Une gestion enfin démocratique du dossier Linky doit au plus vite être mise en œuvre
Le 12 septembre, par le biais de son service de communication « Maire-Info », l’Association des maires de France (AMF) m’a directement menacé de procédures en justice (*) du fait de mon engagement contre le déploiement des compteurs communicants Linky et cie.
L’AMF et son service de communication se prétendent diffamés alors que je n’ai fait que mettre en lumière la façon dont cette puissante association, qui informe généralement de façon utile les élus locaux, agit en l’occurrence de façon partisane en faveur des industriels et de leurs programmes de compteurs communicants.
Prétendant se contenter d’informer les élus locaux sans prendre position « pour » ou « contre », l’AMF se contredit elle-même en listant les sources dont elle a sollicité l’avis, toutes favorables à Linky : « la FNCCR », « des représentants de l’État à une table ronde de l’Assemblée nationale », « la Direction Générale des Collectivités Locales », « le ministre de l’Intérieur ».
Le Conseil d’Etat n’a absolument pas dit que les délibérations anti-Linky étaient illégales
Les avis du Conseil d’État et du tribunal administratif de Nantes, mis en exergue, ils sont présentés de façon trompeuse et partielle : l’avis du Conseil d’Etat n’empêche absolument pas une commune de délibérer contre les compteurs communicants ; quant à la commune concernée par le TA de Nantes, elle a repris immédiatement une nouvelle délibération, fait crucial que Maire-info s’est bien gardé d’évoquer.
Par ailleurs, l’AMF et Maire-info prétendent avoir « rendu compte de l’opposition d’un certain nombre de maires et de parlementaires à Linky » dans leur article du 18 février 2016, mais ils n’ont en réalité fait que citer ces oppositions sans les expliciter… et au contraire en les contrecarrant immédiatement par les arguments et prétextes des organismes pro-Linky.
Les articles partisans de Maire–info en faveur des Linky
Maire-info envoie ses articles à quasiment toutes les communes et communautés de communes de France, c’est donc clairement un moyen très puissant pour influer sur les positions de ces collectivités. La liste des titres des articles concernant Linky suffit à illustrer la position partisane de l’AMF :
– Opposition de certaines communes au déploiement de Linky : les réponses du gouvernement et d’ErDF (18 février 2016)
– Linky : l’AMF demande à l’État de mieux informer les maires et les habitants (24 mars 2016)
– Linky : une table ronde à l’Assemblée nationale clarifie les points d’inquiétude (18 mai 2016)
– Arrêtés anti-Linky : plusieurs éléments incitent à la prudence (12 juillet 2016)
– Le gouvernement confirme « l’illégalité » des arrêtés anti-Linky (1er septembre 2016)
Notons que, lorsque l’AMF demande au gouvernement de « mieux informer les maires et habitants », c’est uniquement dans le but de « lever les inquiétudes » et de voir l’Etat « communiquer largement sur les contours et les détails du projet Linky » et « assumer officiellement son déploiement localement » : il s’agit clairement de soutenir le programme Linky… et non les maires !
Pourtant l’AMF a pour mission d’assister les maires, mais jamais Maire-info n’a publié d’article avec un titre comme « l’AMF demande au gouvernement de respecter la volonté des communes qui ne souhaitent pas recevoir les compteurs communicants ». CQFD.
Pour une gestion enfin démocratique du dossier des compteurs communicants
A ce jour, ce sont déjà plus de 250 communes qui ont pris des arrêtés et délibérations pour s’opposer au déploiement des compteurs Linky, Gazpar et cie, chiffre à comparer non au 36 000 communes de France mais aux 500 communes dans lesquelles Enedis a commencé à installer les Linky : le mouvement de refus est donc extrêmement important, comme le montre aussi le foisonnement de collectifs citoyens « anti-Linky » partout dans le pays.
Il est grand temps que les autorités françaises cessent de vouloir régler cette affaire par la contrainte, les menaces, les procédures administratives, et prenne acte de la nécessité d’une gestion réellement démocratique du dossier des compteurs communicants.
A titre d’exemple, au Québec, les citoyens ont obtenu le « droit de retrait », à savoir le droit de ne pas avoir de compteur communicant et même de faire enlever ceux qui ont déjà été posés. En France aussi, les citoyens et les communes qui ne veulent pas des compteurs communicants doivent voir leurs souhaits respectés.
De fait, il est nécessaire que l’AMF et Maire-info soutiennent enfin les maires et élus locaux au lieu de se joindre à l’indécente campagne d’intimidation visant autant à écraser la démocratie locale qu’à imposer les compteurs Linky.
Stéphane Lhomme
Conseiller municipal de Saint-Macaire (33)
Animateur du site web http://refus.linky.gazpar.free.fr