« Urgence d’une protection des personnes hypersensibles aux champs électromagnétiques et prise en charge du Syndrome d’intolérance aux champs électromagnétiques »
Le 8 octobre 2012
Monsieur le Président de la République,
Je viens par ce courrier vous informer du fait que des milliers de vos concitoyens sont en danger de mort – je pèse mes mots –, et vous implorer de leur venir en aide.
M’étant adressée en mon nom propre et en tant que responsable associative à toutes les autorités compétentes sans résultat (Ministère de la Santé, Direction Générale de la Santé, Préfectures, Députés, Sénateurs, Députés Européens, Conseils Régionaux, Conseils Généraux, Municipalités…) je ne vois plus d’autre recours que d’en appeler directement à vous.
Monsieur le Président, des milliers de personnes en France sont porteuses d’une hypersensibilité électromagnétique (aussi appelée électrohypersensibilité, EHS). Dans le contexte actuel de développement irraisonné des technologies sans fil, si cette particularité biologique de certains individus n’est pas repérée à temps et si les personne qui en sont porteuses ne peuvent se mettre à l’abri des micro-ondes, elle dégénère en syndrome d’intolérance aux champs électromagnétiques artificiels (SICEM), aussi appelé syndrome des micro-ondes par l’armée depuis les années 60.
Les atteintes à la santé que ce syndrome induit sont sévères. Dysfonctionnements cardiaques, neurologiques, céphalées violentes, désorientation spatiale, diminution des capacités cognitives, pertes de conscience, perte de la mémoire de fixation, développement de maladies psychiatriques, maladies neurodégénératives, cancers… Tout cela est attesté par des tests sanguins et cardiaques et par imagerie cérébrale (protocole du Pr Belpomme par exemple) ainsi que par plusieurs études récentes publiées dans des revues à comité de lecture.
Dans des tentatives de survie désespérées, les personnes touchées quittent tout pour se réfugier dans des forêts, des grottes, des fonds de gorges glacials, des caves. En raison de la non-reconnaissance de leur pathologie, on les traite d’hypocondriaques, elles perdent souvent leurs proches, leur travail, leur logement et survivent tant bien que mal complètement désocialisées et sans ressources dans l’isolement le plus complet, quand elles ne succombent pas à une pathologie induite par leur syndrome ou qu’elles ne mettent pas fin à leurs jours.
A l’heure actuelle, et en dépit de toutes les démarches des associations et collectifs (Une terre pour les EHS, collectif des électrosensibles de France, PRIARTEM, Robin des Toits, CRIIREM, Réseau Environnement Santé…), accompagnées par de nombreux élus, des chercheurs de renommée internationale et des médecins, aucune mesure de protection des personnes électrosensibles n’a été prise.
Monsieur le Président, il s’agit là de non-assistance à personnes en danger. Il ne fait aucun doute que l’Etat et ses représentants auront dans l’avenir à rendre des comptes et que l’inaction des pouvoirs publics, si elle se prolonge, apparaîtra bientôt scandaleuse à l’opinion publique.
C’est en connaissance de cause que les représentants de l’Etat laissent se développer des technologies sans fil dont l’immense majorité de la littérature scientifique internationale indépendante montre la toxicité. Ce laisser-faire bafoue le plus élémentaire principe de précaution.
Monsieur le Président, savez-vous que de plus en plus d’enfants sont atteints par le syndrome des micro-ondes ? Leurs parents n’ont d’autre recours que de les retirer de l’école. Et c’est enfermés dans des caves qu’ils apprennent à lire, inscrits à des cours par correspondance. (Je peux vous en présenter.) Cette discrimination n’est-elle pas indigne ? Quel avenir la France réserve-t-elle à ces enfants ?
Un avenir qui ressemble à la vie de Corinne ? Après un hiver glacial dans une caravane au fond d’une vallée de montagne encore préservée des ondes, elle avait fini par trouver une maison à l’abri des champs électromagnétiques. A bout de forces, sans ressources, elle a demandé à son frère de l’acquérir. Ce monsieur s’est largement endetté pour rendre la survie de sa sœur possible. Mais voilà qu’après quelques mois, la puissance des antennes-relais a augmenté. Corinne ne parvient plus à vivre dans sa maison, et le seul endroit où elle est à l’abri, c’est un réduit de moins de deux mètres carrés sans lumière logé sous l’escalier. Elle y a installé un tout petit matelas, et c’est là qu’elle passe le plus clair de son temps, éclairée à la bougie.
Un avenir qui ressemble à la vie de Chantal ? Voilà plusieurs années que cette dame survit péniblement dans une chambre blindée, dans l’obscurité totale. Car, sa pathologie n’ayant pas été prise à temps, elle a développé une intolérance aux produits chimiques et à la lumière, en sus de l’intolérance aux champs électromagnétiques.
Un avenir qui ressemble à ma vie ? Alors que je menais une existence épanouie et que mon travail d’auteur dramatique commençait à trouver une certaine reconnaissance, j’ai dû tout quitter du jour au lendemain pour me réfugier dans une roulotte sur un terrain que des amis ont eu la gentillesse de mettre à ma disposition. Un espace vital de huit mètres carrés. J’ai dû vendre mon appartement pour financer ma survie. Aujourd’hui, je suis réfugiée dans la montagne, dans une grange sans électricité et sans téléphone, accessible à pied, où je dois tronçonner moi-même des arbres si je veux me chauffer. (Faut-il préciser que je suis une femme d’un mètre soixante affaiblie par la maladie ?). Je suis loin des gens que j’aime et à la merci d’une augmentation de puissance des antennes-relais du secteur. J’ai dépensé toutes mes économies en soins, non-remboursés évidemment. Et je n’ai plus aucune ressource hormis le RSA, qui ne couvre même pas la moitié du coût de mes soins.
Ce ne sont que quelques exemples. Mais à titre indicatif, le professeur Belpomme a déjà diagnostiqué plusieurs centaines de patients. Et, quand nous avons créé l’association Une terre pour les EHS, en quelques semaines, nous avons recueilli plus de six cents adhésions. De plus, il faut bien comprendre que dans leur situation de dénuement extrême et dans l’impossibilité d’accéder aux moyens de communication modernes où elles sont, les personnes électrosensibles ne peuvent pas se faire entendre dans l’espace public.
Monsieur le Président, j’en appelle à votre conscience et à votre humanité. Laisser dépérir dans l’indigence et le mépris des milliers de vos concitoyens n’est pas à la hauteur des aspirations d’un pays comme la France. Il me semble que la Constitution de notre pays met fièrement en avant l’égalité de tous et le droit de vivre dignement pour chacun.
Une fois informé, vous ne pouvez que vous indigner d’une situation pareille et prendre des mesures.
Pour avoir entendu le témoignage de centaines de personnes et être moi-même atteinte du SICEM, voici les mesures qu’il me semble impératif de prendre immédiatement.
– la première, dont l’urgence est vitale pour les cas désespérés (j’en connais personnellement au moins une dizaine) est la création de zones protégées, garanties sans micro-ondes, où mettre à l’abri ces personnes, en attendant des mesures plus élaborées.
– la deuxième est la reconnaissance du Syndrome d’Intolérance aux Champs Electromagnétiques Artificiels (SICEM), afin que les malades puissent être pris en charge par le système de santé.
– la troisième est la reconnaissance de l’hypersensibilité électromagnétique en tant que handicap fonctionnel, comme c’est le cas en Suède. Je rappelle que la notion de handicap exclut que la cause de la souffrance soit inhérente à la personne (ce n’est pas une maladie) mais bien qu’il s’agit d’un problème social : c’est la société qui n’est pas (ou plus) adaptées à ces personnes ayant une caractéristique particulière non-prise en compte par elle. C’est cette situation qui rend impossible à ces personnes une vie normale et qui les expose à développer le SICEM.
En parallèle, il me semble important de réévaluer les seuils de protection de la population générale, qui, selon le Professeur Franz Adlkofer, qui a dirigé l’étude européenne REFLEX, ne sont pas du tout adaptés à la réalité biologique des êtres vivants.
Monsieur le Président, vous ne pouvez pas en conscience prolonger la situation dramatique que le gouvernement précédent a laissé s’installer.
Je vous supplie de nous aider.
Marine R