Publié le 18/05/2010 à 10:46 – Modifié le 18/05/2010 à 14:32
Un risque avéré au-delà de 1640 heures sans oreillette © POUZET/SIPA
Très attendus, les résultats de l’étude épidémiologique européenne Interphone qui évaluait les risques de cancer pouvant être associés à l’utilisation des téléphones portables ont été publiés mardi matin. Malheureusement, ils ne permettent pas de tirer de conclusion nette et définitive. Pourtant, ce travail, conduit par le Centre international de recherche sur le cancer (Circ) de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) basé à Lyon et à laquelle ont collaboré 13 pays, dont la France, était d’envergure : les chercheurs ont comparé l’utilisation de téléphones portables chez 2.708 patients souffrant de gliome (tumeur développée à partir de la glie, des cellules assurant le soutien et la nutrition des neurones), 2.409 souffrant de méningiome (tumeur bénigne des méninges) et 7.658 contrôles sans tumeur cérébrale.
Cette étude est terminée depuis plusieurs années, mais elle a mis du temps à être publiée, car les auteurs n’interprétaient pas les résultats de la même façon. Il faut dire que l’analyse est particulièrement ardue. Les chercheurs ont, par exemple, constaté des baisses de risque de gliome et de méningiome d’environ 20 % chez les utilisateurs, par rapport aux autres, ce qui semble indiquer l’existence de biais. Néanmoins, ils concluent globalement à une absence d’augmentation du risque lors d’un usage modéré, y compris en tenant compte du nombre d’années d’utilisation (mais certains spécialistes regrettent quand même le manque de recul).
Oreillette
En revanche, les personnes qui se sont servies de leur portable sans oreillette pendant plus de 1.640 heures présentaient un risque de gliome augmenté de 40 %, qui était statistiquement significatif. L’élévation atteignait même 96 % pour les gliomes du même côté que l’oreille sur laquelle est plaqué le portable alors qu’il n’y avait qu’une élévation de 25 % (non significative) pour les gliomes de l’autre côté. Leur risque de méningiome était augmenté de 15 %, ce qui n’est pas significatif.
Dans l’ International Journal of Epidemiology , les auteurs ont tendance à minimiser ces élévations en mettant en avant des « biais et erreurs qui empêchent une interprétation causale ». Ils évoquent notamment le fait que l’estimation de la durée d’exposition dépendait de questionnaires remplis par les sujets, estimant que les patients pourraient avoir surestimé le nombre d’heures passées à téléphoner avec leur portable par rapport aux contrôles. Il faudra donc continuer les recherches…