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Une personne dépose son téléphone portable à l’entrée du premier refuge anti-ondes de France, près de Crest, le 2 octobre 2009
Ils ne supportent plus les ondes générées par la téléphonie et l’internet sans fil mais peuvent désormais se ressourcer dans la Drôme où a été dressé le premier refuge anti-ondes de France.
AFP – le 09 octobre 2009, 21h54
Perché sur une colline, sans habitation ou antennes-relais aux alentours, l’abri est ouvert depuis juillet sur la commune d’Eurre aux victimes de l’électro-hyper sensibilité (EHS), grâce à l’ONG drômoise Next-Up.
Cette dernière dénonce depuis 2005 les dangers de l’électromagnétisme artificiel sur l’homme.
A l’entrée de cette « zone blanche », « la première connue en France » selon l’organisation, dont la localisation exacte est tenue secrète, les téléphones portables, même éteints, sont proscrits et rangés dans une boîte métallique isolante.
« J’ai enfin trouvé un endroit où je peux survivre », confie Sybil Gabriel, une enseignante suisse, qui a été « paralysée » temporairement après une conversation « un peu longue » au téléphone portable.
Sélectionnée par Next-Up comme ses compagnons d’infortune, dont des Néerlandais et un Allemand, la sexagénaire se « ressource » pour quelques jours dans un campement de quelques caravanes, dont les fenêtres et les cloisons sont protégées par un épais film d’aluminium visant à freiner les rayonnements.
A côté, une cabine de téléphone filaire tranche avec le cadre bucolique du site et un grand mur de tôle sert d’abri.
« Ici, le rayonnement des télécommunications est compris entre 0,01 et 0,03 volt par mètre (V/m) alors qu’en zone urbaine il est de 1 V/m en moyenne », observe Serge Sargentini, le porte-parole de Next-Up.
Selon l’organisation, « 8% de la population française » serait électro-hyper sensible (EHS).
« J’ai pensé que j’avais la sclérose en plaques. Mes jambes sautaient toutes seules quand je me reposais, j’avais des insomnies et des douleurs thoraciques », se souvient Claire Andina, une infirmière de 49 ans, quand elle évoque sa première crise d’EHS en 2005.
« C’est comme une sensation de brûlure », témoigne pour sa part Philippe, 48 ans, pour qui « aller chercher simplement un journal en ville » relève souvent de « l’insupportable ».
« Vous ne voyez plus vos amis, vous ne sortez plus, cela vous désocialise complètement », ajoute cet ex-enseignant qui trouve refuge « quand il ne se sent pas bien » dans une forêt près de son domicile.
Comme pour certains de ses compagnons, « tout est cablé chez moi », indique Mickael Heiming, 41 ans, un ex-ingénieur allemand de téléphonie mobile, qui estime « avoir mis du temps à faire un rapprochement entre (s)es maux de tête et (s)on métier ».
« L’EHS est une pathologie reconnue et décrite par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) », affirme sur son site internet l’association environnementale Robin des Toits.
« En Suède il s’agit d’un handicap, en Angleterre d’une maladie. En France, elle est juste ignorée par les pouvoirs publics », dénonce l’association.
A la suite du Grenelle de l’environnement, l’abaissement de l’exposition aux radiofréquences des antennes-relais sera testé dans plusieurs villes pilotes, entre novembre 2009 et avril 2010.
Une conférence de citoyens a préconisé en juin de réduire les seuils à 0,6 V/m, une mesure jugée « irréaliste » par l’Association française des opérateurs mobiles (Afom).