Mauvaises ondes


 LE MONDE | 17.10.09 | 14h02  •  Mis à jour le 17.10.09 | 14h02

L’usage du téléphone portable est-il dangereux pour la santé ? Des signaux sanitaires préoccupants existent déjà, à défaut de preuves irréfutables. Les antennes-relais de téléphonie mobile provoquent-elles des troubles ? Une cartographie des points noirs où la densité des émissions est préoccupante mériterait en tout cas d’être dressée. Face à ce constat et devant les « incertitudes » qu’ils relèvent, les experts de l’Agence française de sécurité sanitaire de l’environnement et du travail (Afsset) ont opté pour la prudence : ils recommandent de poursuivre les recherches et, dès maintenant, de « réduire les expositions du public » aux radiofréquences.
Les conclusions de ce rapport renvoient à la relation contrariée qu’entretiennent aujourd’hui science et société. Les études mettant en évidence l’existence d’effets des radiofréquences sur la santé ont beau être minoritaires – neuf sur les quatre-vingt-deux passées au crible des experts -, il est nécessaire de les prendre en compte.

Car il est difficile d’éconduire les inquiets quand des milliers d’entre eux sont mobilisés comme ils le sont ; quand l' »électro-hypersensibilité » est reconnue comme maladie invalidante ailleurs, en Suède en particulier ; quand des associations de défense de l’environnement mettent en cause l’objectivité de certains experts ; quand des opérateurs sont accusés de préférer leurs profits à la santé.

Les conséquences pratiques seront plus difficiles à tirer. Pour les 58 millions d’usagers du téléphone mobile en France et pour les millions de personnes dont les habitations voisinent les cinquante mille antennes implantées sur le territoire, qu’attendre d’un message aussi peu tranché ? Quelles leçons pratiques le gouvernement va-t-il en tirer ?

Concernant les portables, l’accent va être mis sur l’information. Les industriels pourraient être contraints d’étiqueter systématiquement les téléphones afin que chacun sache à quoi il s’expose. Pour des téléphones affichant les mêmes performances, les « mauvaises ondes » peuvent varier de 0,2 à 1,8. A chacun de faire ses choix en conséquence.

S’agissant des antennes-relais, la question est nettement plus délicate. Tout en soulignant leur innocuité, l’Afsset assure qu' »il ne faut plus ne rien faire ». Pour sa part, le gouvernement se dit attaché à « la qualité du réseau », donc à l’existence d’antennes en nombre suffisant. C’est dire si la voie est étroite et le compromis difficile à trouver. Mais il y a fort à parier que le marché devra, in fine, se plier au principe de précaution.
Article paru dans l’édition du 18.10.09

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