Publié le 03/08/2010 à 14:15 Par Pauline de Saint Remy
La commercialisation du MON 810, un OGM de maïs produit par la multinationale Monsanto, est désormais officiellement autorisée en France © SIPA
Le ministère français de l’Agriculture a discrètement inscrit, courant juillet, les maïs OGM, MON 810 et T25, au catalogue officiel des semences autorisées à la commercialisation en France par un décret du Journal officiel daté du 20 juillet. Un assouplissement de la loi qui aura des conséquences différentes pour chacun de ces deux maïs.
Les 36 variétés de MON 810 autorisées à la vente sont sous le coup d’un moratoire, du fait de la clause de sauvegarde européenne en vigueur depuis début 2008. Leur culture est donc toujours interdite en France. C’est donc la seule commercialisation du fameux MON 810 qui est désormais autorisée, ce qui relève de la « pure hypocrisie », dénonce Arnaud Apoteker, expert OGM Greenpeace, au micro de France Info. « Cette autorisation est, de toute façon, mauvais signe », explique-t-il. « Pourquoi exporter des produits que l’on considère comme nocifs ? On se demande forcément si le gouvernement n’a pas l’intention de lever la clause de sauvegarde… » À ses yeux, « c’est une démonstration de force du lobby agro-industriel : les entreprises françaises vont ainsi pouvoir vendre ailleurs une semence dont on considère, avec la clause de sauvegarde, qu’elle est trop dangereuse pour être cultivée en France ».
« Ne pas sous-estimer le poids des lobbies » (Greenpeace)
En ce qui concerne le T25, le ministère de l’Agriculture a expliqué que, là encore, cette autorisation ne concernait que « la commercialisation et non la mise en culture ». « Ce n’est qu’une autorisation de commercialisation pour dix ans, pas de culture. En aucun cas cette variété ne pourra être cultivée en France », a insisté un porte-parole. Sauf que, selon la Confédération paysanne, la culture du T25 n’est pas interdite en France. « En fait, elle n’est ni interdite ni autorisée, car la demande n’a pas été faite », explique Michel David, son secrétaire national. L’explication est simple : les agriculteurs n’ont aujourd’hui pas besoin du T25, car son intérêt est qu’il résiste à un certain herbicide, un herbicide « total » appelé glufosinate d’ammonium, « très toxique » selon Greenpeace. Or cet herbicide n’est, lui, pas utilisé en France, pour l’instant. Il fait même partie des 22 substances que l’Europe a décidé d’interdire à partir de 2017, selon Arnaud Apoteker. Mais, à ses yeux, cette interdiction annoncée n’est plus très crédible : « Il ne faut pas sous-estimer le poids des lobbies. Il est très possible que l’interdiction progressive de l’Europe soit au moins retardée, si ce n’est annulée. D’ailleurs, le gouvernement n’avait pas besoin d’inscrire le T25 au catalogue officiel pour en autoriser la commercialisation. Cela montre bien que l’objectif est d’autoriser la mise en culture. On pourrait en voir apparaître dès 2011 », affirme-t-il.
Selon le ministère, qui dément toute volonté d’agir au creux de l’été, c’est « le Conseil d’État, saisi en 2004 par les entreprises commercialisantes, qui a imposé en octobre 2009 cette réinscription du maïs T25, arguant que le ministère n’avait pas motivé son refus » précédemment.