Société. Une nouvelle antenne de téléphonie mobile rue des Cheminots provoque la colère des riverains qui s’estiment trahis par la mairie.
Rue des Cheminots, les riverains réunis chez la famille Lisant ne cessent de fulminer contre cette troisième antenne de téléphonie implantée dans leur quartier. Cette fois, il s’agit d’une antenne « quatrième génération » de Bouygues. Le projet lancé l’été dernier va finalement aboutir, en dépit d’une pétition et de plusieurs recours gracieux déposés à la mairie. C’est en surveillant les lieux de la future implantation, sur le terrain de l’imprimerie Polito, qu’ils ont découvert le chantier. « Une pancarte était cachée par les buissons. En voyant qu’une dalle de béton avait été coulée et qu’un camion avait acheminé les différentes pièces, on a compris », explique, agacé, Pascal Lisant. En deux jours, l’antenne de 35 m a été assemblée, elle devrait émettre d’ici quelques semaines. Les riverains en colère se sentent trahis par la mairie qui n’a pas formulé d’opposition à la réalisation du projet. « Des études scientifiques ont démontré que ces antennes entraînaient des troubles neurologiques mais la mairie, dont la responsabilité est avant tout d’assurer la sécurité des concitoyens, a accepté sans même nous consulter », tempête Jean-Paul. « Qu’est-ce qu’on fait de nos enfants ? On les sacrifie pour du gadget, recevoir la télévision sur son portable ? », renchérit Reine. Une requête a été déposée par leur avocate auprès du tribunal administratif de Toulouse pour demander l’annulation de l’arrêté municipal signé en septembre dernier. Pour les riverains comme l’association écologiste Les Yeux OuVerts, le plan local d’urbanisme (PLU) imposant un éloignement de la voie publique égal à la hauteur de l’antenne n’a pas été respecté. « L’antenne relais de 35 m de haut n’est qu’à 2 m de la voie publique », dénonce Alain Gavart, le président de l’association, qui entend soutenir les riverains, y compris financièrement. « Ce n’est pas parce que l’antenne s’implante en zone industrielle qu’elle présente moins de danger, » poursuit-il.
Surprise à la mairie
A la mairie, Anne Lebeau, directrice du service urbanisme, reste sereine : « Le projet a été validé par un contrôle de légalité, ces antennes sont considérées comme des équipements publics et à ce titre ne sont pas soumises aux règles du PLU. » La mairie assure également avoir obtenu de Bouygues toutes les garanties de sécurité, même si au service urbanisme on avoue ignorer la valeur exacte d’exposition aux ondes électromagnétiques de cette antenne, ni même son activation. Pour les riverains, le seuil maximal légal d’exposition fixé par les textes européens et français est de 3 volts par mètre. Côté opérateur, on s’appuie sur d’autres textes, autorisant des valeurs limites d’exposition allant de 41 à 61 volts par mètre selon les systèmes de téléphonie (GSM ou UMTS). Anne Lebeau comme l’élu à l’urbanisme Hubert Lopez s’avouent surpris par cette fronde des riverains : « C’est la première fois qu’il y a autant de protestation. Cette décision, nous l’avons prise car elle était limitée à une zone industrielle et qu’en possession de toutes les pièces nécessaires pour ce projet implanté sur un terrain privé, la mairie n’était pas en mesure de pouvoir s’opposer. » L’arrêté, qui n’est pas un permis de construire auquel des tiers pourraient s’opposer, ne peut être annulé, sauf par décision du tribunal administratif. « A l’avenir, nous serons bien plus vigilants », promet Hubert Lopez. Les riverains, eux, n’ont pas dit leur dernier mot et comptent riposter.
Source : http://www.ladepeche.fr/article/2010/02/24/783666-Riverains-et-elus-brouilles-a-cause-d-une-antenne.html