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ENVIRO2B Publié par Rédaction le 21/02/13 dans la catégorie Fil Info.
Dans une interview exclusive à paraître dans le magazine Rebelle-Santé du 23 février, Paul Deheuvels, membre de l’Académie des sciences et Directeur du Laboratoire de Statistique Théorique et Appliquée de l’Université de Paris VI, confirme la validité scientifique de l’étude sur les OGM dirigée par Gilles-Eric Séralini et dénonce les fonctionnements internes de l’Académie des Sciences.
Publié le 18.02.2013, 16h14 | Mise à jour : 17h18
Deux ex-responsables de l’Agence du médicament, Jean-Michel Alexandre et Eric Abadie, ont été mis en examen entre le 12 et le 14 février dans le volet tromperie et conflit d’intérêt de l’enquête sur le Mediator. Parallèlement, un responsable des laboratoires Servier, fabricant du Mediator, et une ancienne salariée du groupe ont également été mis en examen.
l’information a été révélée par France Info.
Le professeur Alexandre a été mis en examen pour «participation illégale d’un fonctionnaire dans une entreprise précédemment contrôlée». Il a été président de la commission d’autorisation de mise sur le marché (AMM) à l’Agence du médicament (Afssaps à l’époque) de 1985 à 1993, puis directeur de l’évaluation des médicaments de 1993 à 2000 et président du comité des médicaments de 1995 à 2000.
Selon «Le Figaro», il est ensuite devenu, sans délai, consultant pour l’industrie pharmaceutique et a touché 1,2 million d’euros de Servier entre 2001 et 2009.
Le Dr Abadie, qui a longtemps été conseiller scientifique auprès du directeur général de l’Afssaps (Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé), devenue ANSM début 2012, a de son côté été mis en examen pour prise illégale d’intérêt. Son épouse a été mise en examen pour recel.
L’ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé) a confirmé lundi son intention de se constituer partie civile contre ses deux ex-responsables.
Dans un entretien au «Figaro» publié lundi, les deux avocats de l’Agence, Nathalie Schmelck et Pierre-Olivier, ont expliqué que l’ANSM était «fondée à se constituer partie civile contre ces personnes physiques». «En effet, si les charges s’avéraient confirmées, elles auraient commis des fautes détachables qui obligeraient l’ANSM à les poursuivre, car lesdites personnes physiques auraient agi contre l’intérêt de l’Agence qui, elle-même, défend l’intérêt général de santé publique», expliquent-ils.
Un cadre et une ancienne de Servier également mis en examen
Parallèlement, un responsable des laboratoires Servier, Christian Bazantay, a été mis en examen pour «complicité du délit de participation illégale d’un fonctionnaire à une entreprise précédemment contrôlée», a indiqué une source judiciaire.
Une ancienne salariée de Servier a également été mise en examen pour «complicité et recel d’un délit de participation illégale d’un fonctionnaire à une entreprise précédemment contrôlée», selon la même source.
Marlène May Garnier avait, selon «le Figaro», créé une société baptisée Cris, qui était partiellement financée par Servier et qui a en particulier fait travailler le Pr Alexandre. Pour sa part, Christian Bazantay est secrétaire général du groupe pharmaceutique et a signé le contrat liant Cris à Servier, selon le quotidien.
LeParisien.fr avec l’AFP
http://www.electrosensible.org/b2/index.php
Par Le collectif le Jan 25, 2013 | Dans Accueil | 1 réaction »
OGM, téléphonie mobile, amiante, gaz de schiste, diesel, radioactivité… les Académies ont pris la mauvaise habitude, année après année, de s’ériger en porte-drapeau du conservatisme écologique et sanitaire.
Après avoir incriminé les éoliennes pour leur nuisance sonore supposée (ce que conteste l’Agence française de sécurité sanitaire environnementale), après avoir mise en cause l’étude scientifique du Pr Gilles-Eric Serralini sur les OGM sans pour autant se donner les moyens de justifier les critiques émises, après avoir minimisé l’impact sanitaire de l’amiante dans les années 90, après avoir nié l’impact des faibles doses de radiations sur l’émergence de cancers, l’Académie de médecine se veut rassurante sur les effets des ondes de la téléphonie mobile sur la santé humaine tout en invitant les parlementaires à ne pas adopter une proposition de loi visant notamment à mieux encadrer l’implantation des antennes relais.
L’anecdote veut que l’Académie de médecine, dans sa grande sagesse, se soit trompée de proposition de loi en ciblant, dans un premier temps, la proposition de loi de Jean-David Ciot au lieu de celle de Laurence Abeille qui sera effectivement débattue à l’Assemblée nationale le 31 janvier 2012 ! L’Académie de médecine fonde son argumentation sur le fait que l’Organisation mondiale de la santé aurait classé les seules ondes du portable dans la catégorie « cancérigène possible » et pas les ondes des antennes relais. Aussi incroyable que cela puisse paraître, cet argument est faux. La crédibilité scientifique semble assez éloignée du but recherché par l’Académie de médecine !
Il est peu de dire qu’un avis rassurant de l’Académie de médecine résonne désormais comme la reconnaissance implicite d’un risque. Que l’un des académiciens ait été, par le passé, membre du conseil scientifique de Bouygues Telecom ne fait que corroborer cette thèse. Avec une étonnante facilité, l’Académie de médecine n’a qu’à éditer un simple communiqué de presse pour qu’il soit publié sans distance. Au regard du passif entourant les thèses défendues par cette Académie, la prudence et la vérification des informations devraient être systématiquement de mise.
Alors que la réglementation relative aux conflits d’intérêt liant les experts à l’industrie expertisée ne cesse de se durcir, il serait grand temps que l’Académie de médecine, dont le budget est issu d’une contribution du ministère de l’éducation et dont la vocation est de conseiller le gouvernement, fasse l’effort de rompre certains liens incestueux avec l’industrie. Il en va de sa légitimité et de sa crédibilité de cette « institution ».
Source : Notre partenaire Agir pour l’environnement
http://www.agirpourlenvironnement.org/blog/academie-de-medecine-une-credibilite-digne-de-la-star-academy-3543
Le communiqué de l’Académie de médecine difficile à trouver!
Dans le même temps l’académie Américaine de pédiatrie lance une nouvelle alerte qui ne va pas du-tout dans le même sens que l’Académie de médecine Française.
LES BLOGS
Des grains de maïs MON810, génétiquement modifiés, produits par Monsanto, lors d’une manifestation anti-OGM à Trèbes, près de Carcassonne, le 23 janvier 2012 (ERIC CABANIS/AFP)
Pour enterrer définitivement l’étude controversée du professeur Gilles-Eric Séralini tendant à démontrer la nocivité potentielle d’un maïs OGM et de l’herbicide Roundup,ses détracteurs ont trouvé un moyen simple : obtenir de la très sérieuse revue Food and Chemical Toxicology (FCT) qui l’a publiée, qu’elle se rétracte et « retire » l’étude de la liste de ses publications.
C’est à quoi s’emploient de nombreux experts, dans une bataille qui ressemble à une opération savemment orchestrée. Une véritable guerre de relations publiques où tous les coups sont permis.
La revue scientifique a publié en ligne une vingtaine de lettres de détracteurs ainsi qu’une « réponse aux critiques » rédigée par l’équipe Séralini. Débat scientifique légitime, me diriez-vous ? Pourtant, derrière la cohorte des titres universitaires affichés, se dessine une « biotech-sphère » où s’entremêlent chercheurs en biotechnologie, spécialistes en politique de régulation et représentants de l’industrie.
La tactique de ces partisans de la biotechnologie ? Dénoncer la « mauvaise science » (« junk science ») de ces « chercheurs-militants » systématiquement présentés comme des « activistes liés à la cause écologiste » et « animés d’intérêts personnels ».
L’une des premières lettres publiées est collective. Elle est signée par 26 personnes, pour la plupart des scientifiques, dont le détracteur national de Séralini : Marc Fellous de l’Association française pour les biotechnologie végétale (AFBV).
Nous publions ce lundi deux articles extrêmement contradictoires mais qui nous semblent intéressants l’un et l’autre, deux pièces à apporter au dossier OGM
Notre blogueur Benjamin Sourice, journaliste mais aussi militant anti-OGM (il a fondé le collectif « Combat Monsanto ») a enquêté sur les liens entre les détracteurs de l’étude de Gilles-Eric Séralini sur la supposée nocivité des OGM. Il en ressort que nombre d’entre eux sont liés à l’industrie agroalimentaire, voire à Monsanto.
Jérôme Quirant, pour sa part, membre du comité éditorial de « Science et pseudo-science », récapituleavec une grande clarté toutes les critiques – qu’il partage – contre l’étude de Séralini.
P. Riché
L’AFBV est également derrière lecommuniqué vengeur des Académies [PDF] dénonçantl’« orchestration de la réputation d’un scientifique […] pour répandre des peurs » ou insistant sur le profil « militant » deGilles-Eric Séralini.
Après enquête, nombre des co-signataires, aux côtés de Marc Fellous, sont liés au groupe pro-OGM Agricultural biotechnology world (AgBioWorld) animé par le généticien C.S Prakash, lui-même signataire de la lettre collective.
Prakash et son organisation sont également les auteurs de deux pétitions [la première recueille 57 signatures ; la seconde 731] pour réclamer « la diffusion des données brutes » de Gille-Eric Séralini. Etonnamment, les premières signatures de chaque pétition correspondent aux mandataires de lettres envoyées à la revue FCT. Par ailleurs, de nombreux signataires anonymes profitent de ces pétitions en ligne pour écorner la réputation du Pr. Séralini
En 2002, le quotidien britannique The Guardian révélaitqu’AgBioWorld avait joué un rôle majeur dans une « campagne virale » de diffamation contre le lanceur d’alerte Ignacio Chapelaaprès qu’il eut découvert la pollution génétique du maïs mexicain par des OGM.
L’enquête indique que le site de l’association était hébergé par le cabinet de communication Bivings, mandaté par Monsanto et dirigé par un certain Jay Byrne.
Celui-ci utilisait de fausses identités (« Mary Murphy et Andura Smetacek ») pour parler au nom « de la communauté scientifique » et insister sur les liens de Chapela avec les écologistes, assimilés à des « terroristes » et des « vandales ».
La société Bivings a été dissoute en décembre 2011 suite à une cyber-attaque des Anonymous dans la cadre de l’opération « End Monsanto ». Mais Byrne a depuis repris ses quartiers à Saint Louis (Illinois, USA), où siège Monsanto, avec sa nouvelle société V-fluence.
C’est le même type de stratégie de diffamation que suit Henry Miller, signataire du courrier collectif à FCT, référent « régulation sanitaire » d’AgBioWorld et membre du think-tank néoconservateur Hoover Institution.
Dans une série d’articles publiée par Forbes, il qualifie l’étude Séralini de « frauduleuse » et dénonce les « profiteurs de peur » issus d’une« industrie de la protestation financée par les intérêts du bio ».
Or, cette tribune au vitriol est cosignée… par Jay Byrne. Le magazinea dû révéler a-posteriori son CV de responsable de la communication virale pour Monsanto (1997-2001).
Le CV de Henry Miller est tout aussi intéressant puisqu’il s’agit du « père fondateur » (1989-1994) de la réglementation des OGM au sein de l’Agence fédérale américaine des produits alimentaires et médicamenteux (Food and drug administration). Il est l’architecte, avec l’ancien avocat de Monsanto Michael Taylor, du fameux« principe d’équivalence en substance », la pierre angulaire de la réglementation des OGM dans le monde entier.
Autre tactique saisissante parmi les détracteurs de Séralini : dissimuler leur lien avec l’industrie en se présentant systématiquement comme des scientifiques rattachés à des universités ou des centres de recherche.
Il en va ainsi pour Anthony Trewavas et Bruce Chassy, référents « biologie » et « OGM » d’AgBioWorld. Tous deux auteurs de courriers réclamant la rétractation de Food and Chemical Toxicilogy.
Se présentant comme professeur émérite en sécurité alimentaire à l’université de l’Illinois, Chassy est un lobbyiste ayant participé à la rédaction de travaux pour Dow Chemicals, autre géant des biotech, afin de simplifier, voir supprimer, les réglementations sanitaires sur les OGM. Il est également le directeur de publication, avec un salarié de Monsanto, de deux rapports d’orientation [2004, PDF ; 2008, PDF] sur la réglementation des OGM pour l’International life science institute (ILSI), le principal lobby sur les questions de réglementation sanitaire touchant à l’agroalimentaire.
A noter que deux dirigeants du panel OGM de l’Agence européenne de sécurité alimentaire (EFSA), Harry Kuiper, qui l’a dirigé pendant près de dix ans (2003-2012) et Gijs Kleter, son actuel vice-président, ont travaillé sur ces documents stratégiques de l’ILSI sous la direction de Chassy.
Par ailleurs, si trois auteurs de lettres spécifient ouvertement leur lien contractuel avec Monsanto, le Dr. Andrew Cockburn se présente modestement comme « toxicologiste à l’université de Newcastle ». Pourtant, jusqu’en 2003, M. Cockburn était Directeur Scientifique pour Monsanto Europe/Afrique avant de monter sa société de lobbying Toxico-Logical Consulting Ltd…
Et puisque ce monde est petit, le Dr. Cockburn est également directeur du Groupe d’Experts de l’ILSI sur l’évaluation des aliments contenant des nano-matériaux…
La litanie des conflits d’intérêts et autres positionnements pro-biotech de la cinquantaine de détracteurs publics de l’étude Séralini pourrait se poursuivre sur des pages. On croise des représentants de syndicats indiens de promotion des biotechnologie, d’autres souhaitant stopper la faim dans le monde avec une ration d’OGM, ou encore des spécialistes de la communication pro-OGM (David Tribe) et autreslobbyistes travaillant entre São Paulo (Lucia de Souza), Washington et Bruxelles, le triangle d’or des OGM…
Un monde clos qui réagit de façon épidermique à l’étude Séralini, celle-ci menaçant la stratégie commerciale bien huilée d’une industrie des semences OGM engrangeant 13 milliards de dollars en 2011. Face au poids de ce lobby, déterminé à enterrer toute voix discordante, la revue Food and Chemicals Toxicology pourra-t-elle résister ?
L’EXPRESS Justine Sagot, publié le 09/11/2012 à 19:12
Deux rapports sur les antennes relais ont conclu à l’absence de risque sanitaire avéré. Mais selon le Dr Annie Sasco, il pourrait être biaisé par des conflits d’intérêts.
Selon le Docteur Annie Sasco, directrice de recherche à l’Institut national de la santé et de la recherche médicale, les discordances scientifiques au sujet de la dangerosité des antenness’expliqueraient en partie par les conflits d’intérêts auxquels certains spécialistes seraient confrontés. L’un des cas parfois évoqués à ce propos est celui de Bernard Veyret. Tout en étant membre du conseil scientifique de Bouygues Télécoms depuis 2001, ce scientifique de renom a été président de l’étude « Téléphonie mobile et santé », menée par l’Agence française de sécurité sanitaire et environnement en avril 2003, puis expert au sein d’une étude confiée à la même agence et publiée en 2005. Ces deux rapports majeurs ont conclu à l’absence de risque sanitaire avéré.
Sollicité par L’Express, Bernard Veyret se défend de tout manque d’impartialité: » Si l’Afsse m’a nommé en tant qu’expert pour mener certaines études, c’est qu’elle a estimé que je ne présentais aucun conflit d’intérêts. Je suis membre du comité scientifique d’un opérateur, c’est une situation courante pour de nombreux scientifiques, il faut bien que les opérateurs aient un avis scientifique direct sur les effets sanitaires de leurs produits, et cela constitue le meilleur moyen d’être au fait de l’évolution de l’industrie ».
Le cas de Bernard Veyret n’est pas isolé. Le 22 mai 2011, alors qu’il s’apprêtait à présider le groupe d’experts en épidémiologie du CIRC à l’OMS, groupe chargé d’évaluer les effets des ondes électromagnétiques au regard de l’ensemble des études publiées, le professeur suédois Anders Ahlbom avait été démis de ses fonctions en raison d’un conflit d’intérêts révélé par les médias. Le professeur avait en effet fondé en 2010 la société de lobbying « Gunnar Ahlbom AB « , basée à Bruxelles et spécialisée dans le conseil auprès de l’industrie des télécommunications, notamment en matière de réglementation européenne. D’après Annie Sasco, de nombreux laboratoires et études dans ce domaine sont financés par l’industrie de la téléphonie mobile, à défaut de financements publics. « Je me bats pour une recherche totalement indépendante de l’industrie » déclare-elle, mais force est de constater qu' » en France, les chercheurs lanceurs d’alerte rencontrent des difficultés pour effectuer leurs travaux, ils sont peu protégés ».
SOURCE : http://www.lexpress.fr/actualite/sciences/sante/antennes-relais-conflits-d-interets_1185523.html
Publié le 21/10/2012 à 14h36
Les voies des académies scientifiques sont décidément bien mystérieuses. Dans un communiqué de presse [PDF] émis vendredi 19 octobre, les académies de science, médecine, pharmacie et leurs consœurs désavouent les travaux du Professeur Séralini sur le maïs GM NK603 et le Roundup.
Les académiciens annoncent :
« Les données présentées ne peuvent remettre en cause les études ayant conclu à l’innocuité sanitaire […] des plantes génétiquement modifiées. »
Ce nouvel avis d’experts n’apporte en soit pas d’éléments scientifiques nouveaux, mais porte un coup dur à la réputation du Professeur Séralini.
« Nos critiques portent sur la méthodologie et la déontologie », préciseJean-François Bach, secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences, indiquant également :
« Nous avons fait le choix de ne pas considérer dans l’immédiat la toxicité rénale et hépatique, mais de nous intéresser aux tumeurs qui sont au centre de l’intérêt médiatique apporté à cette étude. »
Alors que l’expertise des académies n’a pas été demandée par l’Etat, Jean-François Bach raconte que la réflexion du groupe est partie de « discussions informelles » à la suite du « coup médiatique ».
Mais c’est après « avoir été sollicités par des académies étrangères dont les pays ont été impactés par la publication de l’étude » que les membres ont décidé de monter un groupe ad hoc à la composition tenue secrète pour rendre cet avis ponctuel.
Un manque de transparence que confirme au Nouvel ObservateurPaul Deheuvels, membre de l’Académie des sciences et statisticien ayant pris fait et cause pour le professeur Séralini :
« Un groupe d’experts a été convoqué en urgence, on ne sait par qui, on ne sait comment. Ces personnes ne peuvent prétendre à elles seules incarner l’avis du monde scientifique français. »
Jean-François Bach conteste cette version des faits, « chaque académie a mandaté des délégués » et le panel réuni sur la base des « compétences et de la multidisciplinarité », ce qui « inclut bien entendu des experts en biotechnologie ». Mais impossible d’obtenir la moindre référence…
Les experts en biologie végétale ne sont pourtant pas si nombreux au sein de ces académies, pourquoi ne pas vouloir révéler leurs noms ? De potentiels conflits d’intérêts à masquer ? Jean-François Bach répond :
« Il est très difficile de garantir une absence totale de conflits d’intérêts, je ne connais pas le CV de chaque personne. D’ailleurs, un spécialiste qui n’aurait jamais eu de lien avec l’industrie au long de sa carrière, ce serait inquiétant. Il ne faudrait pas éliminer des compétences pour ce motif. »
Ces messieurs de l’Académie auraient pu faire preuve d’un peu plus de courage aux vues des entailles portées à la réputation de Gilles-Eric Séralini, accusé d’« orchestrer sa notoriété » pour « répandre des peurs » auprès du « grand public »…
Des attaques non sans rappeler celles qui valurent à Marc Fellous et l’Association française de biotechnologie végétale une condamnation pour diffamation à l’encontre de Gilles-Eric Séralini en 2011. D’ailleurs, à cet égard, le comité de parrainage de cette association de promotion des OGM est très largement composé de membres des académies signataires.
La violence des propos tenus contre Gilles-Eric Séralini rappelle à quel point il est nécessaire de contextualiser les travaux de ces académies aux positions souvent conservatrices et parfois hors de toute considération scientifique.
Ces instances sont de véritables arcanes où se mêlent sciences et politiques, et où les effets de groupes sont indissociables du mode d’élection par cooptation entre « pairs », ce qui entraîne bien des intrigues parmi ces chevaliers pas toujours si verts.
Des jeux d’influence qui peuvent mener au déni des évidences scientifiques les plus flagrantes. Dans un rapport de septembre 1994, l’Académie des sciences minimisait les risques des dioxines et indiquait qu’il serait « très souhaitable que soit évitée une réglementation excessivement contraignante » en la matière.
Trois ans plus tard, la dioxine est classée « cancérogènes pour l’homme » par l’Organisation mondiale de la santé.
En avril 1996, l’académie de médecine n’avait pas brillé non plus par sa clairvoyance sur la toxicité de l’amiante, allant même jusqu’à nier publiquement les risques sur la population de cette fibre hautement cancérigène.
Interrogé sur le sujet, Jean-François Bach reste lapidaire :
« Honnêtement, je pense que personne n’est à l’abri de se tromper. Il y a effectivement eu une sous-estimation des risques. »
On dit les académiciens « immortels », espérons que cette grâce touche un jour les pauvres cobayes que nous sommes…
LE MONDE SCIENCE ET TECHNO | 25.05.2012 à 19h13 • Mis à jour le 25.05.2012 à 19h13
Par Stéphane Foucart et David Leloup
Le 19 juin 1989, Keith Teel, avocat au cabinet Covington & Burling, écrit un mémo confidentiel à plusieurs hauts cadres de Philip Morris. « Depuis un certain temps, écrit-il, nous travaillons à recruter des scientifiques français qui pourraient nousaider sur le problème de l’ETS environmental tobacco smoke, littéralement « fumée ambiante du tabac« . La semaine dernière, en France, chez John Faccini, les membres de notre groupe britannique ont rencontré quatre scientifiques français qui, espérons-le, formeront [en France] le noyau dur d’un groupe de sept à neuf consultants sur la question de la qualité de l’air intérieur et de l’ETS. » La rencontre qu’il y détaille a lieu chez un consultant d’origine britannique installé en France, ancien du groupe Pfizer devenu directeur de l’Institut français de toxicologie, une société privée installée à Lyon. Elle donne le coup d’envoi de la participation occulte d’un petit groupe de chercheurs français à une vaste campagne de propagande scientifique pour dédouaner le tabagisme passif de ses méfaits. Une plongée dans les documents internes que les cigarettiers américains ont depuis été contraints, par décision de justice, de rendre publics, offre un aperçu fascinant et inédit des « French connections » de cette conjuration.
Mais pour comprendre le « problème de l’ETS » qu’évoque l’avocat dans son mémo, il faut d’abord revenir en 1981. Cette année-là, le 17 janvier, le British Medical Journal publie les résultats d’une grande enquête épidémiologique montrant, sans ambiguïté, le lien entre tabagisme passif et cancer du poumon. L’étude menée par Takeshi Hirayama (Institut national de recherche sur le cancer, Tokyo) est solide. Plus de 91 000 femmes, non fumeuses et âgées de plus de 40 ans, recrutées sur l’ensemble du territoire nippon ont été suivies pendant près de quinze années : celles qui partagent la vie d’un fumeur montrent un risque de cancer pulmonaire accru, proportionnel à la quantité de cigarettes quotidiennement consommées par leur compagnon… Dans les années suivantes, une abondante littérature confirmera et renforcera ce constat.
Pour les cigarettiers, le risque se concrétise vite. Dès le milieu des années 1980, une trentaine d’Etats américains considèrent que les preuves scientifiques apportées suffisent à bannir la cigarette des lieux publics. D’où une baisse de laconsommation. La réaction ne se fait pas attendre. Pour éviter la contagion, les industriels mettent sur pied un réseau mondial de ceux qu’ils nomment dans leurs documents internes les « blouses blanches » : des scientifiques secrètement rémunérés par eux comme consultants. « Le but de ce programme était d’identifier, de former et de promouvoir des scientifiques, médecins ou ingénieurs qui ne seraient pas assimilés à l’industrie par le public », expliquent Joaquin Barnoya et Stanton Glantz (université de Californie à San Francisco), deux des meilleurs connaisseurs des stratégies de l’industrie cigarettière, dans une analyse publiée en 2005 dans l’European Journal of Public Health. De fait, pour n’avoir aucun contact direct avec les cigarettiers, c’est le cabinet d’avocats Covington & Burling, mandaté par Philip Morris, qui s’occupe de recruter les « blouses blanches », de lespayer, de les défrayer et de rendre compte de leurs activités.
Un mémo interne de Philip Morris, daté d’avril 1988, décrit en termes simples l’objectif du projet : « Il permettra de continuer d’utiliser l’argument selon lequel il n’y a pas de preuve scientifique convaincante que l’ETS représente un risque pour les non-fumeurs. » Une autre note interne, datée de février de la même année, explique qu’il devra « disperser les suspicions de risques » – en mettant systématiquement en avant d’autres polluants de l’air intérieur.
Qui sont les « quatre scientifiques français » mentionnés par Covington & Burling dans le mémo de juin 1989 ?
Le message de l’avocat ne précise pas le nom de ces « consultants » français. Quelques mois plus tard, Philip Morris fait organiser à Montréal (Canada) un »symposium international sur l’ETS ». La conférence semble d’abord un événement scientifique « normal » : elle se tient dans les murs d’une prestigieuse institution – l’université McGill – et est financée par une organisation au nom rassurant – l’Institute for International Health and Development (IIHD). La « conférence de McGill » est aujourd’hui citée comme un modèle de manipulation de la science et d' »industrie du doute ».
Car non seulement l’IIHD était une organisation-écran de l’industrie du tabac, non seulement les portes de l’université McGill avaient été ouvertes par le toxicologueDonald Ecobichon, un professeur de l’institution financée par les cigarettiers, mais la totalité des quelque 80 participants étaient invités, et payés ou défrayés, par Covington & Burling. Les « tobacco documents » mentionnent parmi eux quatre Français : André Fave, présenté comme un vétérinaire sans affiliation académique, Roland Fritsch et Guy Crépat, professeurs de biologie à l’université de Bourgogne, et Alain Viala, professeur à la faculté de pharmacie de Marseille…
Comment évaluer leur rôle ? D’abord, leur seule présence sur la liste des participants contribue à donner un caractère international à l’événement, gage de crédibilité. Dans un rapport d’activité adressé à ses commanditaires, Covington & Burling se félicite ainsi que « quelque 30 scientifiques européens de sept pays différents » aient participé à l’événement. Ensuite, il s’agissait pour les quatre Français de se « former » à la rhétorique de l’industrie. De fait, dans le mémo de juin 1989, Covington & Burling déplore que les scientifiques français approchés, bien que désireux de s’investir, soient désarmés sur le terrain du tabagisme passif. Dès lors, écrivent les avocats de Covington & Burling, « nous avons pensé qu’il serait utile qu’ils échangent avec plusieurs de nos scientifiques britanniques plus avertis ». Lesquels sont présents en masse à Montréal.
Quant à l’utilité de la conférence, elle ne fait aucun doute : Covington & Burling précise que le compte rendu, édité sous forme de livre, a été distribué en Europe à »des journalistes et des parlementaires ». Quelque 400 copies ont été ainsi écoulées. Or les conclusions du conclave sont, bien sûr, que le tabagisme passif est « un sujet controversé », en raison « du peu de confiance dans les publications », de « l’impossibilité à conclure » du fait des « biais introduits dans les travaux sur l’ETS »… Bref, qu’il n’y a encore nulle raison d’exclure la cigarette des lieux publics. Dans les documents internes du Tobacco Institute – un think tank financé par les majors du tabac -, on trouve ainsi une lettre type exposant les conclusions de la »conférence de McGill » adressée à plusieurs dizaines de journalistes américains de la presse nationale et régionale identifiés comme « équilibrés » ou « favorables »…
Les quatre Français présents à Montréal en novembre 1989 ont continué, dans les années suivantes, à percevoir de l’argent de Covington & Burling. Et dès 1990 d’autres Français les rejoignent sur les listes de consultants dressées par le cabinet d’avocats. On y trouve Dominique Bienfait (chef du service aérolique et climatisation du Centre scientifique et technique du bâtiment), André Rico (toxicologue à l’Ecole nationale vétérinaire de Toulouse, légion d’honneur 1998), Georges Tymen (spécialiste des particules en suspension dans l’atmosphère à l’université de Brest), John Faccini (alors président de la Fédération internationale des sociétés de toxicologues-pathologistes) ou encore Jacques Descotes(aujourd’hui directeur du Centre antipoison – Centre de pharmacovigilance du CHU de Lyon)…
Seule une part des émoluments des « blouses blanches » françaises figure dans les »tobacco documents », les archives de l’industrie n’étant encore pas intégralement numérisées. Le bilan 1991 de Covington & Burling indique par exemple que les sommes offertes à chacun varient considérablement, des modiques 2 279 francs suisses (2 580 euros courants) de M. Descotes, qui n’a semble-t-il joué qu’un rôle mineur dans le dispositif, aux 46 445 francs suisses (52 584 euros courants) de M. Faccini, discrètement versés sur un compte en Suisse. La moyenne se situe sur 1991 autour d’une dizaine de milliers de francs suisses par consultant. Ces rémunérations sont toutefois très inférieures à celles des consultants britanniques dont certains sont payés jusqu’à dix fois plus.
Ces sommes ne sont pas des crédits de recherche. A quels servicescorrespondent-elles ? Souvent, les documents ne l’explicitent pas. « J’ai été contacté, au début des années 1990, par un toxicologue britannique du nom de George Leslie qui m’a proposé de faire partie d’un groupe de scientifiques intéressés par l’étude de la pollution de l’air intérieur, raconte Jacques Descotes, seul « consultant » que nous ayons réussi à joindre et à faire réagir à sa présence dans les « tobacco documents ». J’ai accepté, mais mon seul contact a toujours étéGeorge Leslie et je n’ai jamais eu de liens avec Philip Morris ou Covington & Burling. Je n’ai jamais été payé. Les 2 279 francs suisses dont il est question dans les documents sont vraisemblablement les frais liés aux coûts de mes participations à des conférences. »
Un courrier d’avril 1992, envoyé par George Leslie à Covington & Burling, indique toutefois que M. Descotes a facturé des honoraires pour sa présence à une conférence à Athènes (Grèce) en 1992, sans toutefois en préciser le montant. Pour ce même événement, André Rico et Alain Viala ont réclamé 4 000 francs français (830 euros courants) par jour, comme le montrent les factures qu’ils ont établies à l’intention de George Leslie… Toutes ces réunions scientifiques sur la qualité de l’air intérieur sont co-organisées par l’association Indoor Air International (IAI), dont George Leslie est le coordinateur. Les « tobacco documents » l’indiquent sans ambiguïté : tout est financé par l’argent du tabac et mis en musique par George Leslie, sous la supervision de ses maîtres. Ces conférences sont l’un des éléments-clés de la stratégie des cigarettiers pour relativiser les risques liés au tabagisme passif.
« Au début, j’avoue ne pas m’être trop posé la question de la provenance de tout cet argent qui servait à organiser ces conférences, toujours tenues dans des cadres agréables. Je n’ai appris qu’incidemment, par un autre membre du groupe, que l’argent provenait de Philip Morris, poursuit M. Descotes. Au départ j’ai imaginé que l’objectif était de constituer un réseau de taupes dans la communauté scientifique et médicale, des sortes d’agents dormants qui pourraient être « réveillés ». Comme je n’avais pas l’intention d’être jamais « réveillé », cela ne me posait pas de problème. Aujourd’hui encore, je ne comprends pas l’intérêt qu’ils pouvaient avoir dans l’organisation de ces conférences sur l’air intérieur puisque aucun de nous n’était spécialiste du tabac et qu’il n’était presque jamais question de tabagisme passif… »
L’explication est simple. On la trouve notamment dans un mémo de 1990 de Covington & Burling adressé à Philip Morris, présentant une conférence à venir à Lisbonne (Portugal) : « Le centre d’intérêt ne sera pas le tabac, ce sera plutôt demontrer l’insignifiance de la fumée ambiante de la cigarette, en mettant en avant les vrais problèmes de qualité de l’air », écrit Covington & Burling. Après Montréal et Lisbonne, le cabinet se félicite, dans la même note interne, de voir venir d’autres conclaves sur le sujet, organisés ou noyautés par ses « blouses blanches » : Budapest, Hanovre, Milan, Visby, Windsor, Oslo…
Et en France ? En 1995, 1998 puis 2001, Guy Crépat et Roland Frisch (université de Bourgogne) organisent au sein de leur institution de telles conférences sur l’air intérieur. Aux côtés d’Indoor Air International (IAI) apparaissent comme co-organisateurs deux associations scientifiques sans lien avec le tabac : la Société française de toxicologie (SFT) et l’Association pour la prévention de la pollution atmosphérique (APPA).
Mais l’organisation est sous influence. En 1995, près de la moitié des 18 membres du comité technique de la conférence sont des consultants payés ou confortablement défrayés par l’argent du tabac. En 1998, ils sont cinq sur six ; en 2001, ils sont quatre sur quatre.
Résultat ? Là encore, les scientifiques qui y participent parlent de tout ce qui peutpolluer l’air intérieur – « allergènes animaux », « champignons et moisissures », »émanations des moteurs Diesel « , « virus et bactéries », « radon « , etc. – sauf du tabagisme passif.
Au contraire du faux colloque de McGill, ces conférences voient la participation d’une majorité de scientifiques sans lien avec le tabac, venant simplement présenter leurs travaux. Mais en excluant ou en marginalisant le tabagisme passif, les « blouses blanches » de l’IAI – qui deviendra plus tard l’International Society of theBuilt Environment (ISBE) – parviennent à diluer, voire à faire disparaître les risques liés à la fumée de cigarette… Dans un mémo adressé à Philip Morris en 1990, Covington & Burling l’explique sans fard : « Nos consultants ont créé la seule société scientifique au monde qui traite des questions de qualité de l’air intérieur. »
D’où le rôle des cigarettiers dans la construction de l’ensemble d’un domaine de recherche et sa perception par le public, les décideurs… et les médecins eux-mêmes ! « Jusqu’en 2005, de nombreux collègues de l’Académie de médecine, tout à fait honnêtes, me demandaient si j’étais sûr que le tabagisme passif relevait bien de la santé publique et pas plutôt de la politesse », confie le professeur Gérard Dubois (CHU d’Amiens), pionnier français de la lutte contre le tabac.
La société savante en question – l’ISBE, donc – fonde même une revue scientifique, Indoor and Built Environment. Mais là encore, les dés sont pipés. Une étude dirigée par David Garne (université de Sydney, Australie) parue en 2005 dans The Lancet a montré qu’Indoor and Built Environment publiait une large part de travaux menés par des consultants du tabac aux conclusions favorables à l’industrie. La revue valorise aussi les « blouses blanches » qui ne parviennent pas àpublier dans d’autres revues scientifiques. Selon la base de données Scopus, Guy Crépat a publié cinq articles dans toute sa carrière, dont quatre dans Indoor and Built Environment. Son compère Roland Fritsch en a un total de quatre à son actif, dont trois dans la fameuse revue…
Contrôle sur le contenu de conférences, contrôle sur une revue savante : l’industrie du tabac a donc eu entre ses mains d’utiles ficelles. Mais ce n’est pas tout. En juin 1990, la panique s’empare des cigarettiers : l’Agence américaine de protection de l’environnement (EPA) vient de conclure que la fumée de cigarette est un cancérogène avéré et que 3 800 Américains meurent chaque année du tabagisme passif. Ces conclusions – provisoires – sont ouvertes aux commentaires. L’industrie active ses troupes. Comme d’autres, Guy Crépat etJohn Faccini se muent en lobbyistes internationaux et, sans déclarer leurs liens financiers avec les cigarettiers, soumettent chacun un commentaire très critique envers la méthodologie de l’EPA. Dans sa contribution, Guy Crépat critique les statistiques utilisées par l’agence américaine, bien que n’ayant lui-même jamais publié de travaux de biostatistiques… A l’appui de son argumentaire, il cite également, en annexe, une publication d’Alain Viala, autre « blouse blanche » française de l’industrie… De son côté, John Faccini adresse en guise de commentaire à l’EPA la version anglophone de l’un de ses articles, écrit à la demande des industriels.
Après le lobbying transatlantique, place à l’entrisme local. Certains consultants s’immiscent dans l’APPA – qui, elle, n’a aucun lien avec les cigarettiers. Cette association de médecins et de scientifiques est un interlocuteur-clé des pouvoirs publics sur les questions de qualité de l’air. Au début des années 1990, Alain Viala devient président de son comité régional PACA-Marseille. Choquée, l’actuelle direction de l’APPA dit n’avoir jamais été informée d’un tel conflit d’intérêts, mais précise que l’association s’est séparée de M. Viala voilà plusieurs années, à la suite de la découverte d’autres malversations qui se sont soldées devant la justice…
Son implication dans l’APPA et son titre de professeur donnent à M. Viala toute légitimité à s’exprimer dans la presse. Le Parisien le cite le 18 octobre 1991 : il y déclare que « les risques de cancer [dû au tabagisme passif] ne sont pas certains ». A l’Agence France Presse (AFP), il assure à la même époque qu’il n’y a pas de »démonstration convaincante que l’exposition à la fumée ambiante du tabac augmente les risques de cancer chez les non-fumeurs ». Le professeur de médecine Stanton Glantz, spécialiste des stratégies des majors de la cigarette, y voit « la rhétorique classique de l’industrie » et note que les termes employés par M. Viala, « fumée ambiante du tabac », sont une expression inventée par les cigarettiers.
En France, fumer dans les lieux publics a été interdit en 2007, vingt et un ans après que les autorités sanitaires fédérales américaines ont reconnu le lien entre plusieurs maladies et le tabagisme passif. Quel est le bilan de celui-ci, en France, lors de ces deux décennies? Dans un récent Bulletin épidémiologique hebdomadaire, l’épidémiologiste Catherine Hill (Institut Gustave-Roussy) estime qu’en 2002 environ 1 100 non-fumeurs en sont morts. C’est l’une des estimations les plus basses, d’autres donnent le triple. Supposons – hypothèse basse – que l’exposition hors domicile soit responsable de la moitié du bilan : entre 1986 et 2007, le doute savamment entretenu par l’industrie serait alors responsable de quelque 10 000 morts. Et sans doute bien plus.
Le 2e et dernier épisode de ce dossier sera à lire dans « Science & techno » du 2 juin.
Stéphane Foucart et David Leloup
Pour la Journée mondiale contre le tabac, jeudi 31 mai, Le Monde s’est plongé dans les « tobacco documents », à la recherche des liens entretenus par certains chercheurs français avec l’industrie américaine du tabac. Ces documents secrets ont été versés dans le domaine public à partir de 1998, après les poursuites de 46 Etats américains contre les majors de la cigarette. Quelque 13 millions de documents, soit plus de 79 millions de pages, ont, depuis, été numérisés et sont accessibles sur un site hébergé par l’université de Californie à San Francisco, grâce à des fonds de l’American Legacy Foundation – laquelle bénéficie, par décision de justice, d’une dotation des cigarettiers pour maintenir et enrichir la Legacy Tobacco Documents Library.
http ://legacy.library.ucsf.edu
POUR ALLER PLUS LOIN :
htthttp://www.europe1.fr/France/Des-experts-a-la-botte-des-cigarettiers-US-1101275/
p://www.francesoir.fr/actualite/sante/industrie-du-tabac-des-experts-francais-soudoyes-230801.html
http://www.europe1.fr/France/Des-experts-a-la-botte-des-cigarettiers-US-1101275/
http://sante.lefigaro.fr/actualite/2012/05/25/18252-experts-francais-vendus-lindustrie-tabac