Antennes-relais : « Le jour où on saura vraiment, il sera trop tard »


  mardi 03.11.2009, 05:02 – La Voix du Nord

 Profiter de son jardin et de ses bêtes ou se poser sur sa terrasse, un plaisir auquel Renée Tassart ne se risque plus.

Profiter de son jardin et de ses bêtes ou se poser sur sa terrasse, un plaisir auquel Renée Tassart ne se risque plus.

 PAR ARIANE DELEPIERRE

 calais@lavoixdunord.fr PHOTO JEAN-PIERRE BRUNET

SANTÉ |

Fin 2006, un couple de Coquellois, comme d’autres riverains de l’avenue De-Gaulle, voyait une antenne sortir de terre au fond du jardin de leur voisin. Trois ans ont passé. Monsieur, décédé des suites d’une tumeur généralisée, n’est plus là pour en parler. Madame, tout juste guérie d’un cancer du sein, n’a pas envie de rester. L’antenne-relais, elle, continue d’émettre ses ondes électromagnétiques.

C’est un joli jardin où broutent paisiblement un poney et des chèvres. Ce qui au premier abord ressemble à un petit paradis s’est transformé en enfer pour Renée Tassart et son compagnon Albert Vandewalle le 11 novembre 2006, quand l’opérateur Orange a érigé un mât de 12 mètres dans le jardin du voisin, à une cinquantaine de mètres de leur maison. « Quelques jours avant l’installation, la mairie nous a demandé notre avis. On a tous dit qu’on était contre ! Mais c’était trop tard », se souvient Renée. Malgré la levée de bouclier, l’antenne voit le jour, au grand désarroi des voisins. « Ils l’ont plantée en catimini. Un jour férié en plus ! » s’indigne une riveraine. D’autant que pour ce type d’installation chez un particulier dont la hauteur ne dépasse pas les 12 mètres de haut, nul besoin de permis de construire. Orange a beau dire qu’il n’y a aucun danger, les habitants ne sont pas rassurés.

De son côté, la mairie, se sentant prise au dépourvu, délivre un arrêté municipal interdisant la pose d’une antenne à moins de 300 mètres d’habitations ou d’un lieu public (lire ci-contre). « Face à l’inquiétude légitime des gens et en raison de l’absence de consensus parmi les experts de la communauté internationale sur les risques sanitaires liés à l’exposition aux ondes magnétiques, cela aurait été une erreur et une faute professionnelle de ne pas réagir », plaide Olivier Desfachelles, directeur général des services.

« Albert passait sa vie dans son jardin torse nu. Avec cette antenne, j’avais peur, je lui disais de mettre un tee-shirt », raconte Renée. Coïncidence ou pas, les soucis de santé d’Albert, qui aurait fêté ses 71 ans dans deux mois, commencent. Des problèmes oculaires, une petite tumeur dans le dos, soignés. Le Coquellois se remet à peine que sa compagne tombe malade en mai 2008. Cancer du sein. Des mois de chimio plus tard, quand Renée semble tirée d’affaire, les médecins diagnostiquent une tumeur au cerveau chez Albert. « C’était en décembre », soupire Renée. Le cancer se généralise à une vitesse fulgurante pour emporter son compagnon en avril. « Je ne sais pas si c’est l’antenne et je n’en aurai peut-être jamais la preuve. Mais c’est surprenant. D’autant qu’on n’est pas les seuls. Les médecins ne se mouillent pas. Ils ont des doutes, jamais de certitudes », déplore-t-elle. « Ces antennes-relais, c’est comme l’amiante. Quand on saura vraiment, il sera trop tard », conclut-elle, avec ce sentiment malsain d’être prise pour un cobaye. • Pensez-vous que les antennes-relais fassent courir un risque à la population ? 

Lire l’article sur la Voix du Nord

Facebooktwitterlinkedinmail