Des experts internationaux rassemblés à Lyon sous l’égide du Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC), une agence de l’OMS, ont statué, mardi 31 mai 2011, sur le risque éventuel de l’usage du téléphone portable, un appareil que possèdent et utilisent, en majorité quotidiennement, plus de 60 millions de Français. Classées désormais en catégorie 2B, les ondes électromagnétiques émises notamment par ces mobiles sont, selon eux, « possiblement cancérigènes ».
Avec cette décision, indique Etienne Cendrier, porte-parole de l’association Les Robins des toits, « l’OMS prend un peu ses distances avec le lobby de la téléphonie mobile, parce que l’on avait, un peu comme dans l’histoire du tabac ou de l’amiante, des scientifiques qui disaient : ’Pas de soucis’, mais qui étaient payés ou étaient en lien direct avec l’industrie. Donc là, l’OMS commence à reconnaître le risque lié au portable et aux technologies sans fil. Parce que c’est les radiofréquences qui ont été mises dans la catégorie 2B ».
Aujourd’hui, poursuit-il, « il y a beaucoup de gens dans le corps médical qui disent qu’il y a effectivement une augmentation » des cancers. « Moi, je ne suis pas médecin, je ne peux pas faire le lien, mais il faut quinze à vingt ans pour que les cancers se développent. Le corps médical nous dit : de plus en plus de gens sont atteints. Ils parlent d’épidémie de cancers du cerveau. Est-ce que c’est lié à cela ou pas ? Je ne le sais pas. » Mais, nous, avec Les Robins des toits, « nous sommes là pour le principe de précaution. Je parlais précédemment du tabac ou de l’amiante. Dans l’histoire de l’amiante, il y a un élément impartial qui arrive assez vite. En 1919, les compagnies d’assurances britanniques et américaines ont cessé de couvrir les risques sanitaires liés à l’amiante. Depuis 2000, les principales compagnies d’assurances mondiales refusent de couvrir les risques liés aux émissions d’ondes électromagnétiques et très récemment, en octobre dernier, la Lloyd’s, qui est une de ces très grandes compagnies, a sorti un rapport où elle compare le dossier de l’amiante à celui de la téléphonie mobile. Et on ne peut pas dire que c’est des gens partiaux », dit-il.
Chez Les Robins des toits, « nous ne prônons pas l’interdiction du portable, sauf pour deux catégories de personnes : les femmes enceintes – qui devraient ne pas l’utiliser tout le temps de la gestation – et les enfants – qui ne devraient pas en avoir, même en kit mains-libres. Pour nous, la technologie est arrivée il y a une quinzaine d’années dans nos vies, mais les enfants de maintenant sont exposés in utero et dès qu’ils naissent. Or », souligne notre invité, « ce que donnera plus tard ce type d’expositions, on n’en sait rien. Donc, il faut prendre le principe de précaution. »
Par ailleurs, il est conseillé aux hommes de ne pas mettre leur téléphone portable dans leurs poches de pantalon, car « il y a des risques qui sont mis en avant par certains scientifiques sur la fertilité. Il vaut mieux également avoir le bon vieux réveil que le portable, à côté de soi lorsque l’on dort, car en fait, le téléphone portable quand il est en veille, tire toutes les six minutes vers une antenne-relais pour que l’on puisse vous repérer, donc il faut éviter ce ’flash d‘ondes’, on va dire ».
Enfin, l’OMS préconise de limiter à « pas plus de trois minutes » les conversations avec un téléphone portable et de faire une pause de « deux heures » entre chaque appel. « Cela, personne ne le fait. Il faut donc changer son mode de fonctionnement » et que « les gens soient conscients que le danger commence à être connu », déclare Etienne Cendrier.
Réagissez aux propos de l’invité
Rappel des faits
Le 31 mai 2011, l’OMS annonçait avoir classé comme « cancérogènes possibles » les rayonnements électromagnétiques des téléphones portables.
Sur le plateau de « C à dire ?! », Etienne Cendrier, porte-parole et fondateur de l’association Robin des toits, commente les conséquences politiques et comportementales que cette décision pourrait induire.