Créé le 01.10.10 à 16h27 — Mis à jour le 01.10.10 à 16h27
Des jouets sans bisphénol A, présentés en février 2010 aux Etats-Unis. —AFP PHOTO/Stan Honda
PLANETE – Il est déclaré sans risques pour la santé, mais reste soumis à une réglementation stricte…
Biberons avec ou sans bisphénol? Le bisphénol A, un composé chimique utilisé dans la fabrication de plastiques alimentaires refait parler de lui après l’alerte lancée sur les biberons. L’agence européenne pour la sécurité des aliments (AESA), mandatée par la Commission européenne, a déclaré ce vendredi que le bisphénol ne présentait pas de risques pour la santé, sans toutefois demander un abaissement des seuils d’exposition.
Pas de risques, mais la prudence reste de mise
A la suite de l’interdiction de fabrication et de commercialisation de biberons contenant du bisphénol A en France et au Danemark, la Commission européenne avait demandé une nouvelle évaluation scientifique. Les scientifiques de l’AESA ont conclu qu’il n’y avait pas lieu de modifier l’avis favorable rendu en 2006 et confirmé en 2008, mais pas n’ont toutefois pas souhaité une révision de la dose journalière tolérable, fixée à 0,05 mg/kg de poids corporel.
Seul un membre du groupe scientifique a recommandé que la dose journalière tolérable soit «temporaire», mais s’est déclaré «en accord» avec l’opinion générale des autres membres du groupe scientifique sur le fait qu’on ne peut pas se baser sur ces nouvelles études pour assouplir la dose journalière tolérable. «Si de nouvelles données utiles sont rendues disponibles dans le futur, le groupe scientifique reconsidèrera l’avis actuel», a précisé l’AESA.
Une décision «ubuesque»
Décision peu claire et «ubuesque» selon le Réseau environnement santé (RES), qui rassemble des ONG et des scientifiques. Pour le RES, l’EFSA est arrivée à cette conclusion en écartant 95% des études, qui mettent en évidence «une grande variété d’effets à des doses même très inférieures à la dose journalière admissible: cancer du sein et de la prostate, atteinte de la reproduction, diabète et obésité, troubles du comportement…».
Il affirme que l’EFSA fonde son jugement sur des études «menées selon un protocole obsolète mis au point dans les années 70, incapable de voir des effets comme les troubles du comportement». Le RES affirme en outre que «l’EFSA est aujourd’hui plus un lieu de lobbying qu’une agence en charge de la protection de la santé des Européens», et demande que le Parlement européen forme une «Commission d’enquête sur la déontologie de l’EFSA».
En juin, l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) avait relevé des «signaux d’alerte» dans les études sur les effets du bisphénol A sur la reproduction.
Le bisphénol A est interdit au Canada, en Australie et dans plusieurs Etats américains. Il est toujours utilisé en Europe, sauf en France et au Danemark, pour la fabrication de biberons, d’amalgames dentaires, de bombonnes d’eau rechargeable, de bouteilles en plastique ou encore d’emballages alimentaires.
—Audrey Chauvet avec AFP