La DEPECHE.pf Publié le dimanche 10 juin 2012 à 04H38
Des militants anti-THT déchirent leur carte électorale dna sun bureau de vote à Chefresne, dans la Manche, le 10 juin 2012
Les élus d’un village de la Manche traversé par la ligne à très haute tension (THT) du futur réacteur EPR de Flamanville ont démissionné après avoir été réquisitionnés pour organiser le scrutin législatif, qu’ils voulaient boycotter, a-t-on appris dimanche auprès du maire.
« Le conseil municipal, réuni samedi soir, a décidé en bloc de démissionner après que les gendarmes ont débarqué dans l’après-midi chez tous les conseillers municipaux avec des ordres de réquisition », a indiqué à l’AFP le maire du Chefresne, Jean-Claude Bossard, confirmant une information de Ouest-France.
Les dix conseillers municipaux du Chefresne (310 habitants), tous réquisitionnés, assuraient cependant la tenue du scrutin dimanche, conformément à la réquisition de la préfecture, a indiqué l’élu.
Le conseil municipal avait voté vendredi soir, à l’unanimité et « opposition comprise », le boycott du scrutin pour protester contre le tracé de la THT et un placement en garde à vue de M. Bossard intervenu mercredi.
« Nous sommes indignés de mon arrestation arbitraire et politique, avec douze heures de garde à vue, alors que, ceint de mon écharpe, je voulais faire respecter un arrêté municipal », a déclaré le maire.
Cet arrêté pris en 2008 et non invalidé interdit à la ligne THT de passer à moins de 500 mètres des habitations du Chefresne, alors que le tracé en cours de construction la fait passer « à moins de 150 mètres », souligne M. Bossard.
« La préfecture avait été informée dès jeudi de notre intention de boycott et nous avait assurés qu’elle prendrait les dispositions pour que le scrutin puisse être organisé sans réquisitions, d’où notre indignation », a-t-il indiqué.
Maire depuis 2001 et candidat Europe Ecologie Les Verts aux régionales de 2010, M. Bossard est l’un des élus fer de lance de l’opposition au tracé de la THT Cotentin-Maine.
La démission de son conseil municipal, qui doit être validée dans les 30 jours par la préfecture, est irrévocable, a-t-il souligné. « Si nous démissionnons, c’est parce qu’on ne peut plus travailler dans ces conditions. Il n’est pas question de se représenter. »
La préfecture de la Manche a confirmé que le scrutin se déroulait de façon satisfaisante et a précisé que la réquisition des élus, qui s’apparente « plutôt à une mise en demeure », était, selon le code électoral, une étape préalable obligatoire avant une éventuelle organisation d’un scrutin directement par ses services.
© 2012 AFP