14 January 2010 par Catherine Grèze
Source : Site d’Europe écologie.
1/ Vous avez tenu en fin d’année dernière à marquer votre opposition à l’installation d’antennes-relais de type UMTS sur les communes d’Aigrefeuille et de Drémil Lafage. Pourquoi cette prise de position ?
Lorsque le collectif m’a contacté, j’ai décidé de soutenir leur cause pour deux raisons. Tout d’abord, parce qu’en tant que députée européenne, je tenais à réaffirmer la position du Parlement européen sur le sujet : en Avril dernier, il s’est positionné sur les antennes-relais en demandant le respect d’un seuil à 3 volts par mètre (que je considère comme insuffisant, mais c’est déjà une première avancée). Ce n’est pas en multipliant les antennes à très forte puissance que nous pouvons espérer respecter ce seuil. Par ailleurs, j’ai voulu aidé le collectif à faire connaître sa lutte car trop souvent les moyens des riverains sont dérisoires face à ceux des opérateurs.
2/ Vous pointez notamment du doigt un déséquilibre entre d’un côté des opérateurs qui auraient tous les droits et de l’autre des riverains victimes de désinformation. Pouvez vous allez plus loin dans cet argumentaire ? Les opérateurs constituent un lobby particulièrement puissant, qui réalise des milliards de bénéfices via la vente de téléphones portables. Ils ont donc tous les moyens de financer eux-mêmes la plupart des études sur les effets sanitaires des ondes électromagnétiques. De même, par la pression qu’ils exercent, ils parviennent à orienter les législations afin qu’elles soient pour eux les moins contraignantes possibles. Ils sont ainsi parvenus à influencer la fixation de la recommandation internationale faite par la Commission internationale de protection contre les rayonnements non ionisants (CIPRNI) à 41 volts/m, ce qui est scandaleux. Evidemment, les moyens financiers à disposition jouent aussi sur le plan juridique : le coût d’un procès est très élevé pour une association comparé à ce que cela représente pour les opérateurs.
Les riverains sont eux totalement démunis face à ces prises de décision arbitraires, et pâtissent d’un manque d’information considérable. A Drémil Lafage par exemple, les riverains ont été mis au courant de l’implantation de l’antenne … en la constatant par eux-mêmes ! Il est intolérable que les riverains ne soient pas consultés pour ce type d’installation. De même, si jamais les riverains souhaitent se protéger des effets sanitaires éventuels en souscrivant à une assurance, ils essuient automatiquement un refus de la part des compagnies d’assurance, qui ne souhaitent prendre aucun risque.
3/ Peut-on parler, selon vous, de risques sanitaires avérés liés à la présence de ces antennes ?
Sur l’ensemble des études menées sur le sujet, on a remarqué que celles financées par les opérateurs montraient toutes qu’il n’y avait aucun effet sur la santé, ou que ceux-ci étaient neutres. Parmi les études cofinancées par opérateurs et recherche publique, 25% montraient qu’il y avait un effet. Enfin, les études cofinancées par le public et des financements indépendants (non dépendants des opérateurs) concluaient dans 40% des cas qu’il y avait des effets. D’où la suspicion d’un lien de causalité entre les conclusions dédouanant les antennes-relais et le financement des études par les lobbies eux-mêmes.
Parmi les études ayant constaté des effets sur la santé, plus de 1500 études internationales et indépendantes regroupées dans le rapport Bioinitiative et validées par l’Europe ont fait le lien entre l’utilisation du portable, l’habitation à proximité d’antennes relais et des pathologies de types cancers, neurinomes de l’acoustique, tumeurs etc. Ce qui suffit amplement à l’application du principe de précaution.
4/ Le principe de constitutionnel de précaution visant à mettre en œuvre des procédures d’évaluation des risques est-il respecté en matière d’installation d’antennes relais ? Comment est-il possible de mieux veiller à son application ?
Jusqu’ici le principe de précaution n’est pas du tout appliqué dans le domaine de la téléphonie mobile. On constate en effet que la recommandation des scientifiques indépendants d’une norme à 0,6 volts par mètre (niveau auquel les effets sur la santé sont reconnus comme inexistants) est loin d’être appliquée en France et plus largement en Europe. Il faut donc rapidement tout mettre en œuvre pour respecter ce taux, c’est-à-dire remplacer les antennes de forte puissance par des antennes plus nombreuses mais de beaucoup plus faible puissance. Cela coûtera certes plus cher aux opérateurs mais moins, à terme, aux budgets de santé publique. Et ceci est tout à fait compatible avec l’utilisation de la téléphonie mobile. A titre d’exemple, des mesures ont été menées sur la ville de Toulouse, qui montraient que le niveau moyen constaté était de 0,6 volts/ mètre (avec évidemment des niveaux très élevés, et d’autres beaucoup plus faibles). Mais cela prouve que l’on peut utiliser ces technologies tout en respectant la santé des citoyens.
5/ Quelles sont les travaux menés au niveau du parlement européen dans ce domaine ? Quelles sont les pistes et solutions envisagées pour lutter contre la nocivité de ces antennes ?
En Avril dernier, le Parlement européen a voté une résolution concernant les antennes-relais (citée dans le communiqué). Désormais, nous nous battons avec l’ensemble des députés Europe Ecologie au Parlement européen afin qu’une directive soit votée. Elle permettrait d’homogénéiser les législations entre les différents pays européens. En effet, aujourd’hui il existe d’énormes écarts entre les normes fixées puisque, par exemple, alors que la norme française est de 41 volts/mètre, celle de la Belgique est de 3 volts/mètre.
Source : http://europeecologie.eu/Contre-les-antennes-relais-de