L’Etat invité à se préoccuper des lignes à haute tension

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lemondefr_pet-copie-1.gif   LEMONDE | 28.05.10 | 10h54

Les opposants à la ligne à très haute tension Cotentin-Maine (ici dans la Manche) ont demandé que les câbles soient enterrés. Ce que le sénateur Daniel Raoul estime trop coûteux.

AFP/MYCHELE DANIAU
Les opposants à la ligne à très haute tension Cotentin-Maine (ici dans la Manche) ont demandé que les câbles soient enterrés. Ce que le sénateur Daniel Raoul estime trop coûteux.

L‘Etat doit revenir au cœur de la gestion des lignes à haute tension pour sortir de « l’opacité » entretenue par Réseau de transport d’électricité (RTF), la filiale d’EDF. C’est l’une des conclusions du rapport de l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques (Opecst), présenté jeudi 27 mai, par le sénateur Daniel Raoul (PS, Maine-et-Loire), et intitulé « Lignes à haute et très haute tension, champs magnétiques et électriques, santé et environnement ».

« J’ai constaté un manque d’informations, de transparence », indique M. Raoul, pour qui « il est souhaitable que l’Etat reprenne toute sa place dans l’information du public et le financement de l’expertise ». L’Opecst demande également à RTE de s’ouvrir davantage aux élus locaux, aux scientifiques et aux professionnels de l’environnement et de l’agriculture.

La France compte 100 000 km de lignes à haute et très haute tension (THT). Or l’impact sanitaire de ces autoroutes de l’électricité suscite une inquiétude grandissante. Selon RTE, 375 000 personnes en France seraient exposées à un champ magnétique supérieur à 0,4 microtesla, un seuil jugé à risque.

Un petit nombre d’études ont constaté un lien statistique entre l’exposition aux lignes à haute tension et le nombre de cas de maladie d’Alzheimer et de leucémies infantiles. Les champs magnétiques d’extrêmement basse fréquence ont été classés « cancérogènes possibles pour l’homme » en 2002 par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC).

Ces champs « n’ont pas d’impact sur la santé, sauf peut-être pour trois pathologies » : l’électrohypersensibilité, certaines maladies neurodégénératives et les leucémies infantiles, estime l’Opecst.

« PETITE ALERTE »

A l’instar de l’avis rendu sur le même sujet par l’Agence française de sécurité sanitaire de l’environnement et du travail (Afsset) le 6 avril, l’Opecst préconise de relancer la recherche et les études épidémiologiques pour « tenter de sortir de l’incertitude scientifique » et propose de demander à l’Afsset une nouvelle évaluation du risque dans cinq ans, sur la base de ces travaux à venir. « L’Etat doit se réengager dans la recherche, que RTE ne doit plus être seul à financer », a jugé le sénateur.

En attendant, le rapport parlementaire propose, « chaque fois que cela est possible pour un coût raisonnable », de ne pas augmenter le nombre d’enfants exposés à des champs magnétiques supérieurs à 0,4 microtesla. M. Raoul a en revanche jugée « disproportionnée » la recommandation de l’Afsset de créer un corridor de 200 mètres autour des lignes à haute tension, où seraient interdites les crèches et les écoles.

Le député (PS) Gérard Bapt, président du groupe santé environnementale à l’Assemblée, a dénoncé cette timidité de l’Opecst : « Si on reconnaît un risque, on recommande une diminution du risque, là il s’agit d’une petite alerte qui ne fixe pas de norme, inapplicable. »

Une solution, réclamée par les opposants à la ligne THT Cotentin-Maine, serait d’enterrer les câbles. « Cela coûte six fois plus cher », souligne M. Raoul, pour qui « ce doit être un choix économique, social et paysager ». L’Opecst souhaite en revanche voir disparaître les lignes à haute tension au-dessus des agglomérations. « Cet objectif devrait être inscrit dans le contrat qui lie RTE à l’Etat et cofinancé par les collectivités locales », plaide le rapporteur.

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