Accès aux soins et risque numérique

Les Echos

LE CERCLE. L’objet sur la surface duquel nous faisons allègrement glisser notre doigt n’est plus du tout un simple téléphone amélioré. Nos cousins québécois l’ont compris depuis longtemps : ils les appellent “ordiphones” et non smartphones. La différence est subtile, mais d’importance : c’est un ordinateur qui présente la particularité de nous permettre de passer des appels téléphoniques.

Le tsunami numérique des applis de santé

Sans qu’il en ait conscience, l’ordiphone est devenu l’outil technologique le plus personnel qu’un utilisateur puisse avoir. Il regroupe déjà toute son identité numérique : contacts, courriels, photos, accès aux réseaux sociaux…

Les applications de santé sur téléphone mobile et tablettes (santé mobile ou mHealth) prolifèrent, on en compte actuellement plusieurs milliers. Elles permettent de gérer la maladie du patient ou le bien-être de tout un chacun et constituent une réponse à la carence des systèmes de santé dans le domaine de la prévention. Le marché est à l’aube d’une nouvelle ère avec d’un côté des priorités d’achats de professionnels qui se confirment en faveur des tablettes (un sur quatre prévoit d’en acheter une dans les douze prochains mois), et de l’autre, une demande en santé croissante. Il est ainsi prévu qu’en 2015 parmi les 1,4 milliard de terriens utilisant un ordiphone, 500 millions d’entre eux disposeront d’applications mobiles en santé. Cela fait de la santé la troisième industrie à avoir adopté l’iPad dans sa pratique professionnelle. 

Ces applis permettent aux patients de mieux communiquer avec leurs médecins tout en améliorant la qualité des soins et en contribuant à la réduction de leur coût. Ainsi, face à la motivation des patients et des médecins pour une utilisation de ces apps à des fins de suivi et de prévention, les États-Unis et la Grande-Bretagne ont décidé de guider les utilisateurs. La Food and Drug Administration américaine étudie actuellement les modalités d’une possible prise en charge des applis de santé par l’assurance maladie. En Grande-Bretagne, le National Health Service va jusqu’à recommander aux médecins la prescription d’applis. La France, qui compte actuellement 24 millions d’utilisateurs de smartphones, n’échappe pas à ce boom mondial des applis de santé.

Or, le Bring Your Own Device (BYOD), le Cloud et le Near Field Communication (NFC) sont tous porteurs de risques potentiels. À l’instar des ordinateurs, les ordiphones reposent sur des systèmes d’exploitation. Alors que mettre à jour son ordinateur est une idée acceptée, actualiser son téléphone n’en est pas une. Ceci est un point important, car les mises à jour permettent avant même d’ajouter de nouvelles fonctionnalités, de corriger des bugs et des vulnérabilités.

En outre, l’utilisation de cette technologie dans le domaine de la santé soulève le problème de la protection des données médicales mobiles du patient. D’un côté, le dossier médical informatisé et la télémédecine sont strictement réglementés avec des obligations en termes de confidentialité, d’intégrité et d’accessibilité. Mais qu’en est-il de ces nouveaux services qui fonctionnent parfois sur la base d’informations collectées par des capteurs que l’individu porte ou renseigne sur un portail (rythme cardiaque, poids, taux de sucre…) ? Comment garantir le droit fondamental des personnes à la protection de leur vie privée et se prémunir contre un éventuel piratage ? Qui est propriétaire des données ainsi collectées ? Qui est responsable de la sécurité de ces informations ?

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