Par José Vieira / Bioaddict.fr, publié le 02/02/2012 à 09:00, mis à jour le 03/02/2012 à 17:01
Les risques potentiels pour la santé et l’environnement des nanoparticules sont pointés du doigt par de nombreux chercheurs.
CNRS Photothèque / SEE, Johan
Plus de 1300 produits contenant des nanoparticules sont déjà commercialisés, sans savoir leurs risques pour la santé. Après avoir obtenu l’étiquetage sans OGM, un étiquetage « sans nanoparticules » est-il possible?
Malgré l’absence d’un véritable cadre règlementaire et juridique, lesnanotechnologies sont déjà très utilisées, à notre insu, par l’industrie. Aujourd’hui, selon le Centre d’Analyses Stratégiques qui conseille le Gouvernement, plus de 1300 produits contenant des nanoparticules sont commercialisés.
Pourtant leurs risques potentiels pour la santé et l’environnement sont pointés du doigt par de nombreux chercheurs. Leur taille microscopique leur permet en effet de pénétrer dans notre organisme par voie respiratoire, par ingestion, et par la peau, et de perturber le programme des cellules touchées. Et il est à craindre que les nanoparticules parviennent à franchir la barrière hémato-encéphalique et atteignent les cellules du cerveau.
Quelles en seraient les conséquences? Nous n’en savons rien. Peu d’études toxicologiques ont été menées car c’est un domaine nouveau et la complexité des nanoparticules rend très difficile la mise au point de protocoles d’études pertinents. Mais ce qui est quasiment certain c’est que nous ne parviendrons jamais à étudier les effets sur la santé de chacune des nanoparticules, car le travail serait énorme.
Un observatoire mondial
Ainsi, comme vient de le souligner dans un rapport le Centre d’Analyses Stratégiques, « près de 50 ans seraient nécessaires uniquement pour tester la toxicité de tous les nanomatériaux actuels ». Par ailleurs le coût des études serait exhorbitant: « les tests sur seulement 2000 substances par an, pourraient coûter 10 milliards de dollars, et nécessiteraient le sacrifice d’un nombre considérable d’animaux de laboratoire chaque année pour réaliser les essais de toxicité in vivo ».
La mise en place urgente de mesures de prévention des risques sanitaires et environnementaux des nanotechnologies, en agissant en amont et non pas en bout de chaine, apparait donc comme une nécessité. Dans ce sens le Centre d’Analyses Stratégiques préconise l’obligation de stabiliser des nanomatériaux dès leur conception, de mesurer et d’assurer la traçabilité des nanoparticules, et de maîtriser l’exposition à ces produits. Il propose également la création d’un observatoire mondial, équivalent auGIEC pour le climat, pour encadrer leur développement et analyser leurs différents impacts sanitaires. Mais ce ne sont encore que des préconisations. En attendant, de par le monde, les industriels continuent à fabriquer des nanomatériaux, et à vendre des produits qui contiennent des nanoparticules, sans obligation de le signaler…
Vers un étiquetage « sans nanoparticules »?
Après l’amiante, la dioxine, les PCB, les pesticides, les farines animales, les phtalates, l’aluminium, les parabènes, le bisphénol A et bien d’autres produits, les nanoparticules pourraient bien être à l’origine d’une nouvelle catastrophe sanitaire.
L’étiquetage « sans OGM« , tant attendu, vient d’être enfin adopté par le Gouvernement. A défaut de savoir quels sont les risques des nanotechnologies pour la santé, ne serait-il pas normal d’exiger aussi l’étiquetage « sans nanoparticules » pour que les consommateurs puissent identifier et éliminer, s’ils le souhaitent, les produits contenant des Organismes Atomiquement Modifiés?