association française des opérateurs mobiles, ainsi que du conseil d’administration d’EDF. La fondation Santé et radio-fréquences, censée étudier les liens entre les ondes et la santé, est financée pour une part significative par les opérateurs, lesquels disposent de sièges au conseil d’administration. Or, le conseil peut, à sa guise, infléchir ou supprimer un programme de recherche. Il n’y a rien d’étonnant, dès lors, à ce que rien de significatif ne soit jamais sorti de cette fondation.

De façon tout à fait éclairante, les seules «brêches» dans le dispositif visant à étouffer la mise en évidence des effets délétères des ondes pour la santé, sont venues de la magistrature, puisque de nombreux jugements, confirmés en appel, ont reconnu le risque et ordonné en conséquence le démontage d’antennes, ou interdit leur installation. Or, les opérateurs n’ont pu prendre pied dans la justice, protégée par des statuts rigoureux.

Mais s’il y a tromperie en France, dira-t-on, les faits devraient être mis en évidence à l’échelon international… sauf que le même mécanisme y est à l’œuvre. Ainsi, Mike Repacholi, coordonateur à l’Organisation mondiale de la santé (OMS) du projet international pour l’étude des champs électro-magnétique, lequel aboutit à des conclusions rassurantes, n’a cessé d’être, à titre personnel, consultant rémunéré par les industries de l’électricité et de la téléphonie mobile.

Le Parlement européen s’est ému, dans sa résolution du 4 septembre 2008, de la montée en puissance des pathologies environnementales, parmi lesquelles l’électrosensibilité. Il a également constaté, dans la même résolution, que les limites d’exposition aux champs électro-magnétiques fixées pour le public sont obsolètes du fait de leur absence de révision depuis 1999. Il a réitéré l’expression de cette préoccupation le 2 avril 2009, soulignant que les compagnies d’assurance excluent le risque sanitaire associé aux ondes, de leurs polices d’assurance. Malheureusement, ces appels à la vigilance n’ont pas trouvé d’écho.

Mais s’il y a scandale, ne peut-on pas compter sur les médias pour les dénoncer? Pas davantage, car là aussi les opérateurs sont très présents, aussi bien auprès des chaînes de télévision dont ils possèdent une partie du capital, que de la presse écrite à qui ils achètent d’énormes espaces publicitaires.

De ce fait, des passages entiers du rapport remis par l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) sur le Médiator, pourraient s’appliquer au sujet de la téléphonie mobile: notamment quand l’inspection dénonce «un principe de précaution fonctionnant à rebours». Ainsi, on demande vaguement d’autres études, ce qui permet de gagner plusieurs années pendant lesquelles des millions de forfaits sont vendus.

Théorie du complot? Non. La théorie du complot suppose l’existence de négociations secrètes, d’accords cachés, peut-être réels, mais impossibles à prouver ainsi, d’ailleurs, qu’à réfuter formellement. Ici, les faits, les chiffres, les nominations sont sur la table: tout est public, le conflit d’intérêt est objectif.

Marchands de peur? Non. Lanceurs d’alerte.


Source : http://blogs.mediapart.fr/edition/les-invites-de-mediapart/article/190511/conflits-dinterets-au-coeur-de-la-telephonie-sa

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France 3 : pourquoi Hors série a été privée de débat

18/05/2011 – 18:40

L’émission qui aborde ce mercredi 18 mai un sujet hautement sensible – les dangers des téléphones portables et des antennes relais – ne sera pas suivie de son habituel débat. Son présentateur Samuel Etienne s’explique.
Le débat qui devait suivre la diffusion du documentaire Mauvaises Ondes, dans le cadre de l’émission Hors série de France 3, a dû être annulé, en raison d’un préavis de grève qui n’a pris fin qu’hier soir. Certaines rumeurs couraient sur l’existence de pressions. Le caractère délicat du sujet abordé (les dangers des ondes émises par les antennes relais et des portables) a effectivement poussé les opérateurs de téléphonie mobile à tenter d’empêcher la tenue des discussions. Mais ce n’est apparemment pas la raison de l’annulation de la seconde partie de Hors série.

Contacté par nos soins, le présentateur Samuel Etienne s’explique : « Il est vrai que certains avaient envie que ce débat n’ait pas lieu. Mais s’il est annulé, c’est pour des raisons techniques. Le préavis de grève a été levé trop tard hier soir pour que l’on puisse caler une équipe de réalisation et monter un décor. J’étais furieux parce que l’équipe avait fourni un gros travail pour ce débat. »

Réussir à rameuter quatre participants n’a effectivement pas été une partie de plaisir. Les représentants des opérateurs de téléphonie mobile ont refusé de venir et ont fait le maximum pour dissuader la chaîne d’organiser la discussion. Samuel Etienne lui-même fait état « de nombreuses lettres » reçues par France 3 pour empêcher la tenue du débat. C’est finalement un mouvement social qui en aura eu raison. Dommage.
 Pierre Morel

Source :    http://www.tele-2-semaines.fr/contenu_editorial/pages/echos-tv/8561-france-3-pourquoi-hors-serie-a-ete-privee-de-debat


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