ANTENNES RELAIS. Bayonne est ville pilote pour tenter de trouver un mode de concertation dans ce débat controversé
L’adjointe Martine Bisauta mène la concertation. (photo B. Lapègue)
Les antennes relais qui saillent sur tout le territoire et hérissent leurs riverains : une épineuse question qui n’épargne pas Bayonne. Au total, 23 sites accueillent des émetteurs d’ondes controversés. Sont-elles dangereuses ? Personne ne peut affirmer cela, pas plus que son contraire. Le dossier est à ce point sensible que l’État tente de trouver un modus vivendi entre collectivités, opérateurs et habitants. Le chantier du « mode de concertation » avant création de nouvelle antenne est ouvert. Bayonne compte parmi les onze villes françaises pilotes en la matière.
Autant dire que Martine Bisauta et ses services sont les cobayes consentants d’un joli casse-tête. « Les opérateurs ont une obligation de couverture du territoire et les riverains s’opposent à ce développement. Nous, mairie, nous sommes entre le marteau et l’enclume », résume l’adjointe au développement durable.
Vaines procédures
Bayonne n’a pas attendu l’initiative du ministère de l’Environnement dresser des constats. Notamment celui-ci : la marge de manoeuvre municipale est mince et l’affrontement procédural ne mène à rien. « Pour les antennes qui ne dépassent pas 12 mètres, les opérateurs font ce qu’ils veulent. Au delà, il n’y a que des règles d’urbanisme pour les freiner. Comme tout le monde, nous avons essayé mais c’est en vain. » Les opérateurs finissent par trouver le bon amendement à leur projet et la juridiction administrative leur donne systématiquement raison. Bayonne a ainsi perdu six fois en justice.
Manifestement, le principe de précaution, souvent poussé jusqu’à l’absurde depuis les années « vache folle », ne s’applique pas ici. Avec un rien de perplexité, Martine Bisauta en prend acte et mise sur « le dialogue entre les parties ». Une gageure quand on connaît leurs positions.
Une charte sur papier mais…
Il y a les associations, convaincues de la nocivité des ondes. Une nouvelle pathologie est officiellement nommée : « L’électrosensibilité ». Elles veulent un plafond de puissance abaissé à 0,6 volt par mètre. Notons que, depuis 1999, la norme européenne fixe une fourchette de 41 à 61 volts par mètre. Proportions exubérantes, jamais atteintes en pratique. Un récent diagnostic sur l’ensemble des antennes bayonnaises fait état d’un maximum de 3,6 volts, sur une installation. La majorité oscille entre 1 et 2. « On est même allé chez des particuliers qui nous sollicitaient », détaille l’adjointe.
Mais il y a aussi les opérateurs, tous concurrents. Ils rechignent à s’engager sur les exigences associatives. Et à Bayonne, traînent les pieds pour signer la charte rédigée récemment, au sein d’un organe de concertation spécial. « Nous avons mis en place une instance avec les acteurs, y compris les associations comme Agir pour l’environnement et Priartem. La charte est rédigée, nous l’avons soumise aux opérateurs, mais ils ne l’ont pas encore signée. »
Que prévoit-elle ? En substance que les professionnels prouvent au préalable la nécessité de toute nouvelle antenne. Qu’ils financent le contrôle d’un cabinet indépendant : mesures des ondes avant et après installation. De plus, l’instance communale de concertation émettra un avis, certes consultatif, avant toute nouvelle implantation. « Même en deçà de douze mètres. »
Sous un regard sceptique, cette « concertation » peut avoir des airs de bras de fer. Et dans le rapport de force, la jurisprudence donne clairement l’avantage aux opérateurs. Et la question se complique encore quand on sait que l’antenne est devenue un marché : un propriétaire privé peut percevoir des opérateurs jusqu’à 15 000 euros par an pour accueillir une installation…
Il reste à la collectivité la maîtrise de l’espace public. Bayonne a d’ailleurs décidé qu’il n’y aurait plus d’antenne sur ses châteaux d’eau.
p.penin@sudouest.com
Source : http://www.sudouest.com/pays-basque/actualite/bayonne/article/841421/mil/5614806.html