You are currently viewing Nouvelles antennes Free à Bordeaux : les ondes de la discorde

Nouvelles antennes Free à Bordeaux : les ondes de la discorde

NOUVELOBS   Modifié le 10-11-2011 à 12h44

LE PLUS. A Bordeaux, l’opérateur Free cherche sa place face à ses concurrents de téléphonie mobile. Tous les coups sont permis, des amis du Ministère à la cage d’escalier des riverains réticents. Marie Bové, Conseillère régionale d’Aquitaine (Europe Ecologie), revient sur des procédés choquants.

> Par Marie Bové Conseillère régionale Europe

Edité par Gaëlle-Marie Zimmermann  

Juin 2011, tout allait pour le meilleur du monde au 99 rue Amédée Saint Germain, quartier de la gare Saint Jean. La mairie de Bordeaux accordait une autorisation d’implantation d’antennes relais à Free sur un coin de table. Le propriétaire des lieux, ICF (filiale SNCF) délivrait le bail à l’opérateur de téléphonie mobile. Un seul bémol, l’opposition instantanée des résidents.

Recevant une pétition, la mairie noie le poisson en soulignant son effort exemplaire de camouflage des 40 nouvelles antennes dans de fausses cheminées. Du côté du bailleur ICF, on compte ses sous. Free doit être accueilli sans aucune contestation : que chaque locataire paye son loyer et la ferme !

Mesures d’intimidation

Mais une nouvelle antenne relais, c’est la goutte de trop. Ici, on chauffe le ciel par manque d’isolation thermique, les cloisons sont en papier cigarette, l’installation électrique remonte à 1968… Déjà cernés par le vacarme des voies ferrées, les bâtiments industriels en cours de désamiantage, les travaux du périmètre Euratlantique, la prolifération d’une trentaine d’antennes dans un rayon de 300m… L’indignation est partagée ! Il y a six mois, les locataires se disaient à peine bonjour. Aujourd’hui une solidarité se construit. Vivre ensemble dans des conditions acceptables, quoi de plus légitime ?

Les premières pressions surgissent et visent évidemment l’un des leaders du collectif, Stéphane Sanchez. Il raconte : “un employé d’ICF a rencontré mon voisin et sa mère dont l’état de santé est très fragile. Sans ménagement, elle a été incitée à porter plainte contre moi pour vol d’électricité via un branchement illicite.” Peine perdue : le fils de la locataire, Jean-François Rodiguez, dénonce les faits et réclame des excuses auprès de M Bigot, représentant national des locataires de la Confédération Nationale du Logement pour ICF. Cafouillage chez ICF qui prétexte un pseudo-malentendu de voisinage.

Déstabiliser en masse

Sur le Web, il faut déstabiliser en masse. Un nouveau front est ouvert contre les détracteurs des opérateurs, avérés ou supposés : les citoyens et la presse. Sans ménager l’amateurisme, les sbires des ondes font une incursion dans le “service blog” dédié aux internautes sur le site du Nouvel Observateur.

Résultat : un copier-coller du nom du vrai blog du collectif bordelais, mais détourné de son contenu. Au-dessous, des photos de presse taguées, les commentaires mensongers se mêlent aux perles de la bêtise. Exemple : “Que fait donc cette personne qui manifeste contre l’installation d’un relais de radiotéléphonie mobile ? Vous devriez plutôt vous interroger sur la nocivité des ondes de l’armée qui traversent votre pays de part en part depuis plus de 50 ans…”

capture écran copie blog icf Obs

Capture d’écran du blog copiant le blog du collectif ICF

Beaucoup plus navrant, une lettre Jean-Marie Danjou, directeur général de l’Association française des opérateurs mobiles, avait été publiée sur le blog détourné. Dans celle-ci, il dénigrait ouvertement la diffusion d’un “Hors série” de France 3 consacrée aux “Mauvaises ondes”. Selon lui, les journalistes auraient mal fait leur travail, qualifié de “partiel et partial”. Jean-Marie Danjou rêverait-il de journalistes aux ordres des intérêts économiques des opérateurs privés ?

Une chose est certaine, Free joue la carte de la spéculation. Rafler un maximum de forfaits au père Noël et installer un maximum d’antennes pour couvrir le territoire. Un seul mot d’ordre : ne pas s’encombrer des collectivités élaborant des réseaux de téléphonie mobile en vertu du principe de précaution et des recommandations de l’Union européenne.

Petits arrangements entre amis

Heureusement, Eric Besson et Xavier de Lesquen sont là : l’un est chargé de l’économie numérique, le second est son rapporteur public après avoir dirigé le Défi Bouygues Telecom Tansiciel pour la Coupe de l’America. Dans un arrêté du Conseil d’Etat du 27 octobre dernier, les deux compères autorisent la mairie de Bordeaux à faire la politique de l’autruche : “Un Maire ne saurait réglementer par arrêté l’implantation des antennes relais sur le territoire de sa commune (…)”.

Quant à Free, plus besoin de contourner le principe de précaution. L’arrêté précise que la décision bordelaise interdisant l’implantation d’une antenne à moins de 100 mètres d’un espace public accueillant de jeunes enfants, est suspendue.

Des permis d’exploration de gaz de schiste aux permis d’implantation des antennes relais : même ministère, même méthode, même opacité, même petits arrangements entre amis. Le mépris de la santé publique reste tendance, la loi fantôme de NKM aussi.

Pour signer la pétition en ligne, cliquez ici.

source : http://leplus.nouvelobs.com/contribution/212575;nouvelles-antennes-free-a-bordeaux-les-ondes-de-la-discorde.html

Facebooktwitterlinkedinmail